Résurgence Partie 30

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Atterrissage dans 15 secondes.”

La voix impersonnelle du vaisseau raisonna dans la soute du vaisseau de transport, entrecoupée par les tirs d’artillerie lourde. Les canons des deux camps renvoyaient leur écho titanesque des kilomètres aux alentours avec autant de force que les poings d’un géant. Le trajet du transporteur s’était jusqu’ici déroulé sans accroc.

Les quelques vaisseaux Galaids qui s’étaient trop approchés du transport avaient été pris en chasse par les escorteurs humains.

Ouverture de la soute.”

Aussitôt après, plusieurs plaques d’acier s’écartèrent de leur position originelle, laissant s’engouffrer l’air parmis les machines. Les bras mécaniques retenant les Riptides dans la soute se mirent à frapper violemment contre les plaques de protection.

Préparation au largage.”

Soudainement, les bras soulevèrent leur charge, avant de les placer au dessus du vide. D’ici, les bâtiments semblaient minuscules. Une chute non préparée de cette hauteur serait mortelle, même dans un Riptide. Si leur vaisseau était abattu, ça serait la fin, sans aucune chance de survie. Cette phase emplissait toujours l’esprit d’Edrynn d’une certaine appréhension, et d’une peur tenace.

Largage dans 3.”

Un tremblement ébranla le véhicule. Sans pour autant terroriser les pilotes, il ne les rassura pas davantage.

2.”

Les voyants de la soute s’allumèrent l’un après l’autre, afin de signifier que chaque Riptide pouvait dès à présent être débarqué.

1

Largage.”

Les machines furent happées par le ciel à l’instant ou leurs porteurs se désactivèrent. La sensation du vent frappant le corps d’acier, même atténuée par les plaques de protections, était sans pareille. Exaltée par ce sentiment, Edrynn vit le sol se rapprocher à une vitesse folle. Les bâtiments commencèrent à se préciser via la vision améliorée de sa machine. Les lignes de défense Galaid entouraient de manière concentrique un point précis, une tour d’acier majestueuse.

L’objectif de sa section de combat.

Lorsqu’ils furent à une centaine de mètres du sol, les pilotes activèrent les propulseurs dorsaux de leur machines. La force des réacteurs miniatures s’opposa à celle de la gravité. Pendant quelque secondes, le Riptide d’Edrynn flotta en l’air, les deux forces s’opposant presque parfaitement. Puis l’appel de la gravité se fit plus puissant, et les machines foncèrent vers le sol.

Malgré les compensateurs ajoutés aux robustes jambes d’acier, le choc de l’atterrissage sonna les pilotes quelques instants. Tous les Riptides atterrirent dans un très court intervalle de temps, créant ainsi un tremblement léger du terrain. Autour d’eux, pas un signe de vie, aucun être, animal ou mécanique. Seul le bruit du champ de bataille rappelait aux soldats qu’ils n’étaient pas seuls sur cette planète. Etaient-ils encore sur la même depuis qu’ils avaient quittés leur base? Tout semblait si différent ici.

Une sensation de malaise se diffusa dans les veines d’Edrynn. Ce monde n’était pas le sien, elle en avait la certitude.

- On avance.” résonna la voix de Kayl dans les communicateurs.

La vingtaine de machine s’ébranla et parti à la rencontre de leur objectif. En faisant avancer sa machine, Edrynn découvrit les corps mutilés de Galaids, abattus à l’épée visiblement. D’après le peu de temps où elle avait pu observer les corps mécaniques, elle remarqua rapidement que ceux là étaient différents de tous ceux qu’ils avaient affronté. Plus grands, mieux protégés, et plus intimidants. Même morts, ils pouvaient encore inspirer la peur aux Solariens.  Ces cadavres rammenaient les pilotes à leur condition de simples humains face à des dieux de la guerre et de la mort. comment pouvaient-ils imaginer les vaincre? comment pouvaient-ils oser le penser?

