- Pourquoi tu ne déballes pas tes affaires ?
- Ah, je savais pas si je pouvais rester chez toi les deux semaines, répondit Maxime.
- Bah, bien sûr que oui, dit Cyril comme si ça tombait sous le sens. T'as même plutôt intérêt, ajouta-t-il en marmonnant.
- Quoi ?
Maxime souriait bêtement en suivant Cyril, qui tirait sa valise dans la chambre.
- Rien, j'ai rien dit.
- Donc je reste ici ? T'es sûr ?
Cyril déposa la valise à terre, et se retourna pour sortir de la chambre. Son esprit était encore perturbé par l'arrivée de Maxime et par l'envie qui s'était emparée de son corps. Il n'était pas du tout d'accord avec les pulsions qui l'habitaient, et n'était pas du tout d'accord de négocier avec ça. Maxime se tenait debout vers le seuil de la porte, et s'écarta un peu pour laisser Cyril passer.
La main de Cyril voulut le toucher, se poser sur sa taille, ou même son épaule : mais tout lui paraissait suspect maintenant. Déjà que Maxime ne comprenait pas le comportement qu'il avait eu ces derniers temps...
- Tu veux boire quelque chose ?
- Non merci, ça va.
- T'es fatigué, je me trompe ?
- Bof, c'est vrai que la route était un peu chiante mais maintenant ça va, dit Maxime en allant s'asseoir sur le canapé. Viens t'asseoir, au lieu de courir partout dans cet appartement.
Cyril suivit les ordres de son meilleur ami, et vint s'asseoir près du brun.
C'était étrange, il avait perdu l'habitude d'être simplement avec Maxime. Pourtant, il devrait être euphorique, sauter de joie, crier... Mais ce n'est pas le cas. Il est réellement heureux de le revoir, c'est sûr, mais quelque chose a changé. C'est définitif.
Maxime se contentait de regarder le rouquin, de suivre tous ces gestes, de redécouvrir ce visage à la fois familier et étranger. Il souriait, mais avait tout de même besoin de lui imposer une discussion sérieuse. Ça n'allait pas être très drôle, mais plus vite il le faisait, mieux ce serait. Il passerait ces deux semaines sans se poser de questions.
- Dis-moi...
Cyril le regarda, puis se décolla du dossier du canapé contre lequel il était calé.
- Mh.
- Déjà, je te demanderai pas si tu vas bien, parce que je sais que c'est pas le cas.
- Max... C'est pas ça, soupira Cyril.
- Te fatigue pas à me contre-dire pour me rassurer, je te connais par coeur.
- Bon. Et puis ?
- Mais merde, qu'est-ce qu'il s'est passé dans ta tête ? Je comprend pas ! Pourquoi t'as voulu t'éloigner à ce point de moi, et de tout le monde ? Pourquoi tu m'as dit que tu retournais en cours ? Tu cherchais à faire quoi ?
- Putain Maxime je voulais juste te laisser vivre. Je voulais juste que pour une fois tu profites sans t'inquiéter, que tu respires, que tu ne te fatigues pas à te retourner le cerveau pour savoir si ça va. C'était une évidence, que ça n'irait pas ! Qu'est-ce que tu croyais ? Que je pouvais reprendre une vie normale alors que tu partais ? Même quand t'étais ici, j'en étais pas capable ! J'en suis incapable, tu comprends ça ? J'ai pas la force de me battre avec le quotidien, j'ai pas la force de faire semblant, j'ai plus la force, sauf pour que ta vie soit plus agréable. Ouais, je suis prêt à te mentir pour que t'ailles bien, faut croire que je suis ce genre de lâche qui préfère ne rien te dire plutôt que de te faire revenir en courant. Non ça va pas, bien vu Sherlock, mais si t'étais un peu plus malin t'aurais compris dès le début que ça n'ira jamais !
Il était à bout de souffle, son coeur aurait presque pu lui péter les côtes tellement il battait vite et fort. Maxime s'était peu à peu décomposé durant sa tirade, et était à présent sans expression, la bouche entre-ouverte. Peut-être qu'il était allé trop loin.
- Désolé, c'est pas de ta faute, continua Cyril d'un ton un peu plus calme, je sais que t'aimerais bien que ce soit le cas pour que tu puisses te racheter, mais t'as rien fait, c'est pas toi.
Il gardait ce visage ni heureux ni triste, ses yeux ne brillaient plus. La bouche toujours entre-ouverte, le regard fixé sur un point imaginaire. Il ne comptait rien dire, apparament.
Cyril s'était bien gardé de lui parler de son coeur qui s'affolait dès qu'il posait le regard sur lui, de ses mains qui cherchaient toujours le brun. Il n'avait pas mentionné tout ça.
Peut-être qu'il était allé trop loin. Certainement, même.
Alors...
... Foutu pour foutu.
Tout se fit très rapidement, ses gestes étaient automatiques. Une de ses mains alla se poser sur la joue du brun, et de l'autre il s'appuya sur le canapé pour ne pas s'effondrer sur Maxime (bien que ce n'était pas l'envie qui lui manquait). Machinalement, Maxime leva le regard vers lui, mais il ne paraissait même plus choqué de ce qui se passait. Il était presque indifférent. Cyril laissa alors quelques secondes s'écouler, afin que Maxime ait le temps de lire dans son regard ce qu'il allait faire, et de réagir. Quelques secondes où ils se regardèrent droit dans les yeux.
Puis une chose impensable arriva ; Maxime ferma les yeux.
Comme pour inviter Cyril à continuer, comme si il lui donnait la permission. Le brun ne fit pas un geste de plus, mais celui-ci signifiait beaucoup.
Alors Cyril abaissa à son tour ses paupières, et laissa ses lèvres se poser contre celles de Maxime.
Voilà. Voilà où il en était. Il embrassait Maxime, et ce dernier le laissait étrangement faire.
Cyril ne laissa pas ce moment durer très longtemps. Il se recula de quelques centimètres, sans bouger. Tout ce qu'il osa faire, c'est relever à nouveau le regard vers les yeux de son ami, ce qu'il fit également.
Puis la main de Maxime vint brusquement attraper Cyril par la nuque pour l'embrasser à nouveau.
Peut-être qu'ils étaient allés trop loin. Mais tant pis.
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C'est si bon de te revoir.
FanficMaxime et Cyril sont très amis depuis maintenant quelques années. Un jour, Maxime est accepté dans une haute école de musique, dans le sud de la France. Loin de Paris, loin de Cyril. Les deux meilleurs amis s'éloignent l'un de l'autre à contre-coeu...