Chapitre 26

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Le super réflexe de planter mes ongles dans le sol au moment où je me sens basculer vers le précipice par la manticore ne suffit pas à m'épargner le grand saut et c'est donc sous la stupeur du public que nous chutons toutes les deux.

La manticore tente de s'échapper de l'immense plongeon qui nous attend à l'arrivée en déployant ses gigantesques ailes, mais le poids de chute est tellement fort qu'elle ne parvient pas à faire décoller son imposant corps remplit de muscles saillants. De mon côté, je sais parfaitement qu'il ne va pas me pousser des ailes en 5 minutes et je cherche donc une solution en un temps record tandis que le vide m'écrase la cage thoracique, ce qui ne me rend pas la tâche facile.

Soudain, je réalise que le bord de la falaise n'est qu'à quelques centimètres de moi et je tends les mains dans le but de m'y accrocher, en vain.

« Il ne manque pas grand-chose pour que je puisse l'atteindre », je songe tout en réfléchissant aussi vite qu'un super calculateur.

Je jette alors un regard à la manticore qui est plus occupée par son décollage désespéré que par moi et je profite de cette occasion pour fondre sur elle tel un oiseau, pour ensuite me servir des cornes sur sa tête comme d'un tremplin dont je m'éjecte en direction de la falaise.

Dès que je rencontre le massif rocailleux, je m'y accroche de toutes mes forces avec mes ongles comme s'il s'agissait d'une bouée de secours que l'on m'aurait lancé pour me sauver, mais mon épaule cassée s'oppose à cette ascension et je me retrouve contrainte de grimper en utilisant seulement mon épaule valide ainsi que mes jambes. J'escalade donc le bord de la falaise avec le peu d'énergie qu'il me reste tandis que la manticore se rapproche un peu plus du précipice sans parvenir à s'envoler. Celle-ci, s'apercevant que j'ai échappé au grand saut, me lance alors dans une tentative désespérée une dernière boule de feu avant de terminer sa course dans l'eau. De mon côté, je remercie le public de m'avoir signalé qu'une boule de feu allait s'écraser sur moi, ce qui m'a permis de changer de prise avant de terminer cette épreuve réduite en milliers de confettis cendreux.

Le public serre les dents et encore plus pour ceux qui sont du mauvais côté du parcours et qui n'entendent qu'un seul « plouf », sans savoir lequel de nous deux est tombé à l'eau et lequel a évité le plongeon.

Le public qui est bien placé en revanche, a clairement pu apercevoir la manticore terminer sa course dans l'eau, elle qui a choisi la puissance plutôt que l'intelligence et qui se retrouve happée par les profondeurs, sans parvenir à refaire surface. Au bout de quelques secondes interminables passées à se débattre contre l'eau, s'en est fini de la manticore qui a trouvé la mort en se noyant.

Je pousse un soupir de soulagement -maintenant que je sais que la manticore ne refera plus jamais son apparition - tout en continuant mon ascension de la surface rocailleuse qui devient de plus en plus difficile. Je suis épuisée, morte de faim, mon corps entier est secoué de tremblements, je tourne de l'œil et je sens que si je n'arrive pas rapidement en haut, je vais moi aussi connaître le même sort que la manticore quelques minutes plus tôt.

Redoublant de courage, j'utilise mes dernières forces pour hisser mon corps meurtri par toutes les récents évènements (et dont l'état ne s'est pas vraiment amélioré depuis) et lorsque j'atteins enfin le haut de la falaise, je m'assieds de fatigue et tombe lourdement au sol, les fesses par terre tout en haletant à m'en exploser la cage thoracique.

Dès que le public de New Paris me voit, il s'empresse alors de ne m'acclamer comme jamais j'en entends même quelques-uns scander mon nom, alors qu'ils semblaient tous me détester quelques instants plus tôt, on dirait bien qu'après toutes ces épreuves, ils ont retrouvé de l'estime pour moi et sont à présent sûrs qu'aucun d'eux ne voudrait jamais tenter une expérience pareille.

Soudain, alors que je peux enfin me reposer, le sol tremble à nouveau sous mes pieds.

« Pitié faites qu'il n'y ait pas à nouveau une manticore qui va apparaître et que je vais devoir affronter », je prie en silence sans me rendre compte que j'avais fermé les yeux.

Lorsque je les rouvre je découvre alors que l'arène est redevenue en une fraction de secondes ce qu'elle était, à savoir un terrain plat imprégné de terre, avant que le tournoi ne commence et je dois dire que cela me réconforte peu même si j'attends de voir quelle surprise machiavélique le roi m'a encore préparée.

Le roi se lève alors de son siège tout en levant les bras vers son peuple chéri.

- Vous voyez que je ne vous avais pas menti cher peuple, vous avez vu de quoi cette jeune fille est capable lorsqu'il s'agit d'affronter une manticore ! proclame le souverain. Mais vous n'avez pas encore tout vu, le plus important reste à venir et il va se jouer d'ici quelques instants où nous vous attendons toujours plus nombreux à l'arène pour le round final !

Je bois ces paroles sans en comprendre la signification, mais je sais une chose, c'est que le pire reste à venir et apparemment si on écoute le roi, ce qui m'attends après est pire que d'affronter un monstre volant tout en exécutant un parcours d'obstacles semé d'embûches.

Au moment où j'ai envie de m'enfuir, des gardes que je n'avais pas vus font alors irruption autour de moi et me menottes les poignets sans que j'aie la force de les en empêcher et je suis reconduite dans ma cellule aussi vite que j'en suis sortie il y a à peine quelques heures avec un sentiment de déjà-vu.

« Ça ne va pas encore recommencer ?! Y'en a marre maintenant !!», je m'indigne intérieurement en attrapant les barreaux si familiers de ma cellule tout en soupirant.

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Voici le chapitre 26 en espérant qu'il va vous plaire n'hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous en pensez, bonne lecture à tous ;)

A.D.N animalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant