Chapitre 5

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                          Un vent de brouillard balaya la plaine nue de toute végétation. Le vent enfla dans le bas village de Konoha, laissant s'échoir les débris du passé monstrueux de chaque habitants. L'on avait depuis longtemps mesuré l'abîme qui séparait des actes de certains et leurs pensées. Il aurait fallu fonder la politique du village sur les bases de la terreur, puis vivre éternellement dans ce nuage de mensonge. Naruto, à l'instant où il comprit son erreur, voyait les piliers de son pays, la peur qu'il avait savamment engendré, s'effondrer à ses pieds sur les tombes qu'il avait creusé de ses mains. Sa chance, fût qu'il ne tomba pas seul. Tapi dans le rayonnement tyrannique de Naruto, se trouvait Sasuke, recru et lavé de souffrance. Mortifié à l'idée de devoir faire ce pourquoi il avait employé une éternité à combattre, Sasuke avait attendu, encore, et encore.


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                                         Tenten se lavait tous les matins de ses péchés. Elle s'immergeait dans la nature salvatrice et la laissait lui enlever ce qui était nécessaire pour que son âme redevienne pure. Mais comme ce matin, elle avait senti que la nature venait à elle, elle resta postée sur le seuil de la porte de la masure de Neji, aux portes de la ville. Elle laissa la brume s'engouffrer dans la pièce et éteindre tous les bâtons d'encens, et elle la regarda lézarder les chemins montants vers la haute ville. Neji la surveillait du coin de l'œil. Il dévisageait et décortiquait toutes les pratiques barbares de la jeune femme. La nature n'était qu'une chose hasardeuse et indisciplinée, et qu'importe celui qui lui obéissait pourvu qu'un homme puisse la dompter. Hinata sa cousine la regardait d'un œil plus avenant, mais ce fût sans compter la détermination de Tenten. L''idée du fait que ceux qui étaient différents de nous, ne sont que des étrangers, des diables, étaient ancrée aussi profondément dans son esprit qu'un texte de loi sur de la pierre. Naruto s'était appliqué à enseigner cette manière de penser à chacun de ses amis, et dans le cas d'Hinata, peut-être est-ce l'amour pour un démon qui la sauva de l'intolérance. Neji était né dedans, et Tenten y avançait à grand pas. Mais Hinata serait alors amenée à comprendre, que parfois, l'amour ne conduit pas à de grandes choses.




○○○                              Qui laisserait-il en vie ? Son plan était pourtant clair, et pourtant ses sentiments étaient confus. S'il tuait Sakura, il en porterait la blessure à jamais dans son cœur, et pourtant s'il ne la tuait pas son cœur de cendre ne serait pas rassasié de vengeance. S'il tuait Naruto, ce serait sans doute trop facile, mais s'il ne le tuait pas, ce serait encore pire, et pourtant, peut-être que le fait de tuer son être aimé serait suffisant à assouvir ce besoin sans précédent de porter à sang toutes les larmes qui inondait son cœur. Quant à Neji, qui avait si honteusement participé à la mort de sa dernière famille, sans doute devrait-il périr, mais alors il mettrait fin à la torture dans laquelle vivait Neji, une torture psychologique : la peur. Il haïssait Konoha, et pourtant seulement une poignée d'habitants l'intéressait. Aussi, ce n'était pas la vengeance qu'il recherchait exactement, c'était l'acceptation de la peine de la perte. Et Sasuke était convaincu que s'il voyait ses ennemis mourir, souffrir d'amour, de douleur, peut-être cela le convaincra-t-il que c'était peut-être mieux que sa famille soit morte sans pour autant souffrir. Il avait mille fois exercé la souffrance, que Sasuke avait compris que la douleur, morale, ou physique, n'était rien comparer à la mort elle-même. Fardeau en tête, il descendit la côte menant au village.




○○○                            Naruto avait laissé Sakura partir. Elle n'avait pas hurlé, ni juré, elle n'avait rien dit, et pourtant il aurait aimé qu'elle lui parlât. Il aurait aimé qu'elle pleure, crie, puis qu'enfin il lui explique, et que par un des plus beaux miracles, elle se jette dans ses bras et hurle comme elle l'aimait. Mais cela n'arrivât pas, et quand bien même cela était arrivé, il aurait été impossible qu'elle le lui pardonne. Alors que le temps était lourd et fade, il joignit le vieux quartier industriel en bordure du village. Il savait qu'il pourrait tomber sur Sasuke, mais ce n'était pas son but premier. Il emprunta le chemin de sable, commun à tous ceux du village. Aussi quand il sortit, il sentit les regards autrefois bons et généreux, mais à présent lourd de reproches et de dégoût se poser sur lui. Absous de bonté d'âme, il releva la tête, et comme le grand homme qu'il était, il marcha la tête haute, les épaules droites les mains devant lui. A mesure qu'il avançait, il approchait des vieux bâtiments industriels. Les cuves en fonte afin d'asservir le complexe militaire était usées, séniles, et noires de charbon. Le chemin devint plus lisse, régulier, à force de passage de véhicule. Les usines autrefois blanches, motivées, et ambitieuses, étaient à présent traversées de longues fissures. Naruto s'arrêta, passa la main sur visage, et avec mécontentement, il constata qu'il avait aujourd'hui ses premières rides.

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