Chapitre huit

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Nous rentrâmes le lendemain midi, au moment où ma mère préparait le déjeuner. Je montais directement dans ma chambre pour déposer mon violon et ma valise. Marius et moi n'avions pas parlé le long du trajet même à l'hôtel. Je savais que cela était dur l'un pour l'autre de repenser à tout cela.

Mon téléphone vibra dans ma poche pour m'annoncer un nouveau message qui était de ma mère. Elle me prévenait qu'on allait bientôt déjeuner. Même si nous étions sous le même toit, elle ne venait jamais me voir pour me dire, pourtant, mes parents avaient appris quelques signes simples comme manger, dormir ou encore partir.

Je les rejoignis et m'assis sur la chaise, celle placé à côté de Marius. Ma mère, positionnée en face de moi, s'adressa à mon frère :

- Comment s'est passé votre séjour là-bas ?

Elle ne pouvait s'empêcher de passer par mon frère, jamais directement à moi.

Parfois, je me mettais à leur place, ils devaient sûrement se demander comment je pourrais leur répondre.

Je regardais Marius qui signait en même temps qu'il parlait pour que je puisse suivre la discussion sans effort.

- Allison a joué la chanson préférée de tonton Charles en son honneur, sans faire de fautes !

Il désirait alléger notre court voyage, toutefois, je savais qu'il faisait semblant d'aller bien mais au fond de lui il était tout aussi détruit que moi.

- C'est formidable, m'encouragea-t-elle, il serait fier de toi s'il te voyait ce que tu es devenue aujourd'hui.

Un sourire se dessinait sur mon visage sans pour autant qu'il atteigne mes yeux.


Je marchais vers la plage pour aérer mon esprit de ces quelques heures passées hier devant la tombe de mon oncle, ainsi que soulager la souffrance en trouvant une vue apaisante qui me calmera. Mon violon à la main, je progressais vers mon coin préféré : près des rochers, où la mer se déhancher calmement. J'avais une vue entière devant moi de l'eau bleue qui semblait interminable. C'était la première fois que j'emmenais mon instrument ici.

Je remuais l'archet sur les cordes. Les poussés du vent m'accompagnèrent dans la mélodie silencieuse. J'oubliais tout ce qui m'entourait, toutes ces horreurs que j'avais vécues pour laisser place aux meilleurs de ma vie comme ces minutes-là.

Lorsque le vent commençait à se refroidir, annonçant le coucher du soleil en ce mois d'octobre, je rangeai mon violon et partis vers la terre ferme. Mes yeux se posèrent sur la carrure d'un homme qui était posé sur les rochers dans les hauteurs. Hayden. Son regard me fixait. Que faisait-il ici ?

Il se releva sans me lâcher une seule seconde, puis rejoignit la route vers les maisons. Je restais quelques minutes, plongé dans un autre état. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Qu'était-ce ces regards qui me jetaient lorsque nous étions toujours dans les parages. Je me sentis mal comme si quelque chose me bloquait la poitrine. Que se passait-il ?

Je me précipitai à rentrée pour me diriger vers la chambre de mon frère qui était à côté de la mienne. Je frappai à sa porte et l'ouvris. Il était allongé sur son lit, son ordinateur sur les genoux et des papiers dans les mains.

- Est-ce que je peux te parler ? Lui demandais-je

Il tapota sur la couverture tout en dégageant les paperasses qu'ils l'entouraient. Je m'assis sans savoir par où commencer.

- Tu te souviens du nouveau ? Hayden ?

Il acquiesça, les sourcils levés.

- Depuis qu'il est dans notre lycée, j'ai le pressentiment d'être encore moins à ma place. Je me sens pas à l'aise lorsqu'il est en cours avec moi.C'est vrai qu'il sait bien parler le français et qu'il m'aide à copier les leçons mais il y a quelque chose qui cloche et je n'arrive pas à savoir quoi.

- C'est toi qui t'imagines des choses, je dirais... qu'il a un faible pour toi ?

- Marius ! Je suis sérieuse ! Ça ne concerne pas de sentiment ni quoi ce soit ! Il est peut-être gentil mais lorsque je l'ai vu tout à l'heure sur la plage, il me fixait, la colère dans les yeux. Comme si tout était de ma faute...

Il savait que j'avais un don pour distinguer les émotions sur les visages et je ne me trompais rarement cependant cette fois-ci j'étais certaine de ce que j'avais aperçu.

- Peut-être qu'il était déjà en colère lorsqu'il t'a vu. Il a dû se disputer avec ses amis ou ses parents.

Cette discussion me décourageait : je ne savais que penser.

- Allison ! Je suis sûr que tu n'y es pour rien, alors n'y pense plus.

- Tu as sûrement raison. Désolé de t'avoir dérangé dans ton travail.

La semaine passa sans qu'Hayden se présente pendant nos cours encommun. Je n'avais pas pu suivre notre cours de philosophie sans son aide.

Je traînais des pieds sur le sable humide par la pluie passagère. La fatigue m'emporta dans mes pensées jusqu'à ce que je le vis assis seul, des écouteurs enfoncés dans les oreilles. Mes jambes s'arrêtèrent à quelques pas d'où il était. Je scrutais son large dos, ses bras étaient posés sur ses genoux remontés vers son torse. Sa tête était tournée face à la mer mais ses yeux devaient être loin. Je fis demi-tour. Tout à coup, sa main attrapa la mienne, ma respiration devint plus forte.

Je me retournais vers lui, il était toujours dans la position mais un écouteur était tombé. Il avait dû voir mon ombre qui se reflétait sur la sable.

- Qu'est-ce que tu veux ? Cracha-t-il

Son regard était vide de douleur, j'entraperçus de la colère comme la dernière fois. Je dégageai ma main et pris mon téléphone, les mains tremblantes.

« Rien »

- Alors, pourquoi tu es ici ?

« Je pourrais te retourner la question »

Il tourna de nouveau son visage vers l'océan en bougeant sa mâchoire. Je fis de même. Que pouvait-il penser en ce moment ?

Après une dizaine de minutes, je soupirai. Il n'avait toujours pas réagi. Je me retournai en direction des maisons en le laissant seul. Que pouvais-je faire d'autre ? D'autant plus que je ne pouvais pas lui adresser la parole.

Bonjour ! Comme promis voici le chapitre ! Je voulais tellement vous remercier pour vos commentaires et vos votes ! Merci beaucoup !
La suite sera pour lundi !

Le Monde Silencieux ( En Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant