PRIMEX (ANCIENNE VERSION)

Incursion Partie 25

Planète Sadanar Tertius, Zone Secondaire, ville d’Antigus, 04h54

Le ciel se remplissait lentement de fumée noire, empêchant les étoiles d’apporter leur faible lueur. Au loin, les carcasses des vaisseaux de conquête illuminaient les Solariens rescapés, encore sous le choc de l’assaut qu’ils venaient de subir. Alors que la rampe de son vaisseau s’abaissait, Midral ressentit soudainement le froid s'engouffrer dans la soute, le faisant frissonner, lui et ses subalternes militaires. La piste d'atterrissage du Q.G. du F.A.S.T. offrait une vue imprenable sur les alentours de la ville, permettant à quiconque d’observer les ravages causés durant la nuit.

- Lieutenant Birmard! Où en est la poursuite des attaquants?”

- La poursuite? Vous voulez rire? On ne sait même pas encore combien ils ont fait de victime, et les recherches accaparent tous nos hommes restants!”

- Moi qui pensait qu’avec les renforts du système nous n’aurions pas de problème de ce genre…”

- Les villes sont trop éloignées les unes des autres. Nos forces sont éparpillées. Nos systèmes de téléportations ne sont toujours pas opérationnels. Et se déplacer par les airs devient risqué, les Galaids commencent à grandement étoffer leur arsenal aérien. Vous avez eu beaucoup de chance d’arriver indemne.”

- Mais il doit bien rester encore des soldats disponibles non?”

- Ils ne voudront pas partir…”

- Vraiment? Je serais curieux de voir ça.”

- Suivez moi.”

Les blessés remplissaient les couloirs du quartier général, faisant couler abondamment le sang. Quelques médicans épuisés par leur tâche se déplaçaient d’un patient à l’autre, tentant d’aller le plus vite possible.

- Le centre d’urgence est déjà saturé?”

- Plus vite qu’on n’aurait pu l’imaginer. L’endroit n’a pas été prévu pour ce genre de situation. Pour l’instant, on compte déjà plusieurs milliers de blessés et presque autant de morts. La majorité des Riptides et des vaisseaux de la ville ont été détruits, il va falloir penser au ravitaillement. Et nous pensons que les Galaids ont pu accéder au complexe.”

- Je vois… et la Maréchale? a-t-elle été mise au courant de la situation? Ou se trouve-t-elle?”

Birmard paru gêné par la question.

- On l’a retrouvée dans son bureau, morte. Je suis désolé général.

Birmard marqua un léger temps d'arrêt, espérant ne pas avoir laissé transparaître son désarroi. Encore quelques jours auparavant, ils avaient réussi à infliger un coup sévère à l’adversaire, l’espoir avait ressurgi. Après cette nuit, il semblait avoir disparu à jamais.

- Qui vouliez-vous que je rencontre?”

- Il protège l’entrée du Q.G. Le voilà.”

Le soldat avait vécu les récents événements de près. Sa combinaison boueuse était trempée de sang, probablement pas le sien. Sa peau avait viré au bleu plus rapidement que la plupart des autres humains, lui conférant une teinte quasiment similaire à celle de la planète.

- Sergent Vorn au rapport, général.” annonça-t-il en apercevant son supérieur.

- Repos soldat. J’ai entendu dire que vous et plusieurs refusiez de partir à la recherche de nos assaillants?”

La nervosité du sergent était palpable, d’autant que plusieurs soldats, visiblement du même avis que leur sergent, observaient la scène.

- C’est vrai général.”

- Puis-je en connaître la cause?”

- Vous n’étiez pas la! Vous n’avez pas vu comment ça c’est passé…” Il désigna les autres militaires. Nous, on y était. Certains étaient dans les vaisseaux. D’autres étaient en dessous. Et il y en avait qui protégeaient la zone d’excavation. La plupart de ces derniers n’ont pas survécu. Mettez moi à l'arrêt, enfermez moi, ou exécutez. Vous n’y changerez rien. C’était… comme si des dieux les aidaient. Ou nous punissait. A vous de voir. Comme si l’Apocalypse reprenait lieu.”

- Je comprend. Continuez de garder cet endroit sergent. Rien n’arrivera à ceux qui refusent d’agir aujourd’hui, je vous le promet.”

- Merci général.”

La nervosité avait été remplacée par la surprise. A l’évidence, Vorn s’attendait à être abattu sur place. Tant que je le pourrais, je l’éviterais.

- Lieutenant, qu’en est-il dans les autres villes?

- La situation est maîtrisée, certaines villes à proximité reçoivent quelques attaques Galaids mais sans grave conséquences. Toutefois, je pense que vouloir protéger toute la planète risque de nous coûter la victoire.”

- Je sais. Et puis les dirigeants des autres planètes vont exiger le retrait de certaines de leurs troupes si la situation s’éternise. Nous ne devons pas rester vulnérable à des attaques extérieurs au système. Et les soldats du système Solaire vont nous tomber dessus un jour ou l’autre si nous ne réussissons pas à payer les taxes à temps.”

- Ne comptent-ils pas nous aider? Si nous perdons le système, ils en pâtiront également.”

- Je sais, pourtant, j’ai déjà essayé de les contacter au début  du conflit plusieurs fois. Sans succès.”

Le lieutenant soupira. Depuis le début du conflit, comme son camarade, il semblait avoir vieillit énormément. D’autant que leurs souvenirs de la révolution mécanique revenaient les hanter, après plusieurs années. S’ils avaient pu imaginer à l’époque qu’ils n’étaient qu’au début de la guerre…

- Je ne sais quoi penser de la situation général. Les pertes sont élevées. Le moral des hommes va être au plus bas les prochains jours. Les risques de désertions et de rébellions vont augmenter. Nous risquons une guerre civile. Et je ne pense pas que nos chers dirigeants n’arrangent la situation.”

Midral était l’un des rares avec Birmard, à émettre ce genre de remarques à voix haute. La plupart étaient des anciens soldats, qui avaient connu la conquête de Sadanar, puis la révolution. Leur nombre avait grandement diminué ces derniers temps. Magros et Gren en faisaient partie.

- Il faut garder espoir Birmard. Il y a encore quelques jours, nous pensions n’avoir plus aucun moyen pour les éliminer. Puis les Riptides sont arrivés.”

- Et ils ont été détruits aussi vite…”

- Et bien nous trouverons un autre moyen! Nous devons conserver espoir! Je refuse de capituler sur ce point. Nous trouverons un moyen.”