9 - Le pacte

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J'avais mal. Je sentais encore mes omoplates pleines de sang me lancer. Cependant, je gardais les yeux fermés. Cette nuit, j'avais revécu tout ce qui m'avait poussé à agir ainsi avec eux, et contrairement à ce que je croyais, ces souvenirs m'avaient été énormément douloureux. Après tout ça, j'avais perdu conscience, et je pensais sincèrement que j'étais mort. Alors pourquoi est-ce que j'avais encore mal ? J'avais survécu, hein ? C'était la seule explication possible. Mais j'avais peur, peur d'ouvrir les yeux et de me retrouver seul à nouveau. Peut-être qu'ils étaient là, mais peut-être que personne n'était à mes côtés, alors je préférais attendre. Néanmoins, quelque chose me perturbait au plus haut point. Cette personne, celle qui m'avait parlé...Sa voix ne m'était parvenue que très légèrement, je n'avais pas réussi à l'identifier même si j'étais sûr de la connaitre...Qui était-elle ? Je me le demandais depuis déjà de longues minutes, allongé contre ce qui me semblait être du carrelage, intensifiant cette sensation désagréable dans mon dos.

« Taehyung ? »

Quoi ? Il y avait quelqu'un ? Je cessai de réfléchir et me concentrai le plus possible sur la personne qui venait de parler. Je n'avais pas bien entendu sa voix, je ne m'y attendais pas...Je décidai de rester silencieux, pour voir ce que ce qui me paraissait être un homme s'apprêtait à faire.

« Taehyung, réveille-toi... »

Pourquoi je n'arrivai pas à mettre de nom sur cette voix ? Je la connaissais ! Je savais que j'étais proche de cette personne, mais rien n'y faisait, je ne trouvais pas de qui il s'agissait...Soudain, je sentis deux mains se poser sur mes épaules. Il n'allait quand même pas me secouer jusqu'à ce que je lui réponde, si ?

« On y va. »

Il fit glisser ses doigts sur mon dos nu et douloureux et me souleva d'un coup, ce qui me fit échapper une grimace d'inconfort. Peut-être l'avait-il vue, mais en tous cas, il ne disait plus rien. On marchait juste...tout ce que j'entendais se composait de ses pas, sa respiration et son rythme cardiaque. Parfois, il me laissait un peu glisser et devait me re-soulever pour me remettre dans une position adaptée. Le son de ses pas changea soudain, devenant plus aigu. Ils résonnaient bien plus qu'avant, alors je supposai que nous étions entrés dans une pièce plutôt large et peu meublée.

Je sentis qu'il se baissait et mes jambes rencontrèrent le sol froid de la pièce. Il commença à enlever les haillons de mon T-shirt déchiqueté et plein de sang, puis s'attaqua à mon bas. Je paniquai presque, me demandant ce qu'il comptait me faire, mais bizarrement le fait que ce soit cette voix me rassurait. Alors je continuai de garder les yeux fermés. De toute façon, je me sentais faible, alors je n'aurais sûrement pas été en état de marcher seul, donc que j'ai les yeux ouverts ou pas, le résultat serait resté le même.

Je me retrouvai bien vite complètement nu et ne pus m'empêcher de me demander si finalement cette personne avait de bonnes intentions. Peut-être que sa voix ressemblait juste à celle que je connaissais... ? Non, j'étais sûr que c'était une personne de mon entourage, même en me disant le contraire, j'en restais convaincu. Il me souleva à nouveau, plaçant une main sous ma nuque, et plongea mon corps dans un liquide tiède sans odeur, qui devait donc probablement être de l'eau. C'était agréable...Cette chaleur me soulageait, je sentais mes cheveux remuer et sa main tenir ma nuque fermement mais en douceur, sans me faire mal. De sa main libre, il se mit à frotter mon dos, tentant sûrement de décoller tout ce sang séché agrippé à ma peau. J'avais mal mais je me laissais faire, parce qu'il était certainement plus délicat que moi, et que j'étais certain que je ne pouvais pas le faire seul sans me blesser encore plus. Finalement, je voulais voir son visage. Je voulais savoir qui s'occupait de moi ainsi, qui était aussi doux avec moi malgré ce que j'étais et ce que j'avais fait. Après tout, j'étais un criminel, j'avais tué quelqu'un, et même si ça me détruisait de l'admettre, je ne regrettais pas mes gestes. J'entrepris donc d'ouvrir les yeux, très difficilement malgré mon réveil datant sûrement de plusieurs heures. Lorsque je réussis, je dus les refermer immédiatement, aveuglé par la lumière pourtant peu intense de la pièce. Je retentai quelques instants après, essayant tant bien que mal de m'habituer à la luminosité.

Lost AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant