Rachel, un sac sur le dos, retrouva Ambroise et Martha à un arrêt de bus non loin de chez elle. Un sourire planait sur ses lèvres, et il s'agrandit lorsqu'elle apperçut les jumeaux. Son pas s'accéléra, et elle vint leur embrasser une joue, en guise de salutation.
"Pi-ou n'est pas avec toi ?
- Eh bien non Ambroise, j'ai dû le forcer à rester à la maison, ce qui est plus pratique lorsqu'on va à la piscine. Mais, il a finit par me suivre, puis il s'est allongé au sol dès qu'il a vu un rayon de soleil.
- Il te manque déjà ?
- Bien sûr que non, Martha !
- Allez, ne le prend pas comme ça, je suis sûre que vous vous adorez !"
Rachel acquiesca, et rigola malicieusement.Le bus arriva quelques secondes plus tard, et tous les trois embarquèrent. Le trajet fut relativement long ; il n'y avait pas de piscine à proximité du village, alors il fallait faire un bout de trajet pour aller dans l'eau.
Cela ne dérangea pas les trois amis, ils passaient leur temps à papoter, toujours quelque chose à raconter. N'importe qui aurait été étonné du flot de paroles qui se déversait de leur bouche. Ambroise demanda si la piscine était sympathique, Martha s'inquiétait de la façon dont elle allait attacher ses cheveux, et Rachel rassurait les deux : la piscine était petite mais possédait trois bassins, dont l'un avec de nombreux jeux, et une tresse suffirait. Ils parlaient aussi du repas d'hier, rigolaient timidement de leurs parents, et ne tarrissaient pas d'éloges sur les succulents plats. Rachel rougit légèrement à ces paroles. Tous les trois abordaient aussi le programme des jours à venir, mais la jeune blonde persistait en disant qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de planifier quelque chose pour le moment, ils verraient bien demain, ou à la limite, ce soir.Le bus s'arrêta enfin, et déposa les trois amis à une rue de la piscine. En deux minutes, ils étaient à l'intérieur, et se déchaussaient déjà. L'impatience se lisait sur leurs visages, et Martha fut la plus rapide à se trouver une cabine pour se changer. Elle avait déjà enfilé son maillot de bain sous ses vêtements, et, quelques minutes avant son frère et Rachel, elle sortit de sa cabine. Elle attendait avec une petite inquiétude son amie : Martha ne savait pas faire de tresses, et voulait que son amie lui en fasse une.
Lorsque Rachel sortit, elle s'exécuta directement après la demande de la petite brune, et la tresse fut ravissante. Ambroise assistait au spectacle d'un oeil amusé.L'appel de l'eau chlorée fut plus fort que tout. À peine mouillés par la douche, les trois compèrent partirent dans le grand bassin. Ils nageaient dans tous les sens, riaient aux éclats, s'éclaboussaient gentillement, et plongeaient vers le sol, observant sous l'eau grâce à leurs lunettes. Le temps filait sans qu'ils ne s'en rendent compte, car ils profitaient de l'instant présent, de la présence de chacun, et surtout de l'eau fraîche de la piscine en cette chaude matinée.
Ambroise mimait un chat qui paniquait à la vue de l'eau, et Rachel ne put s'empêcher de lui faire remarquer qu'il ressemblait beaucoup à Pi-ou. Le jeune homme fit l'innoncent, mais il s'attachait de plus en plus au petit chat. Leurs jeux et discussions repartirent de plus belle. Martha fit l'étoile de mer tout en parlant des cheveux de son frère, et Ambroise soupira en disant que sa longueur le satisfaisait comme ça, puis il emmena Rachel loin de Martha, pour montrer son désaccord à sa soeur."Mesdames et messieurs, la piscine fermera ses portes d'ici trente minutes, merci d'évacuer les bassins dans les dix minutes suivantes.
- Déjà ? Je n'ai pas vu le temps passer !
- Moi non plus... on sort maintenant ?"
Les deux jeunes femmes acquiescèrent les paroles d'Ambroise, et ils sortirent ensemble du bassin. Ils mirent un peu plus de temps pour se changer que lors de leur entrée, mais ce fut Rachel la première sortie de la cabine ; elle avait besoin d'un peu de temps pour soigner ses longs cheveux blonds.
"Quelle petite princesse.
- Je suis sûre que tu prends aussi soin de tes cheveux que moi, Ambroise.
- Non. Et arrêtez donc de parler de mes cheveux.
- Tu préfères qu'on parle de Pi-ou...?
- Finalement, ne parlez de rien. Je m'en porte très bien comme ça."Ils sortirent tous les trois de la piscine après douze heures, la faim au ventre. Ils décidèrent cependant de rentrer au village, et de s'acheter de quoi manger là-bas, puis de s'installer au bord de la fontaine. Le programme fut vite accompli, le bus roulait à vive allure.
Sous l'ombre d'un arbre, et finalement en face de la fontaine, Martha se redressa et alla jeter le papier qui contenait son petit dessert. Elle revint s'asseoir à côté de ses compagnons, et fit remarquer qu'ils ne pouvaient pas rester assis ici indéfiniment. Alors Rachel proposa d'aller se mettre à l'ombre de quelques arbres, sous le lac. Les jumeaux acquiescèrent, mais la marche fut lente : les trois amis étaient fatigués par la piscine de ce matin. De plus, ils avaient le ventre plein, et la digestion n'arrangeait pas les choses.
