II

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Séamus ouvrit brutalement les yeux et se redressa en prenant une profonde bouffée d'air. Le pouls battant et martelant ses tempes, il tourna la tête de tous les côtés en haletant, sans comprendre où il se trouvait.Sa sueur avait trempé les draps du lit sur lequel il se trouvait et tenait ses cheveux bruns plaqués sur son front. Il peinait à reprendre son souffle et sa gorge le brûlait. Une main glacée se posa sur son bras et il poussa un cri à son contact :

- Séamus, calme-toi, lui dit sa mère d'une voix inquiète qui se voulait apaisante.

Il tourna la tête vers elle et la vision de cette figure rassurante le calma quelque peu,puis une femme d'une quarantaine d'années à l'allure sévère entra dans son champ de vision. Alors qu'il reprenait son souffle, elle énonça d'une voix aussi froide que ses yeux :

- Bonjour Séamus – elle regarda sa montre et ajouta sans aucune ironie – ou plutôt devrais-je dire bonsoir. Elle jeta un coup d'œil à ses notes et fixa Séamus droit dans les yeux : tu as été admis aux urgences il y a neuf jours, après un accident de moto. Désignant le bras plâtré de son patient, elle continua : fracture ouverte de l'avant-bras, comme tu as pu t'en rendre compte – à vrai dire, il n'en avait pas encore eu le temps. Tu as subi un gros choc, mais heureusement tu as échappé à la commotion. Tu as eu beaucoup de chance. Quand à ton coma, ne vous inquiétez pas, dit-elle en regardant la mère de Séamus, c'est une réaction tout à fait normale du métabolisme. Une sorte de protection si vous voulez. Sur ce, il faut que je vous parle, en privé.


 Le docteur se dirigea vers la porte, entraînant avec elle la mère de Séamus qui jeta un dernier regard inquiet à son fils qui lui rendit un sourire qui se voulait rassurant. Lorsque la porte se referma et qu'il fut à nouveau seul dans la chambre, il retomba sur les oreillers et fixa le plafond pendant de longues minutes. Il essaya de donner un ordre aux événements de ces derniers jours et à la masse d'informations qu'il venait de recevoir mais, l'esprit encore trop engourdi pour réfléchir à quoi que ce soit, il tomba dans un sommeil sans rêve.

Quand Séamus rouvrit les yeux, il était toujours seul et la nuit était noire. Il se redressa sur les draps froissés et passa une main dans ses cheveux emmêlés.Jetant un regard à la sonnette, il songea à s'en servir, puis se ravisa, se souvenant qu'il aimait la solitude. Par la fenêtre, il ne pouvait voir que les nuages sombres qui recouvraient le ciel noir de cette nuit d'hiver. Séamus s'assit sur le bord du lit et tenta de se lever. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, il le trouva glacé et eut un mouvement de recul instinctif. Il s'appuya sur ses mains pour s'aider et faillit tomber tant ses jambes étaient faibles. La tête lui tourna et sa vue se brouilla pendant quelques secondes, il du s'appuyer au mur froid. Quand sa vison se stabilisa, il s'approcha de la fenêtre sans rideaux qui se trouvait près de son lit.Au-dehors, la brume épaisse baignait ce que Séamus reconnut pour être le parking de l'hôpital où stationnaient quelques voitures.Les lampadaires éclairaient faiblement l'allée pavée tels des phares un jour de tempête. Un chat passa en courant, puis le calme se fit total.


Plusieurs minutes passèrent ainsi et Séamus songea à retrouver la douce chaleur de son lit, quand une silhouette se dégagea du brouillard et se posta au pied du réverbère le plus proche. C'était une femme aux longs cheveux bouclés et à la peau pâle, simplement vêtue d'une robe blanche, ce qui intrigua Séamus, étant donné le froid qui régnait au-dehors. Il l'observa plus attentivement et s'aperçut qu'elle allait pieds nus. Mais ce qui l'étonna le plus, c'est qu'elle semblait le fixer. Non, il en était sûr : elle le fixait. Ils restèrent ainsi à s'observer en chiens de faïence pendant de longues minutes, puis la femme recula dans la brume et disparut.

Wait and SeaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant