Chapitre Six.

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Posté le 01/07/2017.

Aucune de nous n'a parlé. Du moins de ce qu'il s'était passé le matin. Visiblement beaucoup de gens c'étaient posés des questions à mon propos et quelqu'un -sûrement plusieurs- a lancé une rumeur sur moi. J'ai vraiment de hâte de retourner au lycée. Ça va être drôle -notez l'ironie.

J'ai donc rattrapé mes cours dans sa chambre tandis qu'elle me parlait de son petit-copain. Il est métisse et honnêtement, pas mal fichu.

Ses parents ne m'ont pas non plus posé de questions. Le repas s'est fait en regardant les informations et en discutant du nouvel attentat en Europe. Ça amène à réfléchir ce genre de situation. Faudrait-il fermer nos frontières ? Non, l'ennemi est partout, même au sein de notre territoire. Envoyer une bombe nucléaire dans les pays du sud de l'Orient, là où se déroule les combats ? Non, il y a des civils qui n'ont rien demandé et cela ne ferait sûrement qu'aggraver la situation. Au final, aucune des solutions semble être la bonne. Et dire que chaque problème à une solution, sauf celui-là.

Actuellement, je suis allongée sur un matelas dans le noir. J'entends la respiration régulière d'Abby, signe qu'elle dort. Je n'y arrive pas. Fermer les yeux pour m'abandonner au sommeil est impossible, je me pose trop de questions. Que va-t-il se passer demain au lycée ? Et quand j'aurai intégré cette nouvelle famille ? Et ma mère, que va-t-il lui arriver après ?

Il faut que je dorme.

La journée a été plus que fatigante. J'ai faut une sieste certes, mais ce n'est pas suffisant. Je me focalise sur la respiration d'Abby et je finis par m'endormir.

🌊

"Mais coupe cette musique de Satan ! maugréais-je.

-Oui, oui, attend deux minutes."

Je plonge ma tête dans l'oreiller. Je déteste la sonnerie de ce réveil. Je ne peux même pas mettre de mots dessus hormis « musique de Satan ».

Je me redresse lorsque la lumière est allumée et baille.

"Aller, on mange et on y va. On est déjà à la bourre !"

Je souffle et une fois prête, je mange une crêpe, cela suffira pour la matinée.

Lorsque nous entrons dans notre établissement, j'attache mes cheveux, prête à affronter tout les regards des autres. D'ailleurs, ils stoppent tous leur conversation. Tout compte fait, je ne sais pas si j'étais prête. J'inspire profondément pour prendre sur moi, ce qui n'est pas gagné.

"Vous... avez un problème ?"

Bizarrement, je n'ai pas de réponse mais ils détournent le regard. Mon amie et moi rigolons face à cette scène. Les discutions reprennent et nous allons en cours lorsque le moment arrive.

Les leçons sont barbantes, les camarades de classe immatures. Je ne sais même pas ce que je fais ici. Heureusement que les cours s'arrêtent dans quelques semaines. Deux ou trois, je ne sais plus.

J'attends Abby qui sort de notre salle et nous descendons. Notre groupe d'ami est déjà parti et je dois avouer qu'ils ont du mal prendre le fait que je ne veuille pas parler d'hier. Des commères je vous jure.

Je recommence la même chose qu'hier soir, sans avoir à recopier les cours. Bizarrement, je m'endors instantanément. Je crois qu'au final, ce qui me fatigue le plus c'est de penser à tout ce qui peut arriver. J'ai toujours tendance à imaginer le futur proche, celui des quelques minutes, heures ou jours qui arrive. C'est un peu handicapant quand je dois me concentrer. Je dois faire abstraction des conséquences si je réussis ou si non, au contraire, je rate.

En allumant mon téléphone, je reçois un message de Mike. Je l'avais -presque- oublié. En même temps, les deux jours qu'il, enfin, qu'ils m'ont donné sont à présent écoulés. Il me demande donc de partir cet après-midi, avant mon dernier cours pour repasser chez moi avec lui. Il précise aussi que je ne verrai pas ma mère car elle a intégré le programme de désintoxication. Je réponds positivement et lui demande de venir me chercher, ça sera plus rapide que de faire le trajet à pieds.

Cinq cours, un repas et deux heures plus tard, je me dirige vers la sortie en envoyant un message à Abby. Je l'ai mise au courant de tout et je compte sur elle pour garder cela secret. Ce n'est pas que j'ai honte, mais je n'ai jamais aimé dévoiler ma vie privée aux gens. Et je pense que la plupart des gens sont d'accord avec moi. Je sors mes écouteurs et lance la musique en mode aléatoire vu que je ne cherche qu'à me détendre. Il sort d'une voiture sobre en me voyant et pour une fois, il n'est pas dans sa tenue de travail. Remarque, cela ne fait que la deuxième fois que nous nous rencontrons. Je me doute bien qu'il ne passe pas sa vie en uniforme.

"Prête ? me demande-t-il.

-Je ne sais pas trop mais je vais être positive et dire que oui ?

-C'est une bonne réponse ! Aller, on y va."

Je rigole légèrement et rentre dans le véhicule. J'apprends durant ce court laps de temps, pour aller chez moi, que l'assistante sociale sera là et que c'est elle qui va m'amener auprès de ma nouvelle famille. Le stress commence à monter, ou plutôt de l'angoisse, je ne saurais pas trop dire. Sûrement un mélange des deux.

"Bon. Tu as deux cartons pour mettre quelques affaires qui te tiennent à cœur. C'est Madame Floch qui a demandé à ce que tu le fasses. Tu sais, histoire de ne pas être trop désorientée une fois là-bas."

Il sort de son coffre deux cartons de déménagement qui -je dois dire- sont assez petits. Nous montons au troisième étage et devant la porte nous trouvons Madame Floch, l'assistante sociale.

"Michèle Floch.

-Lisa Deschamps, ravie de vous rencontrer.

-De même, Mademoiselle."

L'ambiance est tendue, je dirais même glaciale. Elle a quelques cernes et cheveux blancs mais cela ne me permet pas de lui donner un âge. Elle a l'air stricte mais au fond, je pense qu'elle sait ce qu'elle fait. Après tout, elle doit avoir traverser des situations plus difficiles que la mienne. Elle déverrouille la porte et me fait entrer. Les cartons à la main, je me dirige d'un pas rapide vers ma chambre, celle au fond à gauche et réfléchis aux choses auxquelles je tiens vraiment.

Après quelques longues minutes de débat, je finis par prendre quelques livres, bandes dessinées et mangas -principalement mes quelques sériés préférées ou tomes avec dédicaces- et une figurine que j'avais eu avec mon frère. J'ajoute aussi deux peluches, ma boite de souvenirs et un pull pour le soir -qui est un des vêtements le plus confortable que je connaisse. Cela fait, je prends mon ordinateur que je glisse dans mon sac de cours et dans un sac, je mets toutes mes affaires du lycée.

"C'est bon.

-D'accord. Mike, on va te laisser.

-Pas de soucis. J'ai du taff à finir de toute façon. Lisa, si jamais tu as un problème, tu sais où me trouver !

-Oui, merci."

Nous descendons puis nous nous quittons en bas de l'immeuble. Michèle démarre une fois assurée que je n'ai rien oublié -et qu'elle aussi.

"Tu vas voir, ils sont a-do-ra-ble.

-Si vous le dites ..."

Fugue, Fudge Et Famille D'accueil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant