Encore un dernier coup de couteau et la tarte était coupée. Je levai les bras au plafond en signe de victoire. La pâtisserie était enfin prête à être servie. Elle n'était ni trop cuite, ni trop pas cuite, c'était simplement parfait.
J'enlevai mon tablier puis regardai l'heure. Il était à peine midi. Déçue, le temps ne passait pas assez vite. D'un côté, dès que je mettais levée j'avais foncée sur la préparation de la tarte. Après un dernier coup sur celle-ci, j'approuvai mon expertise culinaire.
Je devais en garder pour Léa, elle verrait que j'étais très douée pour cuisiner autre chose que de la purée ou des frites achetées au supermarché. Je n'avais plus qu'à attendre qu'il soit trois heures environ pour aller toquer chez mon biker.
Fière de moi, je rangeai un peu les ustensiles de cuisine et nettoyai la vaisselle dans l'évier. Soudain, j'entendis la sonnerie de mon portable. Purée de patate, qui pouvait m'appeler ? À part Léa, je n'avais aucun autre coup de fil.
Les amies s'étaient volatilisées un à un alors que les parents n'étaient pas plus chaleureux qu'eux. Mais de bons amis j'en avais eu, au lycée. Après ça, beaucoup m'ont évitée parce que j'étais folle apparemment. Je ne voyais pas ce que trop active avait à voir avec la folatittude.
Je glissai mon pouce sur l'écran avant de me rendre compte que je venais d'accepter un appel de ma mère. Avec de grands yeux, je fixai l'appareil avant d'entendre un allô. Je déglutis puis portai le portable à mon oreille.
– Allô, maman, ça va ?
– Oh, Lina, j'ai cru que je m'étais trompée de numéro, tu ne pouvais pas répondre plus tôt ? envoya-t-elle, agacée.
– Ah désolée maman, soufflai-je en me pinçant des lèvres.
J'entendis un soupir de sa part. En fermant les yeux, je m'assis sur le canapé et attendis qu'elle parle.
– Sinon, tout va bien là-bas ?
– Oui, ma colocataire est très gentille.
– Et tu ne fais pas de bêtises j'espère ?
– Bien sûr que non maman, tu me connais, dis-je en souhaitant être convaincante, mais elle ne tomberait pas dans le panneau, je le savais.
– C'est parce que je te connais que je te demande ! répliqua-t-elle.
Ouch. Et de un. Jusqu'où ira-t-elle cette fois-ci ? Quatre poignards dans le coeur ? Moins ? Plus ? J'encaissai sans répliquer. Comme toujours. Grand-mère et ses frites me manquaient.
– Tu as au moins trouvé du travail ?
– À propos de ça...
– Tu n'es même pas sortie de la maison, n'est-ce pas ?
Les réprimandes continuèrent jusqu'à ce qu'elle en ait marre. C'était comme ça. À chaque fois qu'elle m'appelait pour avoir des nouvelles, elle faisait la conversation et je restais muette.
Elle raccrocha avec un mot d'aurevoire. Les lèvres pincées, je fixai l'écran.
– Bon, tout s'est bien passé !
Une fausse exclamation que mes larmes avaient pressentie. Je reniflai en essuyant mes joues, mais elle continuait de couler. Je détestais cette situation. Purée ! Pourquoi ça devait arriver aujourd'hui ?! Voyant que je n'arrivais pas à retenir mes larmes, je les laissai couler.
Après au moins deux heures, je commençai à faire le déjeuner. Puis je rangeai l'appartement. C'était une journée en compote. J'envoyai un message à Léa.
Ma patate douce des Antilles, tu me manques. Reviens vite, je m'ennuie.
Je restai un instant devant mon portable en espérant qu'elle réponde. Mais je croyais quoi ? Qu'un message allait se pointer comme ça ? Léa travaillait. Contrairement à moi. Les réprimandes de ma mère me revenaient en tête. Je les chassai en secouant frénétiquement la tête de gauche à droite. Une fois décoiffée, j'enlevai mon élastique des cheveux pour remettre en ordre ma tignasse blonde.
– C'est parti, mamie ! Je vais faire tes frites pour ce soir !
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Léa et Lina
HumorDeux colocataires. Des bousculades. Des garçons. Notre histoire. Et des patates.