Cette histoire n'est pas la mienne.Il décide de la regarder, un peu, à la dérobée. Elle paraît triste. Elle continue à faire monter leur repas quand il n'a pas envie de descendre. Il ne comprend pas comment elle fait pour deviner à chaque fois. Il apprécie ces dîners dans le calme.
Elle continue à faire ses devoirs sur la table du salon, entourée de pyramides de livres. Ils échangeaient leurs notes, avant. Maintenant, il se claquemure dans sa chambre et la laisse seule. Il ne veut pas de sa pitié, de sa compassion, de son aide. Il ne veut pas de la douleur dans ses yeux. Il n'a pas besoin de ses regards condescendants qui le font se sentir tellement pitoyable.
Il a payé pour ses fautes et celle de sa famille. Celles de son père, surtout. Celles des autres, aussi, parfois. Il a payé chaque erreur, chaque faux pas, plus durement qu'un membre de l'Ordre capturé et amené au Maître. Il a servi d'exutoire personnel à Lord Voldemort. Il a fait tout ce qu'on attendait de lui, il a servi du mieux possible, mais il ne pouvait pas prévoir les conneries des autres. Il a encaissé pendant des semaines. Il s'est caché du regard des autres autant qu'il l'a pu.
Qui, qui pourrait comprendre ? Qui a une telle souffrance dans sa chair, qui a autant que lui la guerre gravée à même la peau ? Potter, lui, a survécu à tout. Potter, ce héros.
Les autres sont morts.
Lui, il a sur le corps les traces des coups de Lord Voldemort, les traces des coups de la Bataille Finale, les traces des coups des tortures subies par un camp puis un autre. Il a des séquelles physiques qui le font hurler en silence la nuit, pour ne pas réveiller la fille qui dort à côté. Il a la brûlure tenace et omniprésente. Il vit avec des fantômes rouge sang, des cris en si bémol, des lumières en diffraction.
Malefoy, ce traître.
Souvent, Draco songe à répondre aux avances de Pansy. Elle est mignonne Pansy, drôle et c'est une Sang-Pur. Ça aurait sûrement fait plaisir à son père, mais Draco s'en fout, désormais, de faire plaisir à son taulard de père. Et puis Draco imagine le visage de Pansy, qui effleurerait sa nuque et sentirait les cicatrices. Pansy qui passerait ses mains sous son T-shirt pour jouer un peu, et qui sentirait les cicatrices sur son torse. Pansy qui agripperait ses hanches pour l'attirer à elle, et qui sentirait LA cicatrice sur son dos. Qui enfoncerait ses doigts dedans sans douceur, et lui qui hurlerait en silence encore, alors qu'elle ne comprendrait pas et le regarderait avec horreur et dégoût.
Il n'est plus un Prince, il est un déchet. Un rebut de la guerre.
Parfois, il songe qu'il aurait préféré mourir.
Et parfois, il repense au regard de Granger ce jour-là. Il n'y avait pas de dégoût dans ses yeux. De l'horreur et de la surprise, oui. Et de la tristesse, tellement de tristesse dans sa voix depuis... Draco ferme les yeux et imagine qu'il n'est plus seul. Draco fait un faux mouvement et la lance de fer dans son dos le rappelle à l'ordre, lui rappelle sa place, lui rappelle l'état de sa misérable existence de lâche et fils de lâche, sa misérable existence de traître à son sang, de traître à son rang. Il regarde les mains de Granger, à table, qui tremblent un peu, et il se rappelle chaque coup, chaque sort, chaque blessure infligé à son corps. Alors Draco prend son assiette et va manger dans sa chambre, pour arrêter de sentir le regard d'Hermione sur lui comme un fer rouge.
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Ces matins là. | Dramione |
FanfictionCe matin-là, il n'avait pas fermé la porte de sa salle de bain. Ce matin-là, elle n'avait pas fait attention, en retard qu'elle était, et avait oublié de frapper. Ce matin-là, l'équilibre s'écroula. Cette histoire n'est pas la mienne je ne fais que...