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              Encore une journée de plus à vivre et un jour de moins vécu. 


Comme tous les jours. 


     Ces jours bien trop longs et sans intérêts, remplis de pitié et de faux sourires. Encore un jour à arrêter ce foutu réveil et à devoir affronter le monde et la réalité. Tiré hors de mes doux rêves où je pouvais danser comme bon me semble, je m'installe correctement sur mon fauteuil. Après avoir rapidement fait ma toilette, comme tous les matins, et enfiler mon invariable uniforme, je déjeune le même petit déjeuné fade. Je dois subir le silence de plomb de routine entre mes parents par ma faute, depuis un an maintenant. Je coiffe mes cheveux de la même manière que les autres jours, et par habitude, je regarde ma montre. Je me rend compte que je vais finir par être en retard si je ne pars pas tout de suite. Et hors de question que je loupe le seul rayon de soleil qui éclairera ma journée. Je salue les occupants de la maison à tue tête, coupant le silence l'espace d'un instant, et pousse les roues de mon fauteuil le plus vite possible en direction de l'arrêt de tram le plus proche.

    Et comme quand je suis en retard, je vois mon soleil regarder dans ma direction, puis sa montre avant de porter son regard sur le tram en approche en souriant. 


C'est dingue comme une simple personne, pourtant inconnue, fini par être un repère rassurant.


    Comme a son habitude, ses cheveux sont laissés à la porté du vent, son maquillage est discret et elle porte son éternel uniforme. Comme chaque jour, peu importe la saison, elle porte les même converses noire, un peu usées au fil du temps. Et comme toujours, son sac fleuri pend sur son épaule. 


Comme tous les jours, elle est simplement belle. 


     Par accoutumance, elle va s'asseoir à la même place, en mettant ses écouteurs, et en rêvassant par la fenêtre. De routine, c'est une unique place, là où elle est sûr que personne ne viendra la déranger en s'asseyant à côté d'elle, et toujours à l'opposé du soleil. Et par automatisme, elle descend au même arrêt sans adresser un regard à personne, ce levant seulement à l'arrêt totale du véhicule. Et comme d'habitude, le tram devient soudainement froid et triste pour moi quand elle le quitte.

    « Vous pouvez vous poussez, je voudrais mettre ma poussette »

« Oui enfin, c'est quand même resservez aux fauteuils roulants »

« Oui bah c'est bon vous pouvez vous poussez un peu y a de la place pour les deux »


Et comme d'habitude, le manque de respect des personnes de tout âge est présent. 

Handicap FrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant