C'est si bon de te revoir.

13. Reconstruire tout ce que l'on a osé détruire

Pas mal de monde avait déjà débarqué chez Cyril, il était 22h. Maxime était déjà là, d'ailleurs il se faisait plutôt discret. Ils s'étaient évidement salués comme si de rien était, aucun des deux ne considéraient que leur relation en était au stade de couple.

Cyril chercha Maxime du regard, et le trouva rapidement, debout dans un coin du salon en train de discuter avec... une jeune femme.

- Max' ? demanda-t-il innocement en s'approchant d'eux.

- Ouais ?

- Ah désolé, je vous dérange, remarqua-t-il.

- Ah non mais pas de soucis hein, lança la fille en face de lui.

Cyril lui souria brèvement, puis se tourna vers Maxime, qui avait un étrange sourire collé au visage, comme s'il se retenait de rire.

- Je voulais te parler d'un truc vite fait, mais terminez votre discussion hein, j'attend dans la chambre.

- D'accord.

Cyril avait beau chercher, il ne connaissait pas du tout la fille avec qui Maxime parlait. Pourtant il était chez lui, mais bon, ce n'était sûrement pas la seule inconnu qui se trouvait dans son appartement à l'heure actuelle.

Il n'eut pas à attendre longtemps Maxime, qui refermait déjà la porte de la chambre derrière lui. Il avait toujours cet air débile plaqué sur la gueule.

- Qu'est-ce qui te fait rire ?

- Je rigole pas, répondit le brun en riant, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

- C'était qui ?

- De quoi ?

- La fille avec qui tu parlais ?

Maxime ria encore.

- C'est juste pour ça que tu es venu nous interrompre ?

- Non, non, non, pas du tout, c'est juste qu'on est chez moi, et je la connais pas, du coup, bref. Non. C'est à propos de Samuel.

- Ah.

Perte immédiate du sourire de Maxime.

- Qu'est-ce qu'il avait l'autre jour ?

- J'sais pas... Il est hyper bipolaire. Un jour il est tout content, et le lendemain il me prend la tête...

- À propos de quoi ?

- De toi. Euh. Nan. De moi. Nan, de nous.

- Il t'a pris la tête ?

- Un peu mais pas grand chose, t'inquiète pas pour ça, si tu vas lui parler ça sera encore pire...

- Mmh.

- Eh.

- Mh ?

Maxime s'approcha un peu de Cyril, et le regarda dans les yeux avec un air très concentré.

- Ne va pas lui parler.

- Mais oui, t'inquiète.

- Merci.

Le brun ponctua sa phrase en déposant un léger baiser sur la joue de Cyril, qui rougit brutalement, puis il sortit de la pièce.

Ils ne s'étaient pas ré-embrassés depuis les fameuses 2 semaines. Celles où, à la fin, Maxime s'était barré sans rien dire. Et depuis, il n'y avait pas eu énormément de rapprochements entre eux. Alors forcément, chaque geste de la part du brun étaient comme éléctriques pour Cyril.

"Il ne m'a quand même pas dit qui était cette fille", râla-t-il intérieurement.

*
*    *

L

a soirée était terminée, il ne restait plus que les deux "amis" dans l'appartement. Ils avaient vaguement remis un peu d'ordre, et Cyril avait proposé de raccompagner Maxime chez Samuel.

Maxime avait élu domicile chez Samuel pour ces vacances. Selon Cyril, ce n'était pas forcément qu'il soit chez lui, et qu'ils soient 24h/24 ensemble. La dernière fois, ça avait très mal fini.

- Je peux rentrer tout seul hein, remarqua Maxime.

- J'sais bien, j'ai juste envie de te raccompagner, j'ai pas la galle.

- Que tu crois, souria Maxime.

Ils enfilèrent leurs vestes et leurs baskets, et entamèrent (ta mère lol) la route qu'ils avaient à faire.

Maxime regardait machinalement ses pieds, puis le ciel, puis ses pieds, puis à nouveau le ciel. Il avait l'air de penser à un tas de choses, qui intéressaient Cyril.

- À quoi tu penses ?

- Je me demandais...

On se demande tous des tas de choses. Ça va de la préoccupation banale jusqu'à des questions existentielles, et ça nous obsède. C'est ça. Des pensées obsessionnelles. Un genre de spirale infernale, qui a tendance à nous rendre plus stupide qu'on ne le croit. Réfléchir, c'est toxique. Se poser mille et une questions sans réponses, c'est assez frustrant. Souvent, ça relève du quotidien. Des tracas peu handicapants, qui nous s'accumulent et nous fatiguent. Et parfois, ce sont des interrogations un peu plus importantes. Des questions dont les réponses pourraient changer le fil de notre vie.

- On fait pas tout ça pour rien. N'est-ce pas ?

Mais elles valent la peine d'être entendue. La réponse est importante. C'est rassurant de savoir où on va, dans quoi on se lance : se jette-on dans le vide ou peut-on déjà avoir la certitude d'être rattrapé par quelqu'un ?

Cyril attrapa doucement la main de Maxime.

- On ne fait pas tout ça pour rien.

Les deux. On se jette dans le vide, mais quelqu'un nous rattrapera avant la fin.