Chapitre 12: Le réveille de la bien aimée

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Cela faisait plus d'une heure que je la contemplais. Qu'est-ce qu'elle pouvait être belle endormie! Elle était le portrait d'un ange. Je voyais sa poitrine suivre les inflexions de ses poumons. Jamais je n'aurai cru que je tomberai amoureux comme je l'étais. Ma condition de loup-garou assurait ma fidélité et mon désir exacerbé d'elle. Que Gwenn le souhaitait ou non, je ne pensais qu'à elle jour et nuit, je la désirais toute entière, je désirais ardemment l'épouser. Par ailleurs, la voir dormir dans mon lit, à mes côté la nuit, n'arrangeait rien, je la désirais encore d'avantage. Mon corps! Je ne le contrôlais plus! Je voyais mes mains, mes bras s'enrouler autour de sa taille. Je m'approchais encore plus de ses lèvres pour l'embrasser et elle se réveilla.

_ Nico, c'est toi ?

_ Oui, ma belle.

_ Qu'est ce qu'il s'est passé ?

_ Gwenn, ne t'inquiète pas. Tout est fini.

_ Nico, je suis désolée. Je me suis comportée comme une idiote...

_ Gwenn, je ne t'en veux pas. Je savais que c'était le genre de chose qui pouvait arriver. Je sais que je t'en demande beaucoup ces derniers temps...

Ses bras étaient toujours autour de ma taille. J'ai posé délicatement ma main sur son torse, puis son corps tout entier a frissonné et soudainement il a sauté hors du lit et s'est dirigé vers la porte de la chambre.

_ Nico, pourquoi réagis-tu ainsi ? l'interpellais-je.

_ Mon amour arrête de me poser des questions.

_ Pourquoi Nico ?

_ J'ai besoin d'air.

Il a ouvert la porte et s'en est allé. Je l'ai suivi tant bien que mal, jusque dans la forêt, à plus d'un kilomètre du Refuge. La nuit baignait la forêt et j'essayais de me frayer un chemin au milieu de plantes qui m'arrivèrent jusqu'à la taille. Nico s'arrêta enfin se retourna vers moi et franchi la distance qui nous séparait.

_ Pourquoi me suis-tu ? me demanda-t-il.

_ Nico, pourquoi réagis-tu comme tu le fais ? lui répondis-je. Dis le moi... Pourquoi?... Je t'aime Nico. Pourquoi me fuis-tu ?

_ Pourquoi !? Parce qu'à mes côtés, tu es en danger. Le mieux aurait été que tu ne m'es jamais aimé. Gwenn, ce n'est pas toi que je fuis, c'est nous. J'ai l'impression que je te mets constamment en danger. Je vois bien que tu es triste par rapport à la perte de ce qu'il te restait comme famille, de toutes ces vérités qui te tombent dessus, alors que tu ne l'avais pas demandé. Je vois bien tout ça...

_ Nico. J'ai accepté la situation telle qu'elle est. J'ai peut-être perdu des parents adoptifs, mais j'ai gagné quelque que chose de plus chère encore, des frères et sœurs de cœur et aussi le plus loyal des petits-amis et des meilleurs amis. Je suis passée d'une vie basé sur des mensonges, à une vie pleine d'amour et fondé sur la vérité, on ne peut pas demander mieux...

_ Non Gwenn, parce que je n'arrive même pas te protéger.

_ Nico, pourquoi tu dis ça ?

_ Tu n'as qu'à regarder ce que tu as sur tes avants bras.

Je regardais la partie de mon corps qu'il me demandait d'examiner. Je constatais de longues traces noires qui striaient ma peau et sentaient la chaire brûlée. À certains endroits de ces marques, du sang coulait. À la vue de ce liquide sentant le fer, je me sentais défaillir. Je voyais ma vue se troubler. Je sentais mes jambes flageoler, puis mon corps qui n'arrivait plus à me soutenir commencer une chute, mais ne la termina pas, grâce à Nico qui me rattrapa bien avant.

_ Gwenn, ça va ? Tu es toute pâle et toute frigorifiée !

Je fermais les yeux pour essayer de me concentrer uniquement sur les battements de mon cœur, de diminuer son pouls qui s'était soudainement emballer à une vitesse fulgurante. Nico me porta jusqu'au Refuge et je me laissais faire, parce que, de toutes les façons, je n'avais plus la force de lutter et encore moins de réussir à supporter le poids de mon corps. Dans son étreinte, j'ai fini par m'assoupir. La vue du sang m'avait toujours rendu fébrile et épuisait toutes mes forces et mon énergie en un fragment de seconde.

Au réveil, je voyais la nuit encore présente dans les bois, les étoiles scintillées dans les cieux à travers la baie vitrée de la chambre de Nico, qui était plongée dans le crépuscule. Je l'entendais ronfler, lui, mon bien-aimé. Je n'avais donc pas besoin de me retourner pour savoir qu'il était juste à côté de moi, je le savais déjà. Je regardais la Lune et j'essayais de voir ses cratères, mais ses apaisantes couleurs grises et blanches passaient à une sinistre couleur rouge. L'atmosphère devenait soudainement glaciale. Le vent souffla avec force dans les feuillages des arbres. Les rayons rouges de la Lune devenaient de plus en plus vifs. J'avais entendu quelque part que cet astre ne pouvait devenir rouge que lorsqu'un rituel de sorcellerie était pratiqué, et, cela ne me rassurait point. Je n'avais jamais vraiment cru à son existence jusqu'à cette nuit-là où je la vis de mes propres yeux. Cependant, ce qui disait sorcellerie disait également sorcière, mais je savais également qu'à ce moment précis de ma vie, je ne faisais que des hypothèses, que ce n'était peut-être pas la vérité. Cette Lune m'effrayait et attisait ma curiosité également, parce que je désirais savoir si l'existence des sorcières était un mythe où une réalité. Cette recherche de vérité devenait très vite une obsession. Je sentais que mon désir inné d'aventure remontait à la surface, que l'aventurière qui sommeillait en moi se réveillait sans que je ne puisse rien métriser. Mais, je savais également que si Nico sortait du sommeil et s'apercevait que je n'étais plus à ses côtés, il paniquerait. Cependant, l'aventurière en moi était bien trop forte et prenait le contrôle de mon corps et aucun argument ne pouvait me rendre à la raison malheureusement. La meute avait – hélas - raison, si je étais l'âme-sœur du loup-garou au tempérament de guerrier, c'était parce que j'avais une âme d'une guerrière, que je le veuille ou non. J'espérais au plus profond de mes tripes que Nico me pardonnerait ce que j'étais sur le point de commettre, c'est-à-dire une deuxième entorse aux règles étiquetées par Nitahel. J'espérais également que Nico comprendrait enfin que ce n'était pas lui qui me mettait en danger, mais une partie de moi qui était incontrôlable. Je me suis levée du lit et j'ai pris le premier pull que j'ai trouvé - sur une chaise -, puis je l'ai enfilé. C'était un vieux pull en laine, un peu peluché, à Nico. Ensuite, je me suis dirigée vers un petit secrétaire et y ai déniché un morceau de papier ainsi qu'un stylo.

" Mon cher Nico, je sors. Ne t'inquiète pas, je reviendrai.

Je t'aime.

Ta Gwenn."

Je suis sortie dehors et je me suis éloignée vers le cœur de la forêt. Mon guide de voyage était l'astre de couleur rouge sang. J'espérais que la trajectoire que je prenais était le bon chemin, celui qui lèverait le voile de l'ignorance sur cette mystérieuse Lune. Une voix lointaine de mon esprit essayait de me rendre à la raison, en vain, car je ne pouvais lui obéir, mon instinct d'aventurière s'était emparé de mon corps, de mes bras, de mes jambes, de mon cœur, de ma volonté toute entière. Je lui étais entièrement soumise et il télécommandait chacun de mes mouvements et de mes pensées. L'adrénaline montait crescendo dans mes veines à chacun de mes pas supplémentaires. Je me donnais l'ordre de comprendre enfin ce monde dans son intégralité et non dans sa partialité. 

Gwenn et Nico : Les élus, Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant