Chapitre 2

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media : Callie Gre et Zoey Blackstorm

le 12/02/16

8h45

a l'hôpital psychiatrique des Pâquerettes


Ma psychologue se tenait en face de moi, ses cheveux blonds ternes donnaient une impression négligée pourtant elle portait l'uniforme et son attitude était le pure contraire du relâchement. Elle se tenait aussi droite que possible sur une chaise, les jambes croisées, un cahier et un stylo à la main.

Je détestais les psychologues et leurs questions, ils voulaient tout simplement entrer dans nos têtes pour connaître nos moindres pensées. Toujours curieux et vicieux d'apprendre, de comprendre et de prévenir chacune de nos réactions. Toujours voulant savoir qui se cachait au fond de nous.

Le problème avec moi était que je ne savais même pas moi-même qui j'étais. Toutes mes convictions avaient été ébranlées : je n'aurai jamais crû que Callie se suiciderait, ni qu'elle allait mal, je n'aurai jamais  pensé atterrir ici à cause d'elle.

Callie ne m'avait parlé de rien et encore maintenant personne ne connaissait la raison de son suicide. Elle n'avait rien laissé paraître pourtant je la connaissais par cœur. Enfin du moins j'en avais eu l'impression.

J'avais évidemment été à son enterrement où je n'avais fait qu'une seule chose : pleurer dans sa chambre avec Madame Gre. L'ont m'avait interrogé mais je ne savais absolument rien. Les premiers jours j'avais décidé de la rejoindre me croyant coupable. Enfin au lycée, Callie et moi formions un groupe à part, tout le monde l'adorait, tout le monde me détestait mais elle était quand même restée avec moi.

A part Tyler, Jason (avec qui elle ne parlait pratiquement jamais sauf quand la politesse l'exigeait et qu'on nous gardait...c'était mon frère et son meilleur ami donc il n'y avait pas vraiment de raisons ou d'intérêts...) et Noah qui était un peu plus vieux que nous et que je trouvais...charmant ? Mystérieux ? Drôle ? Mignon ?...et qu'elle haïssait, j'étais sa seule amie. Et si le problème venait de quelque part d'autre elle me l'aurait dit, j'en étais persuadée. J'en avais donc déduis que j'étais la source même de la destruction de sa vie.

J'avais voulu me punir et la rejoindre, je ne voulais pas vivre avec cette culpabilité. J'avais alors essayais de m'étouffer avec l'eau de mon bain, de me scarifier mais j'avais atteri à l'hôpital et on m'vait déclaré : "danger publique ainsi que danger pour elle-même". ( C'était à peine exagéré...).

J'avais longuement entendu le discours du médecin rapporté à mes parents "ce sera mieux ainsi, vous ne la châtiez pas, vous l'aidez, croyez moi, elle fait une dépression et va juste rester quelques temps, rien de très long, et quand elle reviendra elle sera la jeune fille la plus heureuse du monde, je vous le garantis", et voilà comment j'étais arrivée ici, à l'hôpital psychiatrique des Pâquerettes. Je suivais une cure depuis maintenant deux ans. Deux ans où l'on m'a drogué aux somnifères ou à d'autres plantes encore inconnues avec un nom terrifiant, j'avais subi des électrochocs qui avaient bousillés mon cerveau, on m'avait enfermé dans une salle pleine de mirroir car je ne supportais plus mon reflet...

J'avais des psychologues qui me rendaient visite deux fois par jour pendant deux heures et je devais porter des pulls dont les manches étaient cousues pour ne pas me blesser. Enfin, j'avais l'impression que mon courier était...censuré. Oui je sais vous allez me prendre pour une folle et croire que les cours d'histoire m'ont monté à la tête mais ce n'était pas le cas.  Je n'avais aucune preuve de ce que j'avançais mais seulement...depuis que je suis entrée ici je n'avais reçu aucune nouvelle, aucun courrier, aucune visite. De personne. Rien.

Apparement j'avais déclenché une bi-polarité, un trouble du comportement, une dépression stade avancé et j'avais les symptômes d'une hystérie. Rien de bien inquiétant. La doctoresse Nolan espionnait mon combat intérieur haussant prétentieusement un sourcil dessiné au crayon :

"-Comment vas-tu ?

Le bruit du tic-tac était plus que perceptible et l'ambiance était tendue.

-Puis-je écrire à mon frère ? Réponids-je ce qui n'avais absolument rien à voir avec la question posée

- Naturellement, écris ta lettre nous lui transmettrons.

Je grimaçais, agacée. C'était toujours le même discours.

-Entendu"

Sauf que cette fois-ci j'avais un plan ! Un agent d'entretien passait tous les mardis et vendredis. Elle avait une fille de mon âge qui était décédée et au fil du temps j'avais sympathisée avec elle. Je n'aurai qu'à lui apporter et elle posterai mes lettres, j'en étais sûre. Elle ne me trahirait pas.

Après deux interminables heures, Mme Nolan partit. Je pris des feuilles et un stylo, j'enlevais mon pull pour tenir le bic entre mes doigts et j'écrivis :

le 12 février 2016

hop.Psy.paquerettes

Cher Tyler,

D'abord, sache que je ne reçois aucune de tes lettres (que je sais nombreuses) et que je ne peux en envoyer aucune. Notre courrier est censuré. Il faut que tu m'écrives à l'adresse ci-jointe pour que je reçoive quelque chose.

Bon. Je suis ta soeur, Zoey et je vais...ne répondons pas à cette question. Je vais rajouter des lettres que je t'ai écrites ces dernières années. (je faisais des brouillons avant de t'écrire et quand j'ai compris que tout était censurée je les ai réécrites au propre). Lis les par ordre chronologique tu verras mon évolution. C'est peut-être bête mais je ne sais pas quoi te dire. Je pense que c'est parce que j'ai un stratagème pour déjouer leur plan et qu'il va réussir, enfin je l'espère.

Tu ne peux pas imaginer tout ce que j'ai ressenti, ce que j'ai vécu et ce que je suis devenue. J'ai l'impression de renaître, d'émerger d'un cauchemar. Mon deuil est-il terminé ? Je ne saurais l'assurerTout ce que je veux c'est sortir d'ici. S'il te plaît sauve moi. Si c'est encore possible. Je souffre chaque jour mais j'apprends à vivre avec cette douleur-ce manque. Parfois, je crois que je suis folle, que ce serait un miracle que je m'en sorte mais il y a une part de moi qui se bat contre et je sens qu'elle gagne et qu'elle grandit devenant de plus en plus importante. 

Je ne me rendais pas compte que tu comptais autant pour moi. Mais tu me manques. Même si je croyais que tu avais une case en moins je m'aperçois que tu avais finalement raison quand tu décrivais le monde, les autres et la solitude. Il a fallu que je vienne ici pour le voir, prends note du comique de cette situation. Tu es la première personne à qui je parle de tout ça et tu es la seule à qui j'en envie d'en parler, n'en parle pas aux parents, je ne veux pas les inquiéter.

                                                                                              bisous,

ta p'tite soeur Zo.

Adresse : 6 rue ************

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