Fugue, Fudge Et Famille D'accueil.

Chapitre Quatre.

Posté le 22/06/2017.

Des poursuites judiciaires.

Putain, mais comment on en est arrivé là ?

"Il va juste falloir que vous me donniez des informations à propos de ces soirs où -comme vous le dites-, cela se passe mal."

J'ai juste fugué. Elle a prévenu la police. J'ai passé la nuit dehors, en plein combat avec moi-même et quand l'heure est arrivée, je suis allée en cours. Là, je me suis faite embarquée par la police et j'ai parlé.

J'ai chaud, beaucoup trop chaud.

Je suffoque même.

"Ça va ?"

Je n'arrive pas à respirer.

À l'aide.

"Respire Lisa, tout va bien."

Non. c'est de ma faute, tout est de ma faute. Si je n'avais rien dit, si j'étais restée à la maison face à elle, à l'entendre crier, tout serait normal. Pas de police, pas de poursuites, juste des bleus et des disputes habituelles.

"Lisa, calme-toi et respire."

Je n'y arrive pas, t'es bouché ? Pardon, je ne l'ai pas dit mais c'est plutôt évident.

"Merde !"

Je le vois bouger et sortir son téléphone de sa poche et je crois qu'il compose un numéro.

Ma vue se trouble petit à petit et je pleure ? Pourquoi faut-il que cela m'arrive à moi ? Je n'aurais pas pu être quelqu'un de normal, avec une vie normale ?

Elle a raison, je suis pitoyable. Et je l'ai toujours été.

Je tente de me lever pour avoir plus d'air mais lorsque je fais un pas, je m'effondre par terre comme une vieille chaussette. L'instant d'après, tout devient noir.

🌊

C'est la lumière perçante des néons que je vois en ouvrant les yeux -ou plutôt, en les refermant illico presto. Je suis dans une petite salle, je dirais celle de la pause. Je me redresse et je remarque que mon sac à dos est à mes pieds. La pièce est vide, étonnant. Je me lève pour m'approcher d'une table sur laquelle se trouve une machine à café. Je rencontre une boite à sucre à côté de celle-ci et décide d'en prendre un morceau, pour éviter d'avoir de nouveau un malaise. L'horloge murale m'indique qu'il est bientôt treize heures, visiblement, j'avais besoin de repos. Bien entendu, je me dirige vers la porte et je découvre qu'elle n'est pas verrouillée. Je sors donc de la pièce, en quête de civilisation.

Au bout de cinq minutes perdue dans les couloirs, je finis par me retrouver à l'accueil. Je me dirige un peu stressée devant la dame et lui explique ma situation. Elle me sourit gentiment et appelle quelqu'un.

"Oui, c'est Maude. C'est pour te dire qu'il y a une Lisa Deschamps qui t'attends à l'accueil."

Elle raccroche et me dit de patienter sur le une chaise pendant un petit moment. Je fais ce qu'elle me conseille et pars m'asseoir. Les personnes assises autour de moi me dévisage. Elles doivent sûrement se demander ce qu'une gamine peut bien faire ici. J'exagère un peu en utilisant le mot "gamine", mais je n'ai pas envie d'être modeste et de dire "Non mais je fais plutôt mature pour mon âge." Ce qui est peut- être un petit peu vrai mais passons.

Je regarde le ciel à travers les portes vitrées. Il a l'air de faire plutôt beau à en juger par le soleil. Après tout, nous sommes bien en été ! Les saisons ont beau se détraquer, elles restent très agréable.

"Ça va mieux ?" me demande une voix masculine.

Je me retourne et réponds positivement à l'homme avec qui je suis depuis le début de la journée. Il me dit de le suivre et c'est avec un soupir que je retrouve le dédale de couloirs. Nous entrons après un énième virage dans une salle, légèrement plus grande que la précédente, dotée d'une fenêtre. Et d'un jeune homme aux cheveux noirs. C'est sans importance. Quoique, je ne suis pas sûre que cela soit bon signe. Cela ne m'empêche pas d'ouvrir la fenêtre et de prendre place sur la chaise.

"Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé tout à l'heure.

-Ce n'est pas grave, cela arrive."

Je l'entends sortir quelque chose. Encore une feuille de papier.

"Nous allons devoir vois enregistrer pendant que nous vous posons des questions, cela vous dérange ? demande le noiraud.

-Non, allez-y.

-D'accord. Mets en route, Gaëtan."

Le petit jeune a un nom ? Intéressant. En même temps, tout le monde a un nom. Notre société est faite comme cela : chaque chose doit en avoir un. Étonnant non ?

"Quand les coups sont-ils apparus ?

-De ce que je me souviens il y en a toujours eu. Pas des vrais mais des gifles, par exemple.

-Et à partir de quand sont-ils devenus violents ?

-Quand mon grand frère a déménagé.

-C'est-à-dire ?

-Il y a un peu plus de trois ans maintenant."

Ai-je vraiment dit cela ?

"As-tu déjà été incapable d'aller à l'école à cause d'eux ? Je veux dire, les coups."

Suis-je en train de répondre à ces questions ?

"Oui. Enfin, j'y allais quand même mais des fois, je ne pouvais ni écrire ou faire de sport.

-As-tu déjà été victime d'autres violences. Qu'elle soit physique, morale -ou psychologique- ou sexuelle ?"

Suis-je vraiment en train de la trahir ?

"Oui.

-Laquelle ?

-La psychologique. Si se faire traiter de tout les noms et avoir des commentaires désobligeants en fond parti."

Je suis désolée...

"Votre frère était- il au courant ?

-Non, il ne me semble pas. Nous ne parlions que très rarement."

D'ailleurs, je ne sais même pas où il est en ce moment, c'est pour dire à quel point nous sommes proches.

"Une dernière question.

-Je vous écoute.

-Pourquoi ne pas vous être manifestée plus tôt ? Ta mère te violentait, alors pourquoi la protéger ?"

Chose que je n'ai pas réussi à faire.

"Parce que même si c'est compliqué entre nous, elle reste quand même ma mère. D'autant plus que c'est le seul parent proche qui soit encore là."

Je le regarde dans les yeux, du coin de l'œil, je vois que le jeune ouvre la bouche, mais il la referme aussitôt. C'est mieux, je ne suis pas sûre de vouloir entendre ce qu'il allait dire.

"D'accord, merci. Nous allons voir ce que l'on peut faire."

Il m'explique que je vais devoir rester ici -encore-, mais que heureusement, j'ai le droit d'aller dehors, dans une cour au niveau du parking. Il viendra me chercher en temps voulu, mais qu'en attendant, je dois patienter.

L'extérieur, même un parking, c'est toujours mieux qu'un bureau, non ?