Chapitre 4 : Une étrange journée

2.1K 123 8
                                    

Peut-être que mon imagination me jouait des tours, mais je savais qu'il se passait des choses étranges dans le village, que Karantez cachait une très longue liste de mystérieux secrets, sans vraiment pouvoir dire ce qui clochait. Le loup d'hier, je savais qu'il existait, que tout ce qui c'étaient passés hier étaient bien réels et non le fruit d'une imagination débordante. C'était une conviction, bien plus qu'une simple impression. Heureusement que ce jour-ci, il n'y avait pas d'école, on était dimanche. J'avais donc le champ libre pour faire mes petites recherches sur la ville, ses origines et ses secrets retranscrit dans des manuscrits, archives, livres ou encore grimoires à la bibliothèque. Je me suis préparée pour sortir, sans l'autorisation de mes parents bien-sûr, ils n'étaient jamais là et, de plus, jamais ils n'auraient été d'accord que je sorte de la maison. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais la forte impression que si je vivais dorénavant dans la petite bourgade de Karantez, ce n'était pas du hasard. Non, il y avait quelque chose à découvrir, une expérience à vivre, enfin !

Une fois arrivée devant les lourdes portes en bois de la bibliothèque, je suis tombée nez à nez avec le beau gosse du lycée, Nico.

_ Salut, Gwenn. Pourquoi traînes-tu ici? À cette heure, presque personne n'est dehors !
_ Hé bien, je vais dans cette bâtisse.
_ Cette vielle bicoque pleine de vielles archives qui sent le renfermé, la poussière et la pourriture à haute dose !
_ Oui, c'est ça. Et toi Nico, tu fais quoi ici?
_ Rien. On se revoit demain. N'oublie pas.

Comment pouvais-je oublier qu'il y avait école le lendemain, franchement ? Il s'est enfui plus vite encore que son ombre. Je n'avais vraiment pas eu le temps de lui demander comment allait Suzanne. Ce type était vraiment étrange! Par ailleurs, je trouvais cette rencontre étonnamment suspecte ; j'avais l'impression qu'il me surveillait.

Je me suis enfin décidée à ouvrir, cahin-caha, les portes, celles qui pouvaient peut-être m'apporter des réponses ou peut-être pas, mais de toute façon je n'avais rien à y perdre. Je vis directement, en entrant dans le hall du bâtiment, un monumental escalier circulaire sculpté dans un marbre gris avec des rampes en bois craquelées de toutes parts. J'ai monté les marches unes à unes sans vraiment me presser. À chaque pas supplémentaire, j'entendais des grincements stridents sous mes pieds, des grincements de plus en plus bruyants. J'ignorais vraiment que le marbre pouvait grincer comme du vieux bois. J'avais le très fort sentiment de me trouver dans un lieu hanté. J'en étais terrifiée au point d'en avoir la chair de poule. Je commençais à croire que les écossais avaient raison de croire que tous les lieux regorgeaient de fantômes ! Quand les portes d'entrées de l'édifice se sont enfin refermées derrière mon passage, elles claquèrent violemment et j'en sursautais de frayeur. J'étais alors presque plongée dans l'obscurité la plus totale. Le peu de lumière qu'il y avait provenait d'un mini vitrail de couleurs vert, marron et bleu marine représentant un arbre adulte dans la pénombre d'une nuit crépusculaire, avec une chouette sur sa branche. Le vitrail se situait au milieu du grand escalier. Quand j'eus fini de gravir toutes les marches de l'escalier, une autre porte d'un bois ancien et sombre s'était dressée devant moi. Je l'ouvrais doucement. Heureusement, elle ne fit aucun bruit en tournant sur ses gonds, par rapport à son ancienneté, cela m'étonnait. Je vis aussitôt des milliers, ou peut-être bien des milliards, de rangées de vieux livres poussiéreux et crasseux. Ma première réaction fût de tousser la main devant la bouche, tellement l'odeur de la pièce était nauséabonde. La poussière s'accumulait partout, jusque dans chaque microscopique recoin. Le sol était recouvert de monticules de poussières grisâtres. J'eus l'étrange impression de m'être retrouvée dans une bibliothèque laissée à l'abandon depuis quelques siècles. La main devant la bouche, afin de créer un filtre d'air, je me dirigeais vers les rayonnages. À première vue, il n'y avait strictement personne dans la bibliothèque, même pas un chat. Le bureau du secrétaire à gauche de l'entrée était également désertique. En m'approchant de la plus proche des étagères, je vis qu'elle commençait à crouler sous le poids des livres d'un ancien temps. Dans presque tous les rayonnages, on trouvait des monticules de livres sur le sol. Il y avait aussi des étagères qui ne tenaient presque plus debout, au bord de l'écroulement, d'autres étaient complètement affaissées, d'autres encore étaient plus ou moins en bon état. (Si l'on pouvait dire ça, car elles restaient debout !) En regardant de plus près les livres, je vis qu'ils n'étaient pas classés ni par ordre alphabétique des auteurs ni par titres. Seulement quelques brefs rangements par thèmes étaient établis sur quelques étagères, mais pas toutes. Puis, soudainement, une voix d'une douceur maternelle se fit entendre derrière moi, me causant une horrible frousse qui fit faire des cabrioles titanesques à mon cœur.

Gwenn et Nico : Les élus, Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant