Chapitre 9: S'ouvrir l'un à l'autre

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« Quel est cet endroit Khalim? Demanda Amalia en posant le pied à terre. » 

- Je pourrais le dire! Mais je vous assure que vous serez plus fière si vous découvrez vous-même. 
   
Amalia lui coula un regard suspicieux et jeta un coup d’œil circulaire autour d’elle. Il y avait partout des milliers de colonnes qui semblaient avoir porté de somptueux bâtiments des siècles auparavant. La structure générale lui donna l’impression que les colonnes formaient une sorte de cercle. Et tout au centre, il y avait un haut lieu, comme un lieu de culte. C’était une sorte de cité avec un haut lieu de culte. Son regard s’égaya instantanément quand elle comprit. Elle se tînt la bouche avec les deux mains pour ne pas hurler et le regarda Khalim avec stupéfaction. Quand il hocha la tête, elle sut qu’elle avait trouvé juste.   
    
- Dieu! C’est la cité d’Alamout; chuchota-t-elle en ramenant ses mains à sa poitrine.   
   
- Du moins ce qu’il en est resté après les multiples invasions; confirma Khalim.       
 
-J’ignorais qu’elle existait encore; murmura-t-elle pour elle même.

Soudain, dans ce lieu à la fois mythique et historique, elle se sentit très proche de ses parents qui devaient y être venus avant elle. Elle ressentit une telle connexion avec eux qu’elle se sentit aussitôt démunie. Son père était parti, sa mère après lui. Elle était désormais seule au monde. 
Le chagrin l’empoigna, vif et intense.
Elle sentit une immense pression, comme une cage lui enserrant la poitrine. Sa gorge s’était nouée si fort qu’elle ne pouvait pas hurler, seules les larmes qui coulaient exprimèrent sa détresse. Elle n’avait même pas pleuré ainsi en apprenant le décès de sa mère. Son mutisme soudain inquiétant Khalim.  

- Amalia, ça va? 

Il la contourna pour lui faire face et reçut un véritable choc en la voyant si abattue. Ces yeux s’étaient assombris, perdant leur éclat. 

-Non, ne dites rien; le supplia-t-elle; rien… 

Sa voix se brisa sans qu’elle ne puisse terminer. Sans un mot, il la prit dans ses bras et elle éclata en sanglots. S’il avait pressenti que venir là l’affecterait autant, il n’aurait pas pris cette initiative.   
      
- J’étais pas là Khalim; hoqueta-t-elle; mes parents sont morts et j’étais loin d’eux chaque fois. 
   
- Chut; chuchota-t-il en lui caressant les cheveux. Ne t’infliges pas cela Amalia. Tu n’y pouvais rien. Personne n’y peut rien.  

- Je sais, mais ça fait si mal; geignit-elle.  

Il pouvait la comprendre. Même si ses parents étaient encore en vie, une embolie avait menacé la vie de Fawzieh deux ans plutôt. Il n’avait pas oublié l’angoisse qu’ils avaient tous vécu à l’idée de la perdre. Amalia, elle, avait perdu ses deux parents. La douleur devait être insoutenable.
Il la laissa évacuer son chagrin, se constituant en soutien pour elle. Peu à peu ces sanglots s’espacèrent et elle recouvra une respiration normale. Elle resta quand même pelotonner dans ses bras. Elle aurait pu y rester mais il remarquerait bien vite qu’elle allait beaucoup mieux. Et ce serait plus embarrassant.
Pourtant elle garda sa position. 

- Tu vas mieux? S’enquit-il au bout d’un moment.

Elle hocha la tête contre son torse puis inspira profondément et se détacha enfin de lui.       
 
- Je suis désolée de m’être laissée aller comme ça.                 
- C’est à moi de te demander pardon, je n’aurais pas dû t’emmener ici; dit-il en se passant une main nerveuse dans les cheveux. Retournons à Himdallah, c’est mieux. 
     
- Non Khalim, on est là et on y reste.      
  
Elle se passa les mains sur le visage et expira à nouveau.               

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