Chapitre 6

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Pendant que nous nous faisions emmenés – que dis-je, traînés – vers l'endroit du bunker qui servait de douches, j'ai continué à poser des questions, le plus discrètement possible, à Nikola sur sa vie ici et celle d'avant.
Il m'a raconté brièvement que son frère et lui venaient de Russie et qu'ils avaient réussis à arriver aux Etats-Unis avant de se faire arrêter près de New York par des hommes armés – sûrement ceux du Tyran. Arrivés ici, ils avaient été séparé et Nikola n'avait pas eu l'occasion de revoir son frère et encore moins de sortir de la cellule.
Il n'a eu le temps de m'en dire plus que nous étions déjà arrivé devant un attroupement d'une vingtaine de personne.
J'ai senti Nikola s'agiter à mes côtés et avant que j'ai eu le temps de lui demander ce qui lui arrivait, il a filé à toute vitesse vers un garçon aussi grand que Brook et aussi blond que le petit pour le prendre dans ses bras. Le garçon s'est raidi et s'est retourné pour enlacé son petit frère, probablement soulagé de le retrouver. Je me suis mise à chercher Brook dans la foule mais il n'y avait aucune trace d'un grand black avec un bras atrophié.

— Les garçons, vous prenez la porte de gauche ! a crié une voix au timbre étrangement chantonnant derrière moi. Les filles, celle de droite ! Allez, allez !

Je me suis retournée pour voir un type étrange à la blouse plus blanche que celles des autres, à la calvitie apparente et aux grosses lunettes qui lui faisaient des yeux de mouche. Il a vu que l'observais et il m'a souri.
J'ai frissonné d'effroi et je me suis dépêchée de rejoindre les trois autres filles du bunker.
Les douches n'étaient que de simples tuyaux de jardin troués à certains endroits accrochés aux poutrelles métalliques du plafond, mais c'était déjà le grand luxe comparé aux sceaux d'eau froide du puits du village.
Y repenser me fit mal au cœur et une bouffée de nostalgie me prit à la gorge tandis que les premières larmes depuis des années me sont montées aux yeux.

— Fillette ! ricana une voix sur ma droite.

J'ai serré les poings – valait mieux pas que je me fasse plus remarquer pour aujourd'hui – et je me suis avancée sous un filet d'eau plus ou moins tiède après avoir déposé mes vêtements dans un coin.
Sans prévenir, une fille s'est écroulée dans un cri effroyable et s'est mise à trembler brusquement. La porte de la pièce s'est ouverte avec fracas et une scientifique s'est directement dirigée vers la pauvre fille et l'a traîné à l'extérieur par les bras sans aucune précaution.
Il faut que je sorte d'ici, et vite, me suis-je dis tandis que je me remettais à me laver tant bien que mal.

— Oui, c'est déjà arrivé plusieurs fois qu'on attende le même genre cris, m'a expliqué Nikola après que je lui ai raconté ce qu'il s'était passé.

Comme tout le monde, lui aussi avait entendu ce qu'il s'était passé, en plus des rumeurs propagées par les personnes encore en-dehors des douches à ce moment-là.

— Et après, on ne revoit plus ces gens, a continué le petit. C'est ce que dit Viktor. Il a aussi dit que contrairement à nous, il était dans une grande pièce avec plein d'autres de son âge. Peut-être que ton grand frère est avec lui ?

— J'espère, ai-je marmonné sans grande conviction.
Voir autant de souffrance humaine m'avait mis un coup au moral, au point que je n'arrivais plus à être sarcastique, la honte !
Nikola m'avait informé ne pas avoir vu de personne correspondant à l'auto-portrait oral que je lui avais fait de Brook, et son frère non plus.
L'angoisse me rongeait peu à peu. J'étais incertaine de ce qui allait se passer dans les prochains jours dans cet endroit lugubre, ni de ce que advenait Brook. Et qu'allait-il se passer si nous ne revenions pas à temps avec des médicaments pour soigner Bane ?
J'ai étouffé un sanglot et je me suis retournée sur mon matelas.
Il fallait que je dorme à tout pris. La nuit portait conseil, comme on dit.


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