7 - Septième journée

199 32 39
                                    

L'oiseau se fraie un chemin en dehors de l'œuf. L'œuf est le monde. Celui qui naît doit d'abord détruire un monde. L'oiseau vole vers Dieu. Le nom de ce Dieu...est...Abraxas.

Je suis assis à cette table noire, le dos droit. Il y a plusieurs choses disposées sur le bois sombre du meuble, dont un chandelier, une bouteille transparente sans bouchon, remplie d'une matière rouge foncée, presque noire, et pour finir la table est mise. Oui, il y a le verre à eau, le verre à vin, le sel, le poivre, une théière, une tasse et sa soucoupe, tous les couverts nécessaires, et une assiette dans laquelle est disposée une pomme. Mais ce qui attire le plus mon attention, ce que je fixe depuis tout à l'heure, c'est ce lys blanc, juste en face de moi. La première fleur est fermée, l'autre commence à peine à s'ouvrir, et la dernière a pratiquement fini d'étendre ses pétales. J'entends ensuite un air de piano assez agréable, et décide d'enlever cette oreillette d'où proviennent quelques grésillements dérangeants. J'attrape cette belle pomme bien lisse et la porte à mes lèvres, pensif. Finalement, je la laisse tomber sur le sol bleu et sors mon polaroid, mon objet fétiche, de couleur rose pâle. Je le positionne devant mon visage et fais la mise au point, visant les fleurs blanches. Mais au moment où je prends la photo, les bougies s'éteignent. Je regarde alors à ma gauche, pendant que la porte devant moi d'où provient la lumière se ferme, lentement. Le miroir sur lequel cette phrase que je connais par cœur est écrite est plongé dans l'obscurité, lui aussi.

Tu as besoin de survivre.

Ça y est, je suis perdu au milieu de ces ténèbres, et l'air léger joué par le piano s'est arrêté.

Je n'avais pas de rêve.

La pomme roule sur la moquette bleutée, et moi je marche, la suivant. J'arrive devant cette porte que je ne connais que trop bien, je l'ouvre et la lumière apparait directement. C'est une chambre, deux piliers bas y soutiennent des statues blanches, et droit devant moi, je peux voir un lit aux draps blancs, en dessous de la fenêtre. Je me retourne en arrière, regardant d'où je viens, puis les portes se ferment d'elles-mêmes, me séparant du couloir obscur. Du couloir...

De mon côté des portes, je peux observer ces traits, durs, taillés dans le bois toujours aussi bleu. D'ailleurs, sur la porte droite, je remarquer ce mot, gravé, ancré, rempli de sens.

Lies

Des mensonges...

Etait-ce moi qui m'étais acharné sur ces bouts de bois ? Etait-ce réellement moi ? Non.

Je suis assis sur le lit, et je joue avec un briquet. J'allume la flamme, l'apporte près de mon visage puis l'éteins. J'attrape ensuite les pétales de lys et les regarde mélancoliquement, pendant qu'un air au violon m'emporte dans mes actes. Je pose les six pétales au sol, puis y porte le briquet. La flamme se répand rapidement et les brûles tous. Ils sont en feu.

Je me sens si mal dans cette pièce. Entre ce piano, cette armoire enchaînée, ces statues, ces deux tableaux, et cette porte abîmée...Tout tourbillonne, je ne vois plus rien clairement, et j'ai affreusement mal à la tête. C'est comme si tout était plongé dans un liquide. Je me tourne et me retourne, recroquevillé dans ce lit. Je vois finalement la silhouette d'une chouette passer par la fenêtre. Est-ce une illusion ? Je veux vérifier, alors je tire les rideaux, mais je ne peux rien voir. D'ailleurs, la lumière est étrange de l'autre côté. La seule chose que j'arrive à distinguer, c'est mon reflet. Alors, j'essaye de toucher cette paroi qui ne me laisse pas voir cette lumière qui vacille.

Le bruit d'une goutte d'eau, des ondes se propagent sur mon reflet, sur mon visage.

J'entends une sorte de bruit de tonnerre qui finit en bruit sourd et me retourne brusquement, me demandant ce qui l'a produit. Je ne fais plus face à mon reflet, je ne le regarde plus.

Lost AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant