tristesse téléscopique

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Agape prend place au milieu de la pièce aux murs parsemés de miroirs de toutes tailles. La musique commence et sous les mélodies somptueuses Agape virevolte, de gauche à droite ses cheveux redessinent le monde, ses mains se joignent à celles de Luc et elle se perd dans ses yeux. Elle éclaire le monde de ses plus belles couleurs.

Le fracas de la pluie contre sa peau la rend plus belle encore. Ses pas s'accélèrent sous la mélodie de l'amour. Elle ferme les yeux et se laisse guider à présent. La mélodie se saccade, l'indicible prend place dans la pièce. Du bout de ses doigts fins Luc la guide, il la tourne, il la courbe et dans un élan de sûreté il la lâche.

Elle tombe et ne se relèvera pas, la mélodie assourdissante de l'amour n'existe plus. Elle ouvre les yeux et voit la pluie, le sol glissant et la tempête qui s'empare à présent d'elle.

Prise d'un sursaut, Agape se réveilla enfin.
Tout son corps tremblait et ses yeux cumulaient des larmes brûlantes qu'elle n'avait plus la force de verser.

Elle se leva et prit place au milieu de sa chambre envahie par le noir de la nuit.
Elle attrapa ce couteau, ce couteau qui avait déjà fait tant de ravages. D'une main elle tenait le couteau, d'une autre elle tendait ses cheveux et soudainement,

elle coupa la longueur.

La masse de cheveux tomba en même temps que toutes ses larmes, ses dernières larmes.

Agape avait toute sa vie, vécue avec de longs cheveux. Elle aimait les sentir dans le milieu de son dos, elle aimait leurs lourdeurs, leurs épaisseurs, leurs odeurs... Elle se regardait à présent, elle et ses cheveux au dessus des épaules.

Mais ce n'était que le début. Agape voulait changer de tête, alors elle prit son portable et composa le numéro de Violette.

Violette arriva cinq minutes plus tard alors qu'Agape l'attendait, assise dans sa baignoire.

Tu es sublimes.
lâcha Violette à la vue du corps nue d'Agape.

grouille toi.
souffla Agape.

Une dizaine de minutes plus tard le travail était fait, Agape sortit de la baignoire pendant qu'une pluie de gouttes fine et noire glissait de ses cheveux pour traverser son cou, contourner son sein droit et se laisser tomber contre le sol.
La buée s'effaça du miroir et Agape put enfin se voir, elle et ses cheveux noirs.

C'est glaçant, à quel point tu es envoûtante Agape..
susurra Violette, debout derrière Agape.

tu peux y aller maintenant.
lança sèchement Agape.

Je n'ai pas le droit à un petit quelque chose pour me remercier?

Violette posa ses deux mains sur les hanches d'Agape.

il est tard, mon père rentrera d'ici une heure.. tu devrais partir.

Alors on a une heure pour s'amuser petite fleur..

qu'est-ce que tu veux? combien tu veux?

Combien? Mais c'est toi que je veux petite sotte.

Violette caressa le corps d'Agape et celle-ci resta immobile, brusquée par ce revécu.

Tu as la peau si douce..

Elle déposa un tendre baisé dans le cou d'Agape avant de la serrer contre elle.

J'ai envie de toi tendre Agape, douce Agape, de ta fragilité, de ta pureté..

Agape tremblait et baissa les yeux, toujours immobile. Elle vit sur le sol ses cheveux d'autrefois et les gouttes noires qui avait tâché le sol. Agape avait changé, elle n'était plus la même.

Elle était ce qu'elle voulait à présent.

Elle attrapa d'une main le ciseau encore tâché de ses cheveux.

Agape, qu'est-ce que tu...

D'un geste brusque, elle essaya de s'en prendre à Violette.

Celle-ci glissa sur le sol humide accompagné de sa joue à présent mutilée.

Son sang se déversait parmi les flaques d'eaux noires et Agape ajouta,

je suis l'intense sauvagerie du monde.

Violette se releva avec peine et prit la fuite, laissant quelques traces de sang derrière elle, complètement nue dans la nuit.

Agape, c'est toi?

Juillet,2018.

le Diable devient vulgaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant