Breslau, le 16 mars 1941
Je suis content. Je viens d'écrire une lettre. J'aime encore mieux vous écrire que de recevoir une lettre car vous vous inquiétez plus pour moi. Il a fait beau aujourd'hui. Le soleil est revenu cette semaine. Nous serons dans 5 jours au Printemps. Ça avance quand même.
Breslau, 23 mars 1941, dimanche
Nous sommes au Printemps. Ce matin, lorsque je me suis levé, le soleil brillait déjà haut dans le ciel et je pensais qu'il ferait bon vivre en ce moment, là-bas dans notre douce France. Oh ! J'aurais voulu courir dans les vertes prairies baignées par le soleil. J'aurais aimé m'allonger dans l'herbe fraîche parmi les pâquerettes, les boutons d'or et regarder le ciel pur, en écoutant le chant joyeux des alouettes. Ou, assis au sommet d'un tertre parsemé de fleurs et de trèfles, bercé par le doux murmure d'une source, respirer l'arôme des bois et rêver de l'amour.
Breslau, le 29 juin 1941, 14h
Voilà plus de 3 mois je n'ai pas touché ce calepin. Je viens de le relire et je reste rêveur. Oui, voilà plus d'un an que j'espère. Je souris tristement : l'espérance fait vivre. Oui, depuis bientôt un an que n'ai-je pas écrit ! Que n'ai-je pas espéré ! Et maintenant ? Je ne sais pas. Je ne réfléchis plus. Je ne calcule plus. Je ne pense plus tant à vous. Je vous oublie un peu car le temps efface tout. Surtout, je ne veux plus penser. Je vis, tout simplement ! La guerre n'est pas finie. Au contraire, elle s'est amplifiée. La Russie est depuis une semaine dans la danse. Nous attendons. Chaque soir, nous disons : vivement demain. Chaque lundi : vivement samedi. Nous avons compté les jours, puis les semaines. Maintenant les mois (13 dans 15 jours). Bientôt, peut-être les années ? Et je n'ai plus le goût d'écrire. Nous recevons du camp des bouquins français et nous lisons pour oublier que nous sommes de pauvres prisonniers. Pourtant, je ne suis pas malheureux. Nous mangeons mieux que les civils. Nous sommes assez libres. J'ai continuellement, grâce à mes paquets, 2 kilos de pain d'avance et des réserves : conserves, etc.
13 septembre 1941
Très beau jour pour moi.
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Journal d'un prisonnier de guerre
NonfiksiCeci n'est pas une fiction. C'est le journal d'un jeune homme de 21 ans, qui a été fait prisonnier au tout début de la Seconde Guerre Mondiale. Il est resté prisonnier en Allemagne de Juin 1940 à avril 1945. C'était aussi mon grand-père. J'en ai hér...