Séamus ouvrit brutalement les yeux et se redressa en prenant une profonde bouffée d'air. Le pouls battant et martelant ses tempes, il tourna la tête de tous les côtés en haletant, sans comprendre où il se trouvait.Sa sueur avait trempé les draps du lit sur lequel il se trouvait et tenait ses cheveux bruns plaqués sur son front. Il peinait à reprendre son souffle et sa gorge le brûlait. Une main glacée se posa sur son bras et il poussa un cri à son contact :
- Séamus, calme-toi, lui dit sa mère d'une voix inquiète qui se voulait apaisante.
Pris d'effroi, il recula brusquement et replia les jambes contre son torse. Une femme d'une quarantaine d'années à l'allure sévère entra dans son champ de vision. Il haletait et suait à grosses gouttes, sans pouvoir reprendre son souffle. Alors que les deux femmes s'agitaient autour de lui pour tenter le calmer, sa respiration se faisait de plus en plus hachée et les larmes brouillaient sa vue. Il émit des gémissements qui ne réussirent qu'à le faire suffoquer plus encore. On finit par lui administrer un calmant.
Cela fait maintenant deux jours qu'il est rentré chez lui et s'est muré dans un profond mutisme. Il ne veut pas parler. Il ne veut voir personne. Il veut simplement une réponse. La jeune femme l'obsède de plus en plus. Il a besoin de la revoir. Il sait où il doit aller.
Il partit en courant,serrant son bras blessé contre son torse. Le vent glacé lui fouetta le visage et lui brûla les yeux. Son souffle régulier fit naître des nuages au bout de ses lèvres. Sa course rythmée par le bruit de ses pas alourdis par les Doc Martens lui martela les tempes. Son corps se réchauffa rapidement, malgré les quelques vêtements qu'il portait : un jeans déchiré, un t-shirt « Los pollos hermanos » et, par-dessus, une veste de tartan bleu ayant autrefois appartenu à son père. À peine un kilomètre séparait sa maison de la plage, qu'il aperçut bientôt.
Elle l'attend sur le ponton. Assise les pieds dans l'eau, elle tourne la tête à son approche. Il se précipite vers elle. Elle se relève et, fixant l'eau calme, commence à s'y enfoncer. Séamus accélère l'allure.Elle continue de couler. Il pose un pied sur la première latte du ponton. Il n'y a pas de bulle là où elle devrait se trouver. Ils'étale sur le bois humide et couvert de sable. Son plâtre se brise. Il hurle de douleur. La main tendue, Séamus rampe jusqu'au rebord.
Il ne restait dans l'eau sombre rien d'autre que de l'écume.
Le va-et-vient des vagues, le murmure de la brise dans les hautes herbes, l'odeur de lamer et le parfum du sable humide. La chaleur du soleil matinal et le froid du vent auquel se mêlent des gouttes de sel. Dans le ciel d'hiver, aucun nuage, mais trois mouettes. Au-dessus de tout,spectatrices de la colère la mer qui vient se jeter contre l'immobilité de la terre, elles sont reines des cieux. À la surface de cette eau tumultueuse s'étend l'écume.
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Wait and Sea
Cerita PendekLe va-et-vient des vagues, le murmure de la brise dans les hautes herbes, l'odeur de la mer et le parfum du sable humide. Après un accident de moto, Séamus rencontre une femme sans âge qui l'obsède...