GIULIAJe me réveillais dans la nuit, entourée des bras de mon petit ami. Délicatement, je repoussais sa main posée sur mon ventre et m'extirpais du lit. J'enfilais un gilet, me dirigeais vers mon salon et m'asseyais près de la fenêtre que j'ouvris pour admirer le ciel. On pouvait apercevoir quelques étoiles, et je souris. Sourire qui disparut aussitôt quand je repensais à Ken. Notre première discussion en tête à tête, sur le balcon, pendant laquelle je m'étais confiée à lui me revint en tête.
Je devais arrêter de penser à lui. J'étais avec Eliott maintenant, et c'est ce que je voulais depuis le début. Il était beau, attentionné, talentueux.... mais il n'avait pas son charisme, ni son assurance, son côté mystérieux, et surtout sa façon de me regarder, comme si j'étais une des sept merveilles du monde.
Je checkais mon portable, rien. J'attendais inconsciemment un message de sa part. Notre discussion inachevée de tout à l'heure m'avait complètement chamboulée. D'un côté, je ne voulais pas de ses explications, car je préférais penser qu'il n'était qu'un con qui s'était foutu de moi, je ne voulais pas retomber dans le doute, ni remettre en question ma relation naissante avec Eliott. Mais d'un autre côté, je mourrais d'envie de revenir au moment précis où il m'a avoué que je lui plaisais, juste avant qu'Idriss ne nous interrompe.
N'étant plus fatiguée, je trainais sur les réseaux sociaux, et vit que je m'étais faite identifiée sur une photo sur Instagram. Je fus surprise de découvrir un vieux cliché de moi et de Sara, ma meilleure amie depuis que je m'étais installée en Italie. Nous nous étions séparées il y a 1 an, quand elle était repartie vivre au Portugal, son pays natal. Nous nous étions vues le plus souvent possible pendant les premiers mois, puis la distance avait eu raison de nous. La dernière fois qu'on s'était parlé, c'était à la mort de Nonna, quand elle m'avait appelé pour savoir si je tenais le coup. Elle adorait Nonna, et c'était réciproque. Elle était prête à prendre le prochain vol pour venir me voir mais je l'en avais dissuadé; elle était à l'autre bout du monde pour son travail de mannequin, et malgré la douleur que j'éprouvais, je lui avais assuré que j'arriverais à surmonter cette épreuve.
Le cliché datait d'il y a quelques années, nous devions avoir 20 ans. Et nous étions parties dans le sud de l'Italie pour les vacances. Le cliché avait été prit lors d'une soirée en boite. Dans la description était marqué « senza te niente è più simile » (sans toi plus rien n'est pareil). Je laissais un commentaire : « mia sorella... ti voglio bene » (ma soeur...je t'aime).
J'enregistrais la photo et la mis en fond d'écran. Une larme roula sur ma joue. Elle me manquait atrocement.
Je décidais d'aller me recoucher, car je travaillais le lendemain.
Le réveil fut compliqué. Je détestais travailler le samedi. J'avais cogité toute la nuit et j'avais pris deux décisions : la première ne me faisait pas plaisir mais c'était la meilleure chose à faire ; je devais arrêter de penser à Ken, et donc éviter le plus possible de me retrouver seule avec lui. La deuxième était de reprendre contact avec Sara. Rattraper le temps perdu... J'avais des tonnes de questions à lui poser.