Moi qui voulais bien commencer cette nouvelle vie, voilà qu'elle débute mal. Je me suis déjà fait un ennemi.
~~
Je serpente entre les nombreux étudiants et leurs parents pour monter dans la locomotive, qui ne fut pas chose aisée avec l'énorme valise que je trainais derrière moi. J'entre dans le train avec appréhension. J'arrive dans un monde nouveau, entame une nouvelle vie. Je ne veux pas me laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit. Cette époque est révolue. Avec une détermination nouvelle, je plonge dans la marée de sorciers debout à discuter dans les couloirs. Je joue des coudes pour passer, me répétant en boucle que je ne dois plus me laisser faire. Plongée dans mes pensées, je ne vois pas la personne arrêtée au milieu du chemin et la heurte brusquement. Je recule de quelques pas, dégage mes yeux de mes mèches de cheveux pour apercevoir le visage du garçon qui me dépasse de deux têtes. Il se retourne. Ses cheveux noirs, assez longs passent devant ses yeux sombres et profonds. Il est beau, sans aucun doute. Une beauté farouche et un air provocant sur le visage. Il me dévisage de haut en bas et avant que je n'aie pu m'excuser, il me lance d'un air désinvolte :
-Regarde devant toi quand tu marches la citrouille.
Ses amis derrière lui éclatent de rire et mes joues rougissent. Non mais pour qui il se prend ? Je serre les poings, déterminée à ne pas me laisser faire et me redresse face à lui, bien qu'il soit beaucoup plus grand. Le regard foudroyant, je rétorque froidement :
-Et toi ne reste pas planté en plein milieu du passage si tu ne veux pas que les gens te rentrent dedans, imbécile.
Il allait répondre, les sourcils froncés quand un garçon à lunettes s'écrie depuis un compartiment :
-Eh, patmol ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Arrête un peu de draguer les quatrièmes années et vient par-là !
Les quatrièmes années ? Je rentre en cinquième année moi ! Le garçon provocateur me toise et répond :
-Mon cher Cornedrue, je ne drague que les belles filles moi, pas les trolls.
Alors là, c'en était trop. Il entame un pas pour rejoindre son ami et je tends le pied rapidement devant lui. Il ne le voit pas et s'étale de tout son long en plein milieu du couloir. Je recule rapidement pour être hors d'atteinte. Des rires accompagnent sa chute et je réponds :
-De la part du troll.
Je lui adresse mon majeur en le fusillant du regard.
-Et tu devrais passer chez le coiffeur un de ces jours, ça ne te ferait pas de mal.
Sur ces mots, je m'éloigne le plus rapidement possible avant même qu'il n'ait eu le temps de se relever. J'entends sur mon passage « C'est quoi un coiffeur ? ». Le souffle court, je me faufile entre les élèves pour m'éloigner de ce « patmol ». Qu'est-ce qu'il m'a pris ? C'est la première fois que j'agis de la sorte, ça ne me ressemble pas. Je me suis sentie pousser des ailes sur le moment mais à présent, je fais moins la fière. S'il me retrouve, je ne donne pas cher de ma peau. Je jette un coup d'œil à l'intérieur de chaque compartiment dans l'espoir d'en trouver un libre et au bout d'une dizaine de minutes, miracle, j'en découvre un. Je m'empresse d'y entrer, ferme la porte derrière moi et soupire. Mon regard passe des portes bagages à mon énorme valise. Jamais je n'arriverais à la hisser tout là-haut ! Je suis trop petite et pas assez forte... Tant pis. Je la glisse sous la banquette, m'affale et pose ma tête contre la fenêtre. Le train ne va pas tarder à démarrer, j'entends un sifflet retentir au loin quelque part sur le quai. Je soupire à nouveau, sentant la pression me quitter. Moi qui voulais bien commencer cette nouvelle vie, voilà qu'elle débute mal. Je me suis déjà fait un ennemi.
VOUS LISEZ
[En réécriture] Dans l'Ombre de la Pleine Lune - Tome 1
FanfictionOn dit que la nuit porte conseil car la nuit tous nos sens sont en éveil, notre instinct de chasseur refait surface comme une bête sauvage qui saute sur sa proie. Pour moi, la nuit a toujours été le terrain de jeu des chouettes, des hiboux, mais j'a...