Chapitre 6: Une amitié, une vérité

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Le petit matin s'était levé sur Brocéliande. Les nuages gris dans le ciel menaçaient de tomber dru leur torrent d'eau dans la journée. Le réveil a hurlé sans raison à mon oreille, afin de me venger, je lui ai asséné un coup de poing et il est parti valdinguer un mètre plus loin en atterrissant lourdement sur le sol. Heureusement qu'après son vol plané il n'a plus fait de bruit, même minime, sinon je l'aurai lancé à travers la fenêtre. J'ai toujours eu en horreur les réveils. Puis, soudainement, je me suis souvenue qu'hier, je n'avais pas été toute seule dans mon lit. Nico était là aussi, mais apparemment, il avait déserté. Il n'était plus dans la chambre. Tout ce qui restait comme trace de son passage, ce fut l'empreinte de son corps sur le matelas et l'oreiller. Je suis descendue dans le salon et il était là, regardant au loin à travers la fenêtre. Je n'ai pas eu à déclarer ma présence, qu'il s'était très vite retourné vers moi quand j'ai fait irruption sur le palier le plus bas de l'escalier. Un grand sourire illumina son visage. Alors j'ai senti que le rouge aux joues m'était monté à vitesse grand V. Il me fit signe de venir m'approcher jusqu'à la table. Ce que je fis. Jamais je n'aurai pu croire que je vivrais un jour autant d'émotions positives chez mes parents. Je n'avais pas remarqué jusqu'avant, mais il avait préparé soigneusement le petit déjeuné, que nous prîmes ensemble avec plaisir. Du jus d'orange pressé et des croissants à la carte. Nous parlâmes d'un de ses projets de construction de voiture de course qu'il assemblait dans son garage personnel avec des pièces recyclées. Il avait rassemblé toutes les pièces de la carrosserie, de la structure, mais quelques pièces de moteur et d'intérieur lui manquaient encore à l'appel. Et il m'avait confié qu'il aimerait bien qu'un jour je vienne voir son travail. Puis, un léger silence joyeux régna entre nous où je me suis mise à rêvasser, quand soudainement, j'ai vu un flash d'appareil photographique. Nico avait effectivement sorti un petit appareil photo de poche.

_ Une photo a rajouté à ma collection, déclara-t-il avec entrain.

_ Effaces cette photo, lui ai-je époumoné en me levant de ma chaise, puis contournant la table afin d'aller à sa rencontre pour récupérer l'appareil.

_ Tu peux toujours courir Gwenny, s'esclaffa-t-il.

Une fois arrivée devant lui, il se leva aussi et me regarda avec amusement. J'ai tendu la main devant lui afin qu'il me le donne.

_ Non, mais tu rêves la rouquine.

L'une de ses mains était en l'air, tenant son appareil, l'autre m'attira à lui et il m'embrassa. Je ne pus réagir au début, car la surprise avait pris le dessus. Mais une fois que cela fut dépassée, je me suis rendue compte que ce n'était pas si désagréable et je lui ai rendu son baiser. Puis, nous nous sommes séparés lentement l'un de l'autre et après un silence gêné, il a affirmé qu'il devait partir un peu plus tôt pour qu'il puisse passer chez lui récupérer quelques affaires. Il rangea son appareil dans sa porche de pantalon, débarrassa ses couverts, sortit de la maison en proclamant un : « À toute à l'heure. » et finit par fermer la porte derrière lui. J'allai directement à la fenêtre pour le regarder s'éloigner dans la rue, quand après avoir fait quelque pas, il se mit à faire deux ou trois mouvements de danse pour exprimer sa joie, qui me firent glousser discrètement et il reprit tranquillement son chemin la tête haute, les épaules droites comme si de rien n'était. Une fois Nico sorti de mon champ de vision, je me suis rappelée qu'il fallait que j'aille me préparer, ce que je fis en vite. Peu de temps après ces évènements, Suzanne m'attendait en bas de chez moi pour faire le trajet de l'école ensemble.

Quand je suis sortie de ma maison, enfin prête pour une nouvelle journée d'école, Suzanne attendait sur le perron de la porte. Je l'ai trouvé encore plus belle que jamais. Sa superbe chevelure blonde la faisait ressembler à une sirène. Elle portait un pull bleu ciel avec des rayures bleues marines la rapprochant d'un environnement marin et des océans que pouvait bien parcourir une femme-déesse à queue de poison. Ses traits de visage étaient aussi divins que ceux d'un ange. Une fois après les formules de politesses échangées, nous partîmes vers le lycée comme deux vieilles copines en discutant de tout et de rien, quand soudainement :

Gwenn et Nico : Les élus, Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant