Chapitre 2 - Ma vie est une pizza. Plate.

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Le 2 septembre de cette année.

J'ai commencé ton écriture hier, bon anniversaire.

En retard, bien sûr.

On est en septembre aujourd'hui, parce que j'ai décidé que c'était un jour de merde. Et septembre est pour moi le pire mois de l'année, sûrement parce que c'était la rentrée, quand j'étais gosse. Enfin, c'est du passé. Hier soir, quand j'ai écrit ta dernière ligne et que j'ai rebouché mon stylo, j'ai même pas cherché à savoir qu'elle heure il était. Faute d'horloge et de notion du temps, je suis allé prendre une douche brûlante et j'ai médité une bonne heure sur mon geste, l'eau chaude me dégoulinant sur la face et le savon me pénétrant les membres, des pieds à la tête.

J'avais besoin d'un bon décrassage après ma semaine de misanthropie volontaire. Quand je me suis regardé dans la glace, j'avais la trogne d'un zombie et encore, un zombie à l'agonie. D'épaisses cernes violettes avaient pris place sous mes yeux, à l'endroit où la peau est si fine qu'on peut y voir les veines, et un début de barbe rousse tapissait mes joues. Ça craint. Jamais je ne m'étais laissé aller comme ça. Ma tignasse de feu avait l'air aussi indomptable qu'une bougie allumée et, quand j'ai posé la main dessus, une poignée de cheveux m'est restée dans les doigts. La fatigue. Ou la flemme de les brosser. Aucune idée. Dans tous les cas, il était hors de question que je les laisse comme ça.

Je les ai donc lavés, séchés, arrangés, et puis je les ai laissés tranquilles. Après tout, ils avaient toujours été une entité propre et ne m'avaient jusque-là pas accordé la grâce de s'ordonner de façon normale, alors j'allais pas les forcer. Ensuite j'ai fait tout ce qu'il fallait pour être propre, comme me brosser les dents et me couper les ongles des pieds, et je suis allé me coucher.

Forcément, après ma dure journée passée à larver dans un fauteuil, je me suis endormi comme une masse, sans même penser au fait que t'étais encore ouvert sur ma table de chevet. Et ce matin, en me levant, je t'ai vu. J'y ai pas cru. Mais si, je t'avais bien écris dedans. Minute. C'est laid comme phrase. Je me suis rendu compte que j'avais réellement pensé à écrire DANS un journal intime et surtout, que je l'avais fait. J'ai relu mes mots deux fois, pour m'assurer que j'étais pas sujet aux vertiges dû au manque de nourriture et puis, je me suis levé, abasourdi par mes propres actes. C'était comme si j'avais tout oublié de ma journée précédente. Le reportage, la télé, même ma douche.

De toute manière, tout devient flou, ces derniers temps. La mémoire me joue des tours et parfois, je vois des trucs. Bah. J'ai cligné des yeux, histoire de faire la mise au point du matin, j'ai jeté un dernier coup d'œil suspect au journal et je me suis mis sur pieds. J'ai enfilé un t-shirt, un jean encore potable qui traînait et j'ai quasiment couru jusqu'à la salle à manger. Là, j'ai dû dévorer les restes laissés la veille dans le frigo, parce-que quand je suis allé me chercher un truc à grignoter à midi et bien, y'avait plus rien.

Une colère sourde m'a serré les entrailles. J'ai pesté, j'ai hurlé, j'ai même failli bousiller mon micro-ondes en tapant dessus. Comme un môme. En fait, je ne sais pas ce qui s'est passé. Je crois que j'étais en colère contre moi-même, pas contre l'électro-ménager. Je m'en voulais d'être aussi mou, aussi fataliste et impuissant. C'est vraiment pas mon genre. Je m'en voulais de rien faire pour arranger ma situation, de vivre sur le dos des autres en touchant confortablement les allocations chômage dans mon canapé. De m'éteindre comme une stupide bougie fondue dans sa propre cire.

Je m'en suis voulu. J'ai rien fait. Abattu, j'ai commandé une pizza au chorizo et en la mangeant, j'ai chialé.

Pas pleuré, non. Chialé.

J'ai voulu croire que c'était la charcuterie épicée qui me brûlait les yeux et me tordait le ventre. Et j'essaye toujours de me convaincre que c'était ça.

J'y arrive toujours pas.

***

Hey, premier retard sur ce site. Ca m'émeut. A vendredi prochain, sans faute, pour la suite ! J'vous aime. Ya.


Kingdom Hearts - Tu Colores mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant