Après cette journée au boulot, je soupirai en traînant des pieds dans le supermarché qui était situé à deux rues de notre appartement. Il était bientôt dix-huit heures trente et mon ventre grondait à cause de la faim. Mais j'étais tout aussi fatiguée. Et pourtant, la journée n'avait pas été si terrible que ça, à part que je guettais un peu trop souvent mon portable. J'attendais un message d'Hervé, sms jamais arrivé jusqu'à mon téléphone.
C'était avec déception que je déambulais entre les rayons sans aucune raison valable, car j'avais déjà dans mon panier ce dont j'avais besoin et surtout ce que je pouvais porter à la main.
Désillusion. J'étais accaparée par Hervé et ses messages invisibles. Je me repassais notre repas chaleureux en tête sans trouver une explication à son silence. Je fermai un instant les yeux en espérant oublier son sourire ou ses yeux bleus.
Lina avait finalement raison. Une relation ne pouvait pas fonctionner avec Hervé. Une pensée furtive me traversa l'esprit. Et si Lina était un génie ? Après deux minutes à rester planter devant le rayon des produits laitiers avec un air concentré, j'eus envie de me frapper la tête contre un mur. Lina, un génie ? Cette fille avait vraiment déteint sur moi pour que je puisse penser un truc pareil...
Soudain, en reprenant ma marche, je me cognai contre une personne et renversai une partie du contenu de mon panier de course. Je m'excusai à profusion en ramassant les objets à terre. J'entendis son rire. Un homme.
Je restai bloquée un instant, la main en l'air alors qu'il m'aida à ramasser un petit sac de pommes de terre. Je me repris vite quand il se releva.
– Je suis désolée, je ne regardais pas où j'allais, dis-je encore avec les joues qui chauffaient d'embarras.
Cet homme au regard sombre me fixait avec un sourire accroché aux lèvres. Il devait bien s'amuser de la situation, qui était bien sûr pas grave, mais plus gênante pour moi.
– Pas de problème. Bonne journée.
Et c'est ainsi qu'il partit vers la caisse. J'ouvris ma bouche, mais rien ne sortit. Je l'admirai de loin sans bouger.
Je venais de percuter un gars et l'ai laissé ramasser un sac de pommes de terre. Pourquoi mes pensées étaient tournées vers Lina en cet instant ? Je souris puis secouai la tête.
Cet homme, je ne le reverrai jamais. Il était impossible qu'il y ait autant de coïncidences en une seule journée. Hervé qui ne me répond pas comme si quelqu'un ne voulait pas de lui dans ma vie, puis cet homme qui apparaît alors que je lui fonçais dessus. Le cliché de Lina était bien présent, mais c'était trop beau pour être vrai. Il était trop beau pour être vrai.
Je filai vers la caisse et payai avant de sortir du supermarché. Je regardai à droite puis à gauche, mais mon homme en vue. J'éclatai de rire soudainement en secouant la tête. Des passants tournèrent la tête vers moi avant de froncer des sourcils. Je devais folle à cause de Lina, c'était certain. Je voyais des signes alors qu'il n'y avait rien !
Lina serait très intéressée de connaître ma rencontre avec cet inconnu, et elle me dirait sûrement que j'avais enfin trouvé l'homme de ma vie et m'engueulerait parce que je l'avais laissé partir sans rien dire.
Je montai les escaliers avec le sac de course en main et un sourire aux lèvres.
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Léa et Lina
HumorDeux colocataires. Des bousculades. Des garçons. Notre histoire. Et des patates.