«Ne plus tomber amoureuse...»

Le collège...

Je suis entrée au collège un peu avant mes 11 ans. Je ne vais connaître personne à par un garçon de ma classe. J'ai un carré court et une veste en cuir, je traine avec les garçons et je ne parle pas beaucoup.
Je ne suis pas du genre à m'incruster dans un groupe de filles qui passent leur vie sur leur téléphone et qui font des selfies toutes les 5 minutes.
Mais je la voie, Sophie, presque 11 ans aussi.
Une petite brune aux cheveux en bataille, pâle et perdue.
Elle s'approche vers moi:
«- Je peux m'asseoir à côté de toi ?
- Ouais.»
En vérité cette fille me trouvait bizarre et m'a avoué plus tard que j'avais un air de peste.
Réputation qui t'as bien suivie.
Je préfère ne pas en parler.
Le premier échange était froid et sans conviction. Par la suite on est devenue aussi proche que des sœurs, une belle vie s'offrait à nous.
Cool.
Je traînait toujours un peu moins  avec les garçons et j'avais quand-même cette fille avec qui je pouvais parler.
Un jour, une pote de Sophie s'interpose et déclenche une dispute me laissant sans amie, seule sous la pluie en pleurant.
Tu es pitoyable.
Je sais. J'y peut rien elle était ma seule amie à ce moment là. Pas très glorieux.
Bizarrement personne ne vient me parler alors que je suis isolée au fond de la cour.
Il n'y a rien de bizarre...
J'entends des pas, sûrement une intéressée de voir à quel point je pouvais redescendre de mes grands chevaux...
«- Ça va ?
Pas de réponse.
- Eh ! Ça va ?
Je relève un peu la tête. Je vois juste des yeux bleu-verts et des tâches de rousseur en masse. De beaux yeux...
- Moui, dis-je à voix basse.
- Aller relève toi et dis-moi ce qu'il se passe.»
Une main se tend vers moi.
C'était un garçon. Je ne m'y attendais pas en fait. Florian, 11 ans, brun avec une frange. Il était venu me parler alors que je l'avais jamais vu. C'est devenu un ami avec pleins de points communs découverts au fur et à mesure.
On parlait de Pokémon et de Dragon Ball.
Ouais c'était lui qui m'a dit comment battre Groudon. Quelqu'un de gentil, vraiment. Je croyais.
Ma pote Sophie s'est excusée le lendemain et m'a demandé qui était le gars avec qui j'avais parler.
Il y avait une pointe de jalousie dans sa voix.
Bah je l'ai pas remarqué de suite.

Plus tard elle en tombera amoureuse un peu après avoir découvert que j'en était tomber amoureuse, folle amoureuse. Et pourtant c'est elle qui me l'a dit. Je pensais juste à lui en temps qu'ami au départ. Elle avait essayé tant bien que mal de me mentir en me parlant d'un autre garçon en ce qui l'a concerne... J'avais passé autant de temps avec lui qu'avec elle et je commençais à me demander pourquoi.
Je me rappelle que tu as commencé à te poser des questions quand il t'as dit de laisser tomber Théo parce que ça ne sert à rien de rêver.
Merci de me le rappeler.

Mais Sophie le trouvait génial aussi.
Je l'ai vu dans son regard. Je ne peux pas lui demander de me laisser un garçon qui ne m'appartient pas. Une guerre amicale a commencé.
Les techniques utilisées pour attirer son attention me font marrer avec le recul.

Un soir par message en réponse à une chaîne qui est sensée te dire la personne qui t'aime qu'il avait envoyé j'ai paniqué et il a comprit. J'ai prévenue Sophie que le lendemain il fallait aller le voir.
Il avait dit qu'il n'était pas comme les autres garçons et ne te rejetterait pas. Il a bien menti.
Oui mais il ne l'a pas promis tu sais.

Le jour de nos deux déclarations, elle est partie en première le voir et moi j'ai attendue mon tour. En revenant elle n'avait aucune expression sur le visage. C'est dommage que je n'ai pas pu entendre ce qu'ils ont dit. Ouais.
Je suis allée lui parler et après un moment je me suis lancée.

«- Florian je...
Silence, il sourit.
- Je...je t'aime.
Il se rapproche lentement vers moi, me murmure à l'oreille.
- Idem, je crois un peu.»

Je devient rouge.
Tout le weekend j'attends et il me dit qu'il réfléchi et qu'il ne peux pas se décider maintenant.
Le lundi suivant, il me dit qu'en fait non sans laisser place au doute et je passe la fin d'année à me dire que les mecs sont tous des connards. D'énormes connards.
Te laisser espérer et être assez lâche pour t'ignorer et t'humilier le reste de l'année t'as marqué on dirait.
Très drôle.

Passage en 5°

L'année d'après, il reprend contact. Florian ne me l'a pas dit mais il commence le Latin. Imaginez ma tête quand je le vois se mettre juste derrière moi dans la classe. Au final on sympathise et je déconne avec lui comme avant.
Pas si rancunière que ça finalement.
J'étais inconsciente.

Une nouvelle amitié commence et tout redevient calme, un court moment. Le jour où je n'y pense plus que comme un ami, où j'efface toutes ses photos, il envoie un SMS.
Il est logique lui.
Sûrement un super pouvoir pour casser les couilles ouais.