En tout cas, celui ou ceux qui avaient éliminé ces machines devaient posséder une puissance hors du commun. Peut-être même assez pour vaincre l’escadron de machines.

Lentement mais sûrement, les Riptides rentrèrent dans la tour d’acier, arme à la main. Pour la première fois de sa vie, la femme se sentait écrasée et dominée par un bâtiment. L’influence Galaid y était sûrement pour quelque chose. L’intérieur de la tour vrombissait d’énergie, celle-ci traversait les machines humaines. Au centre se trouvait un monolithe mécanique, ceint de cristaux et de minéraux luminescents. L’impression d’être observée, malgré l’absence totale d’autres êtres vivants, rendait les Solariens nerveux.

Un tir de canon reflété par la tour leur fit comprendre qu’une attaque directe ne suffirait pas pour détruire leur objectif.

Par accord tactique, Edrynn se dirigea vers la tour, tout en armant un explosif lourd. La force de la bombe devrait suffire, tout comme il avait suffit lors de la destruction du complexe Galaid. L’activation de l’appareil ne peut que quelques secondes à la pilote, sa machine répondait à la perfection à ses gestes maintes fois répétés lors de l’entraînement.

Alors que la bombe se plantait fermement dans le sol et qu’Edrynn égrenait mentalement le nombre de secondes qu’il leur faudrait pour échapper à l’onde de choc de la bombe, le bruit du chargement des canons humains força l’humaine à relever son Riptide plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu.

Ses camarades visaient tous un point précis, à l’entrée de la tour d’acier. Un Galaid, seul. Lourdement endommagé, une épée d’Azur dans une main, et le corps inanimé d’un de ses camarades d’acier dans l’autre.

Edrynn nota que le cadavre était similaire à ceux qu’elle avait déjà observé quelques instants auparavant.

Du guerrier mécanique se dégageait une sensation qui poussait les humains à vouloir fuir, le plus vite, et le plus loin possible de lui.

Sans aucun doute, le Galaid le plus impressionnant et le plus intimidant qui ait existé sur cette planète. De lui émanna une voix. Unique, puissante et inquisitrice, telle celle d’un dieu annonciateur d’un terrible fléau à venir.

- Partez, vous n’avez rien à faire ici. Seules la mort et la désolation vous attendent.”

La pilote avait déjà à une occasion entendu s’exprimer des machines, mais pas envers elle, et encore moins mentalement. son crâne sifflait violemment, comme s'il se rebellait face à l’intrusion psychique.

Que faire? Partir, auquel cas le Galaid ne manquerais pas de remarquer la bombe, et de l’allumer en tentant de la désactiver, ou combattre la machine? S’il activait la bombe alors que les humains se trouvaient dans son rayon d’action, ils mourraient. L’explosif était prévu pour se déclencher prématurément au moindre contact, afin de limiter les risques de désamorçage. Et si le Galaid comprenait cela, il prendrait en chasse les humains qui comptaient bien activer l’engin une fois en sécurité.

Mais combattre cette machine? Dans son esprit, une minuscule voix lui soufflait qu’une telle décision suffirait pour condamner à la mort tous ses camarades. Face à un seul Galaid, les Solariens pouvaient facilement faire face. Mais celui là était différent. L’affronter serait aussi utile pour les humains que de se suicider. Et plus rapide.

Combien de temps restèrent-ils tous à s’observer sans esquisser le moindre geste? Dix secondes? Une minute? Une heure? Aucun moyen de le savoir. Leur affrontement psychologique cessa quand la machine fut frappée par un tir lourd. À la seconde où son corps chutait, les Riptides s’élançaient aussi vite qu’ils le pouvaient.

À l’instant où elle le pourrait, Edrynn activerait la bombe. Nul doute que cela permettrait de porter un coup critique aux machines, peut-être même suffisant pour stopper la guerre. Et alors les sacrifices cesseront enfin.

PRIMEX (ANCIENNE VERSION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant