Chapitre 1

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Cette histoire n'est pas la mienne.

Elle le regardait vivre depuis plusieurs semaines déjà, et la personne qu'elle découvrait jour après jour n'avait plus rien en commun avec l'infect gamin vaniteux qu'elle avait rencontré en première année, sept ans auparavant.

Tant de temps s'était écoulé, tant d'épreuves... La guerre l'avait laminé, et elle aussi. Ils avaient vu mourir des amis, des parents, des frères, des innocents. Ils avaient tué, blessé, torturé même. Plus rien n'était pareil désormais.

Elle le regardait vivre, ou plutôt, se débattre avec le quotidien, et elle ressentait un improbable élan d'affection pour ce jeune homme qu'elle ne connaissait finalement qu'en superficie. Il ne montrait rien et serrait les dents, mais l'éclat dans ses yeux gris s'était éteint. Disparue, sa fierté, envolé son égo surdimensionné, éclatés ses préjugés de Sang-Pur. Cet homme-là s'était disloqué sur le sol poussiéreux et froid du parvis de l'école, en trahissant père, mère et sang pour sauver sa propre peau. Ce garçon-là avait tout perdu après la Chute. Plus de famille, plus de maison, plus de fortune, plus d'amis. Il était seul, horriblement seul et détruit, irrémédiablement privé de tout ce qui avait fait sa vie. Sa vie d'avant.

Leur vie d'avant.

Celle où Hermione souriait entourée d'Harry et Ron, celle où ils insultaient les Serpentards le rire aux lèvres, celle où leurs plus grandes préoccupations étaient les résultats d'examens et les prochaines sorties à Pré-au-Lard. Cette vie où personne ne manquait à l'appel et où la prestigieuse école de Poudlard était encore entière et grouillante d'étudiants.

La Guerre n'avait pas ruiné que les esprits. La belle école d'Angleterre avait réellement souffert des combats qui avaient fait rage en son sein. Toute l'aile ouest avait été détruite, explosée et brûlée par les sorts. La tour Gryffondor n'était plus, et le dortoir des Serdaigles n'était qu'un tas de cendres où pendait ça et là les éclats bleus de ce qui fût autrefois des bannières. Il avait fallu réviser toute l'organisation du château, en attendant la reconstruction. Ainsi, les Poufsouffles accueillaient leurs camarades de la Maison Bleue, tandis que les verts et argent se voyaient forcés de cohabiter avec les Lions.

Mais contrairement aux idées reçues, ça ne gênait personne. Les guerres entre maisons s'étaient éteintes. On avait trop souffert des déchirures pour songer à prolonger davantage ces puériles rivalités. Ce n'était que par pur formalisme que Gryffons et Serpents se lançaient des piques, pour essayer de retrouver un équilibre qui n'avait plus lieu d'être. De toute façon, même les effectifs avaient été décimés.

Des septièmes années, ne restaient chez Gryffondor que Seamus Finnigan, Neville Londubat, Hermione Granger et Parvati Patil, ainsi que sa jumelle à Serdaigle. Les autres n'avaient pas voulu revenir pour terminer l'année déjà bien entamée après la guerre. Certains enterraient leurs proches, comme la famille Weasley, d'autres enterraient leurs sourires, sombraient dans la dépression, cherchaient à se reconstruire loin des souvenirs de la bataille. Harry était de ceux-là...

Les Serpentards étaient les plus touchés. Pansy Parkinson, Blaise Zabini et Draco Malefoy étaient les trois derniers de leur promotion. Soit parce qu'ils avaient trahis les convictions de leurs parents, soit parce qu'aucun lien n'avait pu être établi entre eux et les activités des Mangemorts. C'était une hécatombe.

Beaucoup parmi les plus jeunes n'étaient pas revenus, attendant l'année suivante pour reprendre une scolarité stable et normale. Il n'y avait presque personne, à tel point que dans la Grande Salle, on ne dressait plus qu'une table au lieu des quatre rituelles. Dans le silence et le recueillement d'après-guerre, les cours avaient repris, mais les jeunes se serraient les coudes. Ils se cherchaient les uns les autres, guettant les rires, cherchant la chaleur humaine comme pour se prouver qu'ils étaient encore en vie. Ils étaient revenus terminer leur cursus, obtenir leur diplôme pour ne pas rester chez eux à ressasser, pour ne pas avoir à subir encore les affres d'une année d'école supplémentaire. C'était, pour beaucoup, par désœuvrement et désespoir qu'ils s'étaient accrochés à Poudlard. L'école était peuplée de fantômes.

Ces matins là. | Dramione | Où les histoires vivent. Découvrez maintenant