Jeu de pouvoir~

Solitude

-Yuri PDV-

Il n'y avait aucune émotion sur le visage de mon père. Il resta là, à me regarder avec ses yeux marron. Pour la première fois de ma vie, j'eus vraiment peur de lui.

Depuis que j'étais petite, il n'avait jamais cessé de me sourire. Lorsque ma mère nous avait abandonnés, il avait fait son maximum pour toujours être présent dans notre quotidien à mon frère et moi. Il avait toujours su gérer parfaitement son travail et sa vie de famille, il nous avait toujours poussés à faire notre maximum, à nous surpasser. Il avait été un père aimant et un exemple pour nous.

Aujourd'hui pour la première fois de ma vie, mon père ne me souriait pas. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'il fasse quelque chose, j'aurais même préféré qu'il me frappe plutôt qu'il reste assis à ne rien dire. Je ne bougeais pas et il ne bougeait pas.

Après plusieurs minutes, il se leva et se plaça en face de moi. Son visage était toujours vide d'émotions alors qu'il tendait la main vers moi.

« Ton téléphone. » Il venait de parler d'une voix neutre, sans aucune trace d'énervements ou de joie.

J'attrapais silencieusement l'appareil qui se trouvait dans ma poche et le lui tendis. Il le glissa dans sa veste tout en continuant de me regarder.

« Monte dans ta chambre. Et n'en sors plus. » Je fronçais légèrement les sourcils.

« Mais... » Son regard me fit taire. Il fit appeler un de ses hommes à qui il communiqua des ordres lorsqu'il arriva.

« Tu seras chargé de garder la porte de ma fille jusqu'à ce que j'accepte de la revoir. Tu t'organiseras avec les autres pour lui apporter à manger. Retire de sa chambre tout ce qui pourrait lui permettre de communiquer avec l'extérieur. » Mais, que faisait-il... ?

Mon père se tourna vers moi et renifla avec agacement avant de parler.

« Tu en profiteras pour réviser tes examens de la semaine prochaine... Ainsi tu dépasseras peut-être ce rang médiocre que tu obtiens à chaque fois, celui des perdants. Le dernier. Je t'ai toujours tout donné Yuri, j'ai fait en sorte que tu grandisses dans les meilleures conditions possible et que tu sois heureuse. Maintenant, regarde-toi. As-tu, ne serait-ce qu'un seul instant, réfléchi aux mots que tu viens de prononcer ? Sais-tu à quel point ils sont graves ? Penses-tu que ce sont des mots sans importance et qui n'auront aucun impact sur notre famille ? Quand deviendras-tu une adulte Yuri ? Quand comprendras-tu que dans le milieu où nous vivons, ton opinion et tes envies n'ont pas d'importance ? Pendant combien de temps penses-tu encore me décevoir comme tu le fais quotidiennement ? Tu aimes Jessica, et alors ? Elle épousera ton frère, un point c'est tout. Mais sache une chose, ma fille, de toutes les fois où tu m'as déçu, c'est la première fois que tu arrives à me faire regretter d'être ton père. Maintenant, sors de ce bureau, je ne veux plus voir ton visage. » Je restais figeais, mes yeux étaient ouverts, mais je ne voyais plus. Tout était flou autour de moi. J'aurais aimé pleurer, mais j'en étais incapable. Les mots de mon père avaient été si violents dans mon esprit que je n'arrivais même plus à cligner des yeux.

Ne voyant aucune réaction de ma part, mon père fit signe à mon nouveau gardien de m'emmener dans ma chambre. L'homme m'attrapa doucement par l'épaule et me guida jusque dans ma nouvelle prison. Je me laissais faire, sans rien dire, car je ne savais toujours pas comment réagir.

Il me fit asseoir sur mon lit, enleva tous les appareils électroniques de ma chambre et moi, je me contentais de regarder la chaise de mon bureau. De toute manière, je n'arrivais plus à actionner le moindre muscle. L'homme quitta ma chambre en fermant doucement la porte et j'entendis le verrou s'actionner.