Chapitre 16: Aimer à l'infini

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La cérémonie officielle de présentation du nouveau couple princier eût lieu une semaine après leur retour d’Europe. Ce fut l’entrée solennelle d’Amalia dans la famille royale et le début de sa nouvelle vie de princesse. Loin de tout ce qu’elle avait imaginé, le changement ne fut pas aussi important dans la pratique. Il y avait bien sûr le titre, les honneurs et les obligations relatifs au fait d’être l’épouse d’un prince Mujarat, mais rien qu’elle ne soit en mesure d’accomplir avec entrain et réussite. 
Aussi, elle avait le soutien inconditionnel de la reine et de sa nouvelle belle-sœur avec qui elle s’accommodait à sa nouvelle situation. Les hommes du clan veillaient aussi à ce qu’elle s’intègre à leur manière.  L’enquête concernant les vases d’Alamout avait finalement été conclue et Samar Abdul avaient rendu les pièces manquantes avant d’être écroué. Certaines pièces vendues au noir restaient encore à retrouver car elles avaient été sorties du musée longtemps avant la découverte des contrefaçons. L’ancien directeur du musée avait échangé et sorti les pièces une à une prétextant des restaurations avant de se faire prendre. Rafiq rendit les résultats de l’enquête au roi quelques semaines avant le mariage mais celui-ci, nourrissant d’autres projets, garda le secret. Ainsi, jusqu’à ce qu’il l’annonce à Amalia lors de la cérémonie officielle, même Khalim ignorait que son père la nommerait comme nouvelle directrice du Muhammad Rajah Muséum. Elle accepta ce merveilleux présent qu’il lui faisait avec joie. Elle avait d’ailleurs commencé un inventaire de chaque pièce du musée afin de restaurer ce qui devait l’être. Son ancienne équipe du British Muséum  ainsi que les spécialistes locaux l’accompagneraient dans la tâche. Elle avait l’autorisation du roi et du conseil d’administration afin d’apporter toute la rénovation nécessaire pour moderniser le Musée national.                 
Tarik et Rafiq s’essayaient parfaitement dans leurs rôles de beauxfrères, surtout Rafiq avec qui elle partageait une passion artistique. Mais le meilleur de tous restait Khalim qu’elle aimait chaque jour davantage. Se réveiller à ses côtés était une bénédiction et elle ne regrettait pas d’avoir laissé son quotidien à Londres pour vivre dans le désert avec lui. Et comme son âme était aussi belle que lui, Khalim avait anticipé sur un de ses souhaits pour lui faire une surprise inédite. 
Quelques semaines après leur retour, il fit ériger un mémorial en l’honneur de ses parents sur un terrain privé du cimetière de Rajah pour qu’elle puisse s’y recueillir au besoin. 
Rien que pour cela, elle lui était éternellement reconnaissante. Avec Nouriah, elles y allaient souvent pour déposer des fleurs et passer quelques temps à évoquer Nelson et Sadiyah, enfin réunis à Alahouyid. Cet après-midi-là d’ailleurs, elles en revenaient avec Khazar et Azur. Ils s’arrêtèrent tous chez Nouriah pour prendre le thé. Amalia n’avait pas l’intention de s’attarder cependant.
En voyage d’affaires depuis trois jours, Khalim rentrait le soir même et elle tenait là pour l’accueillir. Elle voulait être rayonnante pour lui et pour cela, elle avait besoin de se reposer. Entre le musée, le palais et les visites caritatives, elle avait eu peu de temps ces jours-ci et sentait poindre la fatigue.
Adossée au comptoir de la cuisine, elle regardait Nouriah s’affairer à faire les breuvages. A la place du thé, celle-ci lui proposa plutôt un verre de lait.       
- Bois ceci mon cœur, tu dormiras mieux quand tu rentreras. Tu fais mine grise aujourd’hui.      

- Ça se voit tant que ça? Désolée maman Nour; s’excusa-t-elle confuse. C’est que j’ai un peu forcé le travail ces jours-ci. Je dois avoir perdu l’habitude.        
- Dans ce cas, hâte toi de rentrer te reposer. Si ton mari te voit ainsi, il risque de t’interdire de travailler pendant un moment. 

Amalia sourit en portant le verre de lait à ses lèvres. Khalim serait en effet capable de lui interdire de travailler, mais ce serait pour bien
d’autres raisons. Des raisons qu’elle éviterait par pudeur de révéler à sa marraine. En ramenant la tête en avant, elle vacilla légèrement et posa le verre sur le comptoir. 

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