C'est finalement au bout de longues minutes qu'il arrivèrent à leur but. Ils portaient toujours leur sac de piscine sur le dos, et Ambroise eut la bonne idée d'étaler sa serviette un peu humide sur les galets du lac. Il s'allongea sur celle-ci, soupira d'aisance, et clôt ses yeux. Les deux jeunes filles trouvèrent l'idée remarquable, et, tandis qu'elles faisaient de même, Martha ne put s'empêcher de commenter :
"Je ne savais pas qu'il pouvait avoir des idées aussi formidables.
- Je t'endend, je ne dors pas encore !"
Mais cela ne sut tarder. Les compères s'allongèrent les uns à coté des autres, et les filles fermèrent elles aussi leurs yeux sous leurs lunettes de soleil.Le sommeil les gagna petit à petit. Une brise légère les entourait, le vent faisait parler les feuilles, les oiseaux chantaient, et le glou-glou des remous du lac les détendaient. Ils avaient besoin de récupérer des forces, après une matinée si agitée. Et rien de mieux qu'une sieste digestive. Malgré le soleil qui montait de plus en plus haut dans le ciel, aucun des trois ne se retrouvait à dormir sous ses rayons. Ils avaient choisi un endroit stratégique, sous un grand arbre dont l'ombre venait les couvrir où qu'ils fussent.
Le temps passait, tranquillement, sans déranger personne, et ce ne fut qu'une petite heure plus tard qu'Ambroise ouvrit les yeux. Il bailla, s'étira, une pierre lui chatouilla le dos, se frotta les yeux, se tourna en direction des filles ; Martha ronflait légèrement. Il remarqua enfin ce qui clochait : Pi-ou se frottait doucement à ses pieds. Le jeune homme rigola silencieusement, puis le porta et l'installa sur ses genoux. Le petit chat ronronnait, et Ambroise souriait. Quelques minutes plus tard, il entendit un raclement de gorge. Rachel venait de se réveiller, et un sourire narquois prenait place sur son visage. Ambroise la fit taire avant même qu'elle puisse dire quelque chose, déposa le chat sur les galets, puis remonta son jean sur ses jambes. Il se redressa silencieusement, afin de ne pas déranger sa soeur, et, sous le regard puissant de Rachel, alla tremper les pieds dans l'eau. La grande blonde alla à ses côtés, ils finirent pas s'asseoir, la fatigue pointant encore le bout de son nez.
"Comme c'est gentil de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller ta petite soeur...
- À vrai dire, c'est ma grand soeur. On est jumeaux, mais elle est née un peu avant. Elle profite de cet argument pour me faire du chantage, alors que c'est stupide : on a le même âge. Et retire ce petit ton ironique de ta bouche, Rachel.
- Elle a bien raison. Tu le mérites ce chantage. Et, techniquement, elle est plus âgée que toi.
- Ahh... ce que tu peux être mauvaise."
Rachel lui tira la langue, puis repris la conversation, plus sérieusement. Seul les miaulements de Pi-ou poncuèrent le court silence.
"Rassure-moi Ambroise... Je te taquine, mais tu le sais que je t'aime bien, hein ?
- Bien sûr. C'est normal de taquiner les gens face à qui on se sent inférieur.
- Oh ! Je suis très déçue de toi, je te croyais plus gentil. Tu devrais couper tes cheveux.
- Enlèves tes sales pattes de mes cheveux. Ils sont très bien comme ils sont, et évite de m'en arracher.
- C'est pour faire une potion. Je suis une sorcière, boouuh !
- Tu ne m'impressionne pas du tout, Rachel. Je pourrais te jeter dans l'eau du lac si je le voulais.
- Eh bien vas-y, si c'est ce que tu crois.
- Je n'en ai pas envie."
Rachel gloussa malicieusement, et trempa la petite patte de Pi-ou dans l'eau du lac, pour jouer. Tous les trois se retournèrent simultanément lorsqu'ils entendirent Martha bailler sans retenue. Elle suivit le même rituel que son jumeau, et vint finalement s'asseoir entre ses deux amis.Entre discussions, jeux avec le chat, rires et baignades rapides dans le lac, ainsi que petite deuxième sieste pour Martha, le temps de rentrer chez soit arriva vite.
"Probablement une des meilleures journées passée ensemble depuis que je vous connais, les amis.
- Totalement d'accord, Rachel.
- On se revoit demain ?
- Évidemment que oui, Ambroise.
- Je demandais à Rachel ; je sais qu'on va se revoir nous, on habite ensemble.
- Eh bien oui, Ambroise, j'imagine qu'on se reverra. On constatera bien de ce que le destin nous a réservé.
- Elle et ses grands discours sur le destin...
- Miaou."
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L'été d'Avant
Historia CortaRachel passe tous ses étés au même endroit. Elle remet toujours tout entre les mains du destin, et ne planifie jamais rien. Alors elle espère quelque chose de nouveau pour cet été. Elle finira par trouver la compagnie de trois nouveaux amis, qui lu...