défaillance | jikook

193 jours après.

Cette nuit là Jungkook n'avait presque pas dormi. Il se retournait sans cesse dans sa couette en espérant chasser l'image de Jimin de sa tête ou se mettait à écouter de la bonne musique pour faire taire ses pensées.

Rien de tout ça ne marchait.

Plus il essayait d'oublier et plus il y pensait. Le nom de Jimin tournait sans cesse dans sa tête en rythme avec la chanson qu'il écoutait. Parfois, il se retournait même dans son lit et se laissait surprendre par les larmes qui coulaient sur ses joues. Mais même ça lui faisait songer davantage à son meilleur ami. Chaque faits et gestes qu'il faisait lui rappelaient un souvenir avec lui, mais surtout qu'il lui manquait constamment.

Alors il passa la journée à aider sa mère, espérant oublier le stress de le voir chez lui le soir même.

-Pas trop angoissé? fit sa mère avec un léger rire pendant qu'elle préparait le dessert.

-Omma... soupira-t-il seulement.

Et c'était les seules choses qu'ils se sont dites, parce que, oui, Jungkook était angoissé. Alors quand il vit Jimin arriver le soir même accompagné de ses parents et portant sa petite sœur dans ses bras, il aurait cru défaillir. Les joues de son meilleur ami étaient rosies par le froid et ses cheveux lui retombaient sur le front de façon déstructuré pendant que Chaerin, sa petite sœur, cachait son visage dans le cou de son frère.

Il aurait voulu le prendre dans ses bras et agir comme la petite fille si tout ça n'était pas arrivé.

Maintenant il était angoissé à l'idée de passer une soirée avec lui.

Alors quand ils se retrouvèrent tous autour du repas que sa mère avait soigneusement préparé, Jungkook se sentit mal. Aucun des deux garçons n'osait parler ou même se jeter un regard parce que c'était douloureux. C'était douloureux d'essayer d'oublier une personne que l'on voyait tous les jours.

-Jimin donne encore des cours de danse aux enfants? demanda poliment le père de Jungkook vers la fin du repas, même si il connaissait évidemment la réponse puisque son fils n'arrêtait pas de parler de son talent avant tout ça.

-Bien sûr, Chaerin danse avec lui maintenant!

À ces mots, la petite fille dissimula son visage sous ses mains ce qui fit rire son frère et frissonner Jungkook. Ça faisait des mois qu'il ne l'avait pas entendu rire comme ça. Et il n'avait jamais sonné aussi parfait qu'à cette instant.

-Pourquoi Jungkook ne l'accompagnerait-il pas aux cours quelque fois? Il aime beaucoup danser lui aussi, fit la mère de famille, et même si il savait qu'elle faisait ça pour essayer d'arranger les choses et lui faire plaisir, Jungkook aurait voulu se dissimuler au fond d'un trou ou dans le cou de son meilleur ami comme le faisait Chaerin.

Le brun haussa seulement les épaules sans jeter un regard à Jimin qui essayait de capter le sien, et la conversation dériva bien vite sur les cours et les mauvaises notes des deux garçons.

-Tu devrais montrer ta chambre à Jimin pendant qu'on parle un peu entre adultes.

-Omma... répondit-il encore une fois en soupirant et sa mère lui jeta un regard qui le fit se lever d'un bond.

-Appa, je peux y aller moi aussi? fit la petite Chaerin à son paternel pendant que Jimin la prenait sur son dos en voyant son père hocher la tête.

Alors Jungkook guida son ami jusqu'à sa chambre, même si il connaissait déjà la maison par cœur et depuis des années. Ils ne s'adressèrent pas un mot, seulement des regards remplis d'hésitation et de frustration. Le reste de la soirée s'appraîtait à être passé dans cette même ambiance gênante mais Chaerin en décida autrement en sautant sur le lit deux places avec l'idée de coiffer Jungkook en tête. Les deux garçons se mirent à rire ensemble -chose qu'ils n'avaient pas fait depuis longtemps- et le brun s'installa sur le lit avec la petite fille pendant que Jimin observait les murs de la chambre.

-Tu as gardé les photos de nous? furent les premiers mots que Jimin lui adressa en regardant les dizaines d'images collées au dessus du bureau.

-Ouais, répondit simplement Jungkook en faisant la grimace parce que Chaerin lui tirait les cheveux en arrière.

-Ça te manque pas tout ça?

-De quoi?

-Moi. Je te manque pas?

-Pas trop, et toi?

-Ça dépend des moments.

Pourtant la vérité c'était qu'ils se manquaient constamment.