ii. Sous le ciel de Beyrouth.

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J'entend encore son rire, son adorable rire. Vieil écho de nos jours heureux. Soledad riait beaucoup. Elle était pétillante. Il y avait toujours dans ses yeux céladon une pointe de malice. Ma belle Soledad, si seulement tu pouvais rire à nouveau.

Je me souviens de nos premières vacances en famille. C'était durant le mois de juin 2006.

Soledad et Victor avaient alors quatre étés. Oui, oui, quatre étés. Elle répétait ça quand on lui demandait son age. Elle aimait l'été et son gout sucré, c'était justement depuis ces fameuses vacances.

On avait pris la voiture, et on avait roulé longtemps. Les paysages multicolores défilaient devant leurs yeux émerveillés.

Nous sommes arrivés quand le jour se mourait. Le soleil de Beyrouth, avalé entre le ciel et la mer. Nos esprits étaient fatigués et nos paupières lourdes. Alors nous avons dormi.

Le lendemain, à peine extirpés de nos songes, nous nous retrouvions sur une petite plage. L'eau parcourait notre peau, cette eau un peu amère mais si fraîche, celle qui vous fait oublier tous vos soucis, celle qui vous fait croire que tout va bien. Cette même eau qui file entre vos doigts et qui laisse sur votre peau ce petit goût salé.

Ce jour-là, tu m'as demandé pourquoi l'eau était bleue, mais devenait transparente quand tu essayais de la prendre entre tes doigts. Pour tout te dire, je n'en savais rien. Mais je n'ai pas cillé, j'ai souri et alors j'ai inventé une explication, une belle histoire qui t'a fait sourire. Tu n'as rien dit, tu as juste souri. Je ne sais pas si tu m'as cru ce jour-là, mais ton sourire, il était beau, il était sincère, et c'était juste ce que je voulais.

Les jours passaient. Ces souvenirs dorés résonnent en moi comme une mélodie, une mélodie entraînante et joyeuse, celle qui pour certains, est teintée d'une bien triste mélancolie.

Tout était beau, tout était paisible.
La mer ne faisait de vague que lorsqu'un bateau la déchirait en deux. Le sable chaud me filait entre les doigts. Le ciel était limpide et uniforme, d'un bleu qui se voulait joyeux. L'horizon me guettait de loin.

Et ainsi, ces beaux jours défilaient, pas tout à fait identiques, mais pas tout à fait différents.

C'était la belle vie.

Je me souviens de nos balades nocturnes sur la digue ou encore le long du port un peu pollué. C'était une valse avec la nuit, une valse avec la vie. Pour seule musique, nous profitions du bruit des vagues et de la petite voix de Victor qui nous racontait des histoires. Et quand Morphée nous faisait signe, nous rentrions nous coucher.

Quelle aubaine, je n'aurais su espérer plus beau cadeau de la vie.

Oh Soledad, tu riais bien, tu riais beaucoup. Et quand tu riais, je suis sûre que ton rire résonnait aux oreilles des plus tristes et alors ils riaient avec toi.

Et puis on est rentré chez nous, et la vie a repris son cours, nous laissant dans la tête tout pleins de beaux souvenirs, de belles images et de beaux moments que même le temps ne saurait effacer.

Nour.

soledad ou les jours heureux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant