Prologue

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     Le ciel lumineux laissait place en douceur au crépuscule ; on pouvait apercevoir un teint rosé l'illuminer. La voiture roulait tranquillement sur le macadam qui nous conduisait chez mes parents. La chaleur insupportable de ce mois de juillet nous étouffait malgré les vitres baissées. Une belle soirée s'achevait une fois de plus grâce à mon oncle.

     La musique vibrait encore dans mon cœur. Elle avait empli la salle comme un cocon, les musiciens bougeaient leurs archets sur les cordes avec une vitesse affolante. Ce moment était pour moi tout l'or qui existait dans ce monde.


- Alors Allison, tu as bien aimé ? me demanda-t-il

- Oh ! Tu n'imagines pas à quel point ! C'était magnifique !


     Ce dernier appuya sur l'une des touches du tableau de bord et une musique aussi douce que apaisante sortit des enceintes. Un sourire s'illumina sur mon petit visage. Il la mit plus forte puis me regarda dans le rétroviseur avant de pouffer de rire. Sa voix si grave et si puissante dominait tant la voix de la chanteuse que je dus plaquer mes deux mains sur mes oreilles. Sans pouvoir me retenir, je m'esclaffai à mon tour. Il s'arrêta devant un stop puis se remit à circuler après avoir observé qu'aucune voiture n'était en vue.

      Tout à coup, les phares d'une automobile m'aveuglèrent en s'approchant avec rapidité. Un choc me fit basculer la tête vers le côté, mon corps suivit le mouvement. La chanson s'arrêta ainsi que la voix de mon oncle pour laisser place à de gros bruits qui me transpercèrent les tympans. Un son aigu et incessant engloutit toute ma tête. Une pression me serra la poitrine comme si mon cœur allait exploser. Puis, j'éprouvais de nouveau un élancement vers le côté qui me brouilla la vue. Ma ceinture comprima mon corps à me couper le souffle. Soudain, tout s'arrêta. Mes membres restèrent suspendus, mes yeux ne supportaient plus la douleur en plus de la fatigue. Un goût amer et métallique se propagea dans ma bouche. Ma vue s'estompa sous un voile noir et ensuite, il n'y avait plus rien. Les ténèbres m'enveloppèrent de leur noirceur.


      Mon corps me semblait peser une tonne, la douleur traversait mes muscles.Une matière douce couvrait mes bras dénudés. Une main puis une deuxième se posèrent sur la mienne. Mes paupières s'ouvrirent en douceur mais elles se refermèrent aussitôt : une lumière m'éblouissait. Lorsqu'elle devint supportable, je les entrouvris et examinai ce qui m'entourait. Je me trouvais dans une chambre complètement blanche. Ma mère ainsi que mon père étaient présents ; ils me dévisagèrent avec soulagement. Leurs bouches s'agitèrent mais rien n'en sortait. Que voulaient-ils me dire ? Je les vis de nouveau se remuer. Leurs voix n'arrivaient pas jusqu'à mes oreilles comme si un bouchon bloquait mon audition. Que se passait-il ? J'essayai à mon tour de formuler une phrase mais une douleur fulgurante à la gorge me stoppa.

      Un homme avec une blouse blanche entra dans la pièce, un sourire sur les lèvres. Je fronçai les sourcils. Où étais-je ? Des souvenirs remontèrent à la surface et je revis la voiture percuter celle de mon oncle. Je cherchais ce dernier dans la pièce. Où était-il ? Pourquoi n'était-il pas ici avec mes parents ? Il fallait que je leur demande. J'ouvris mes lèvres et tentai de parler. Un goût étrange me dérangea dans ma bouche. D'un seul geste, les mains de l'homme à la blouse couvrirent ma gorge. Mes yeux s'écarquillèrent, sous le choc.

      Sa bouche s'agita mais je ne compris rien : aucun son ne sortait de ses lèvres. Que se passait-il ? Que voulait-il ? Il me fit signe d'ouvrir la bouche et hocha la tête après avoir vérifié ce qu'il souhaitait. Puis, il se redressa doucement et saisit une petite lumière dans l'une de ses poches. Il la brandit devant mes yeux de droite à gauche ensuite il déplaça ses poignets. Ne sachant pas ce qu'il faisait, je tournai légèrement ma tête endolorie vers ces dernières.


      Il observa mes parents avec tristesse et prononça des mots. Non... Non ! Non ! Mes larmes inondèrent mes joues et je me débattis. Je bougeai dans tous les sens sans pouvoir m'arrêter. 

Le Monde Silencieux ( En Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant