Le fond de tes yeux

Chapitre 4

                             Le soleil blanc du matin lui caressa ses jambes nues. Les draps en soie se mouvèrent en un mouvement fluide, et la jeune femme sortit du lit. Elle posa ses deux pieds sur le carrelage noir, et frissonna au contact froid de la pierre. Elle enfila le peignoir rose pâle qui glissa sur ses blanches épaules. Elle s'avança vers la porte-fenêtre, retroussa les lourds rideaux, et ouvrit en grand la fenêtre. Elle sortit de la chambre, à présent baignée de la lumière du matin. Elle leva la tête et offrit son cou au soleil qui entrait par la grande baie vitrée qui longeait tout le couloir. Elle longea le couloir, le plus près possible des fenêtres, jusqu'aux cuisine. Quand elle y entra, elle ne fût nullement dérangée par le tumulte. Elle huma avec charme les composantes sucrée et veloutés de l'air de la cuisine. Elle s'empressa de retrouver sa modéliste : Ino Yamanaka. Elle était attablée sur le comptoir gris métallisé, affairée à finir avec délicatesse et rigueur la pièce qui sera servie ce midi au représentant du village voisin. Elle posa la dernière arabesque de chocolat blanc près de l'arbre de nougat. Ino regarda son amie, comme si elle cherchait son approbation, celle-ci lui répondit qu'elle aurait bien manger cette pièce de suite si cela ne lui était pas défendu. Ino lui sourit et demanda avec vigueur, d'une voix claire, un petit déjeuner pour Sakura et elle-même. Sakura sortit accompagnée d'Ino et s'assit dans le petit jardin, à même le sol. Quelques minutes après, une personne leur apporta un plateau contenant de petites tasses en porcelaine blanche, accompagnée de quelques macarons roses et rouges. Sakura posa un sucre au fond de sa tasse et versa le café noir contenu dans la théière appartenant au même service que les tasses. Elle en servit dans la tasse d'Ino qui la posa sur le parquet flottant qui délimitait la terrasse. Sakura attrapa un macaron, et croqua du bout de ses lèves roses.

« Naruto n'est pas là, hein ? » demanda Ino entre deux bouchées de pâtisseries.
« Non il est partit promener les représentants de Suna... »

Ino la regarda, posa son macaron, et repris avec plus de sérieux.

« Et j'imagine que y'en tous les jours de l'année des représentants de Suna pour qu'il se permette de ne pas prendre le petit-déjeuner avec toi... »

Sakura la regarda elle aussi avec sérieux avant de trancher.

« Il est simplement occupé, c'est rien, et puis c'est que le petit-déjeuner. Et s'il était toujours là, il ne voudrait sûrement pas t'avoir dans les pattes, alors nous n'aurions jamais le temps de se voir... »

Ino rigola, et continua de manger les pâtisseries, se disputant avec Sakura afin de savoir laquelle des deux mangerait le dernier macaron.


○○○                             Naruto n'était pas parti avec le groupe de Suna, il était accompagné de Tenten qui s'était rétablit, enfin assez d'après elle. Elle le suivait d'un pas félin dans les grandes allées ensablées de Konoha plissant et injuriant des yeux tous ceux qui la regardait comme un animal. Ils atteignirent le fond du village, et avec un dernier regard à Tenten, Naruto entra dans la dernière masure du village : celle de Neji Hyuga. Le propriétaire se leva de l'endroit où il était agenouillé. Tenten entra à son tour et baissa son éternelle lance à son flanc. Elle frémit en croisant le regard blanc, livide de Neji.

« Démon... » Souffla t'elle entre ses dents.
« Tait-toi. » lui ordonna Naruto.

Il tendit son bras vers Neji, et le rejoignit en une enjambée, il se retourna et d'un signe de tête il demanda à Tenten de veiller à la bonne garde de la maison. Il intima alors à Neji de rejoindre le petit jardin ou ils pourraient discuter.

Tenten resta seule dans le salon des Hyuga. La pièce était plongée dans la pénombre la plus secrète, et les draps pourpres s'entassaient contre les fenêtres et sur le sofa. Un autel était dressé contre le mur, empli d'encens et de bougies. La chasseuse caressa du bout de ses doigts usés la belle table massive faite en bois de santal, avant de toucher aux tissus du démon. Elle en trouva un plus maléfique que les autres, plus sombres que toute la pièce, elle tira dessus et découvrit alors un portrait de son démon. Elle vociféra contre elle-même et regarda les yeux de l'homme sur le tableau. Morts, comme ceux de tous les démons. Parce que si le cœur est mort, les yeux vivent encore, sauf chez les démons que Tenten méprisait depuis toute petite. On lui avait appris à discerner dans chacun de leurs actes le mal le plus absolu. On lui avait conté le soir que ce ne sont pas des êtres de chairs nés dans la terre, pas comme elle.

Naruto quand à lui était assis en face de Neji sur une place de bois. Il lui demanda en soufflant sur son thé de garder son calme, car même si Sasuke, le démon de ses rêves était revenu le hanter, cela ne constituait pas une menace envers lui ou sa famille. Neji n'en fit rien, ne bougea pas et rit doucement en disant :

« Mon heure est venue, j'espère juste que si demain il viendra me chercher mon encens ne sera pas encore consumer. »

Naruto le regarda interdit.

« As-tu revu Hinata depuis que tu es devenu Hokage ? Elle pense toujours à toi, je crois ? Et toi ? Tu penses à elle des fois ? »

Naruto le regarda, et répondit avec sérieux et dédain.

« Je suis marié... »

Neji ne releva pas et but le thé à la menthe et à la cannelle qui avait infusé sous ses bâtons d'encens.

« Sinon, je te proposais que Tenten reste chez toi, pour une question de sécurité. Ca me semble une bonne idée. »
« La cohabitation risque d'être difficile, mais c'est toi le chef ici. »

Naruto se leva sans même avoir touché à son thé, et approuva les dires de Neji.

○○○

Sakura avait congédié Ino en fin d'après-midi. Elle était restée regarder aux travers des baies vitrées le soleil couchant embrassé les murs des maisons de Konoha. Elle attendait que Naruto revienne, espérant prendre son dîner avec lui, mais même si cela ne se faisait pas, elle ne lui en voudrait pas. Elle était seule sans lui, et elle le bénissait déjà chaque nuit d'être présent avec elle, dans leur lit. Comme les fenêtres derrière-elle étaient ouvertes elle sentait le vent rafraichit du soir lui caresser la nuque et le dos. Mais un coup de vent irrégulier la fit se retourner sous la surprise, un homme, grand, assez grand pour éteindre la lumière du soir par sa silhouette était devant elle. Elle l'examina, et les yeux pleins de liesse elle le reconnut.

« Je suis désolé, ce n'était pas sur toi que je devais tomber... » Murmura-t-il peiné.

Elle s'avança vers lui, toucha ses mains, et le guida vers la lumière afin de voir ses yeux. La lumière plongea sur le visage de l'inconnu, et avec regret elle vit que ses yeux n'avaient pas changer. Toujours le fond rouge de la vengeance. Sasuke ne lui donna pas le temps de dire quelque chose, et posa sa main sur sa joue, avant de dire :

« Quoique tu penses de moi, sache d'abord que Naruto et Konoha tout entier te ment. Tu es seule, Sakura, seule entre les traîtres. »

Sans rien dire de plus il repartit. Il avait laissé stratégiquement dans le doute Sakura, la laissant se demander qui des yeux bleus ou rouges étaient les traîtres.