quelques étés plus tard;
C'est une belle journée. Le soleil brille, je souris en regardant le ciel, et en pensant à toi. Je viens de retrouver les lettres que nous t'avions écrites autrefois, et j'ai souri tellement fort que j'aurais pu décrocher le soleil. J'ai fait ma vie aujourd'hui, je ne l'ai pas refaite, non, tu en était une partie trop belle pour être effacée, j'ai continué d'avancer, pour te rendre fière.
Il y a eu une guerre en Syrie, et tout a changé. Papa, Maman, et moi on s'est installé en France. D'abord à Paris, puis je suis parti faire mes études dans une autre ville.
Maman est tombée malade quelques mois après être arrivée, et un jour, elle s'est endormie.
Elle est venue te rejoindre et vous vous êtes enlassées comme le soleil enlasse l'horizon.Papa a eu un peu de mal à se faire au départ de Maman. Chaque matin, en me regardant partir à l'école, il pleurait en secret. Et alors il partait travailler. Je n'ai su que plus tard que son travail était de ramasser des ordures à longueur de journée. Il a été courageux, Papa. Il n'a jamais abandonné, pas une seule fois, je n'ai jamais manqué de rien et je l'admire pour ça, je me rends compte avec le temps à quel point cela devait être difficile parfois.
La maison était vide, mais nous étions là l'un pour l'autre, et nous avons avancé.J'ai fini mes études à présent, et j'ai commencé à travailler, j'enchaîne les petits boulots en espérant décrocher un travail en tant que médecin. Et ma vie va, c'est injuste que tu ne sois pas là.
Par un matin de printemps, je me trouvais à Paris, et à la terrasse d'un café je suis tombé amoureux. Elle s'appelait Louise et je m'appelais heureux.
On s'est revu, et on s'est mis à habiter ensemble, et puis vient la vie. On a eu une fille: Soledad. Elle te ressemble beaucoup, elle a les cheveux incoiffables et les yeux verts espoir.
Tu aurais dû me voir, il y a quelques semaines quand elle m'a demandé de l'inscrire à la danse, mon sourire s'est gorgé de fierté et je l'ai prise dans mes bras.Ah si seulement tu pouvais revenir, le temps d'une journée ou peut être d'un été, j'aurais tellement de choses à te raconter. Je t'aurais parlé de cette fois, où Papa m'a emmené dans un grand restaurant, apparement il avait travaillé dur et avait gagné un peu d'argent, alors il avait voulu me faire un cadeau. Je me souviens de tout, les gens autour de nous, la pluie du dehors, j'étais tout fier de pouvoir aller dans ce genre d'endroits, j'étais fier de mon Papa.
Il y avait aussi cette balade en forêt, quand Maman était encore là, le soleil jouait à cache-cache entre les branches, le sol sentait le printemps. J'avais cueilli tout un bouquet de fleurs et, en rentrant, on l'avait mis dans un vase acheté spécialement pour l'occasion. Il décorait joliment le salon, mais un jour il a fané. Je ne lui en ai pas voulu, j'en ai fait un beau dessin, et je l'ai accroché au mur.
Je te parlerais aussi de cette fois où, au collège, nous devions faire un exposé, et j'avais présenté la Syrie, telle que je la connaissais, belle. J'ai parlé de toi aussi un peu, j'avais les yeux brillants et le coeur battant quand j'ai dit ton nom. J'ai parlé de toi, de ton départ, j'ai pleuré un peu aussi et les gens m'ont applaudi.Et voilà. Il y a tellement plus de choses que j'aimerais te dire, je suis un peu perdu. Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas écrit, mais j'en ai ressenti le besoin, alors ne m'en veux pas trop si mes idées sont confuses, j'ai juste voulu écrire et te dire à quel point la vie est belle, et à quelle point je l'aime. Quelle injustice. Tu l'aurais adoré, toi, la vie.
Je pense à la plage de Normandie, aux couleurs du ciel, je pense à cette valse sous la pluie et à l'écho de nos rires paumés dans les montagnes. Je pense à l'automne, aux feuilles qui dansent dans les airs. J'imagine Paris le soir de Noël, merde je me dis. t'aurais aimé voir ça toi aussi.Mais maintenant, je m'adresse à toi, le ciel. Prends soin de Soledad, aime la. Je n'y ai pas cru au départ, que tu me l'avais prise, et puis j'étais en colère et je lui en voulais de m'avoir laissé tout seul, parce-qu'on s'était promis de rester ensemble pour toujours, et puis j'ai voulu essayer de la faire redescendre. J'étais persuadé que si j'arrivais à construire une échelle assez haute pour t'atteindre je pourrais la récupérer. J'ai lentement été gagné par la tristesse quand j'ai réalisé qu'elle était partie pour de bon. Mais le temps soigne et les mots aussi.
J'ai beaucoup écrit et beaucoup dessiné, j'ai repeint les anges et les falaises, et ma peine s'est lentement noyée dans les flots de mon cœur, n'y laissant que l'écume de nos jours heureux. Et le bonheur est revenu, par un matin d'été. Oh ciel, protège ma sœur.Ah, ma Soledad. Si aujourd'hui je t'adresse cette lettre, c'est pour te dire à quel point je suis heureux, d'avoir fait partie de ce qu'était ton existence. Et encore je vois les étoiles danser la samba, les bébés fourmis aller à l'école, les brins d'herbe se chuchoter des histoires et les nuages faire des câlins aux astres.
Et au delà des montagnes,
rien,
ni les arbres,
ni le temps qui passe,
ni la plage en pleurs,
ni les amours d'été,
ni le froid de l'hiver,
ne pourra me faire oublier ton nom.
Tu es ancrée en moi,
comme une part de mon âme,
et Montmartre en fleurs,
nous acclame.
Le ciel est bleu,
et nous nous reverrons,
à l'aube des beaux jours,
un dimanche sur la mer,
enlassés par un vent du matin,
dans une autre vie.Victor.
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soledad ou les jours heureux.
Cerita Pendek« Et quand Soledad dansait, le monde dansait avec elle. » Elias, Nour, Victor et Soledad formaient une petite famille des plus normales rythmée par les aventures de chacun. Mais subitement le monde ne tourne plus rond, les colombes p...