Chapitre 11: Devoir et Amour

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D’un pas assuré, Khalim s’engagea dans l’aile du palais réservé aux appartements royaux. Ces deux semaines passées avaient été pénibles pour lui. Des contrats d’affaires entre Alahouyid et des partenaires économiques l’avait tenu éloigner du royaume la plupart du temps.                     
Mais au milieu de tous ses voyages à travers le moyen orient, il avait eu le temps de réfléchir sur la situation qui le préoccupait. Il avait finalement trouvé la solution qu’il pensait la meilleure et en avait discuté avec ses frères. Comme il s’y attendait, ceux-ci lui avaient témoigné tous leur soutien. Il restait à convaincre l’émir et la reine.  Il frappa à la porte et tourna le poignet. Ses parents l’attendaient dans leur salon privé. Il s’assit après les avoir embrassé.

-Nous t’écoutons mon fils; dit le roi. 

Khalim alla droit au but.

-Je ne vais pas épouser Sourayah parce que j’en aime une autre.

Les parents de Khalim acquiescèrent. Ils s’attendaient à cette décision du jeune homme. Des années en arrière, confronté au même choix, Farwal avait choisi de suivre son cœur. Il ne blâmerait pas ses enfants de faire la même chose. Bien au contraire.

- D’accord Khalim; décida le roi. C’est ta vie et nous ne t’imposerons rien. Je suis l’émir d’Alahouyid mais si je dois sacrifier le bonheur de mes enfants, je préfère perdre Himdallah. 

Compatissante mais fière, Fawzieh prit la main de son mari. Elle savait combien son pouvoir était en danger avec le calife. Mais qu’il pense à sa famille avant tout l’émut beaucoup plus. 
  
- Nous ne perdrons pas forcément la ville si nous nous y prenons comme il faut père; annonça Khalim avec une farouche détermination.

Intrigués, ses parents le regardèrent, attendant la suite.   

- Si nous laissons Himdallah aux mains du calife aujourd’hui, demain il voudra Rajah et ainsi de suite. Papa, si tu nous as donné l’opportunité de travailler avec toi, c’est parce que tu as confiance en nous pour t’aider à gérer cet empire.      

- Et vous ne m’avez pas déçu
   
- Nous n’allons pas nous y mettre maintenant non plus; reprit Khalim. J’ai réfléchi à chaque détail de cette histoire et j’ai longuement discuté avec mes frères. Je refuse la main de Sourayah, Rafiq n’est pas plus disposé à l’accepter. Mais nous n’admettons pas que le calife s’en serve pour nous faire chanter.   
  
- Que préconises-tu alors mon chéri? S’enquit Fawzieh.

- C’est simple. Himdallah a toujours été une ville pleine d’atouts, mais on sait tous que le règne des Muhammad l’a retardé économiquement. Cela a changé depuis que notre famille a repris l’émirat et ces dernières années, vous vous êtes beaucoup investi pour faire d’elle la seconde plus grande ville du pays. Toi papa, avec toutes ces écoles, ces centres pour jeunes et l’ouverture de nouveaux champs pétroliers pour donner du travail à la population. Quant à toi maman, tu fais un travail remarquable auprès des artisans et pour les droits des femmes. Sans compter les partenariats financiers avec le Bahreïn qui d’ici cinq ans, mettront Rajah et Himdallah au même niveau.

Il marqua une pause et continua: 

- Yusuf veut la voix du chantage, nous utiliserons celle de la légalité. Je suis certain que si tu le demandes, le peuple d’Himdallah sera avec toi.         
- Que suggères-tu? Fit l’émir d’un ton bourru.

- Que nous soumettions la population au vote, à un référendum. Sa décision sera celle que nous respecterons.         
     
Khalim était bien conscient du risque. Même si le calife ne jouissait plus de la même notoriété, sa famille avait toujours dirigé Himdallah et les petites villes qu’elle comprenait. Pourtant plus que jamais, il était temps d’en finir. Et l’émir était tout aussi convaincu de cela que lui puisqu’il accepta sans conditions. Khalim était à moitié déchargé de son fardeau. Il restait encore à en parler avec le calife que l’émir convoqua en urgence pour l’après-midi même. Avant de se rendre à son bureau, l’émir prit Khalim par les épaules. 
        
- En tes frères et toi, j’ai une totale confiance. Pas seulement pour gérer les affaires du royaume mais aussi pour préserver l’honneur et la dignité des Mujarat. Les traditions sont là pour nous aider à garder l’équilibre. Mais quand elles deviennent un poids pour nous, nous devons les alléger. Tu viens de m’apprendre qu’il nous faut arrêter de vivre selon les lois passées. J’espère que cette leçon te servira également. 

Le Secret Du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant