Chapitre 5 : Une heure de colle un peu spéciale

35.6K 2K 420
                                    

Mon dernier cours spécial de la journée, la précognition, est terriblement ennuyeux en comparaison des deux autres. C'est simple, je ne réussis aucun des exercices de méditation. Je les ai pourtant prévenus que ce pouvoir n'était pas encore apparu ! Mais Linda, cet ancêtre, cette vieille peau qui nous sert de professeur, dit que c'est parce que je n'y crois pas assez et parce que je ne suis pas suffisamment détendue. Ben voyons !

Toujours est-il qu'il est à présent 18 h, que tous les autres peuvent maintenant aller se reposer ou faire ce qui leur chante, alors que moi, je dois rejoindre Esel pour une heure de travail supplémentaire. Sans parler de Dylan qui ne s'est pas gardé de me le rappeler.

Je me rends, d'humeur plutôt morose, devant la porte de la salle de cours d'Esel et toque trois fois. Celle-ci s'ouvre toute seule.

— Au moins un point positif pour toi dans la journée : tu es ponctuelle, constate Esel. Viens t'asseoir au bureau face à moi.

Cette place est particulièrement humiliante. Son bureau étant surélevé, je me sens toute petite à ma table en contrebas. Il le sait et en profite.

— Que vais-je bien pouvoir te faire faire ce soir ? se demande-t-il en se frottant le menton.

— Me laisser repartir ? lui suggéré-je malgré moi.

Depuis que je suis arrivée ici, que je suis entourée de gens comme moi, que je ne suis plus considérée comme une sorcière, je ne parviens plus à prendre sur moi. Ai-je refoulé mes émotions pendant trop longtemps ? Cela en serait-il une conséquence ?

— Insolente par-dessus le marché ? Tu as de la chance que je t'aime bien Orphère.

— Et je suis en retenue... Je n'ose pas imaginer ce que ce serait si tu ne m'aimais pas.

Il esquisse un sourire et me scrute le fond des yeux. Je lui tiens tête un moment, mais la tension devient trop forte et me force à détourner le regard. Je déteste avoir été aussi faible. L'air est encore plus électrique que pendant son cours et je ne peux m'empêcher de toucher discrètement mes cheveux afin de m'assurer qu'ils ne sont pas hérissés au-dessus de ma tête. Cet homme fait réellement naître une tension palpable autour de lui, c'en est presque effrayant.

— Tu la ressens, n'est-ce-pas ? m'interroge-t-il soudain.

— Quoi donc ?

— La tension dans la pièce, l'électricité, le pouvoir Orphère !

Voilà qu'il prend des airs de grandeur maintenant...

Je hoche la tête.

— Les autres ne font que la percevoir tandis que toi, tu la sens jusque dans tes os. Je vais t'apprendre à faire ressentir toute ton énergie, comme je le fais. Comme seuls les puissants psychokinésistes savent le faire. En seras-tu capable ?

Je le regarde déblatérer son petit speech sans vraiment comprendre où il veut en venir.

— Cette heure de colle n'est qu'un prétexte, m'explique-t-il en voyant que je suis larguée. Tu devras venir tous les jours.

— Tous les jours ! T'es au courant que les deux heures de précognition que j'ai avant m'endorment à un point inimaginable et que je ne serai absolument pas en état de travailler encore ?! m'indigné-je. J'ai déjà plus de cours que n'importe qui avec mes trois dons, tu ne peux pas m'en rajouter encore ! Tu n'as pas le droit Esel !

Il se met devant moi et pose violemment ses mains sur ma table, me faisant sursauter.

— Comment veux-tu progresser autrement ?

Orphère T1 : L'académie Adélaïde [édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant