des mégots écrasés

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Allongée sur un vieux lit qui grince, au milieu d'une pièce vide, accompagné du sifflement des cigales, Agape dessinait des lettres avec ses doigts. Allongée sur le dos, elle tendait et détendait ses bras. Du bout de ses doigts elle dessinait les étoiles, du bout de ses doigts elle écrasait ses clopes contre le mur grisâtre de vieillesse.

" Seizième jour a la campagne,
je me guéris de tes mots d'amour,

je ne crois pas en l'avenir, au destin, au coup de foudre ou à toutes ces choses futiles mais j'y croyais chaque fois que je disais " c'est toi mon âme-sœur ". une partie de moi-même, un immense amour que la vie m'a à présent volé.
je te disais tout le temps qu'un torrent de haine était plus fort qu'un tsunami d'amour et chaque fois tu me répétais que je me trompais, qu'on était différent. pourtant c'est à cause de ça que tu es parti, on n'était pas si différent alors. peut être que depuis le début on avait rien compris, peut être qu'on est nous même des incompris. je sais que toi tu me comprenais et que même si tu ne me comprenais pas, tu me guérissais. pourquoi je m'attache? si j'écris au passé c'est que maintenant t'es plus là. ma peine elle, n'a pas bougé, elle m'accompagne constamment, c'est le genre de migraine qui reste avec moi du matin jusqu'au soir. tu m'as promis que tu mourrais d'amour pour moi. crois le ou non, ce n'est pas moi la femme de ta vie. tu me l'as dit, promis et répété un nombre incalculable de fois. à chaque fois j'entendais le sourire qui se posait sur tes lèvres. ce sourire que moi seule faisait apparaître. j'étais magique. puis je t'ai faits pleurer, je t'ai faits vomir, j'ai causé tes insomnies. tu as arrêté de manger parce que j'ai arrêté de t'aimer. tu es décédé en même temps que notre amour, que nos promesses, que notre avenir d'une vie meilleure. mais tu renaîtras la saison prochaine comme cette fleur à qui on a arraché sa beauté.
et je me dis que si je t'écris, si je ne dors pas, c'est parce que quelque part tu penses à moi. mais oublie moi. oublie comme le monde est laid, comme je suis laide. rappelles toi seulement des bons moments, de nos sourires remplis d'amour, de nos estomacs qui papillonaient.
n'oublie jamais comme c'est beau d'être quelqu'un.

tu as cessé de vivre au fond de moi.

Luc, tu es mort ce soir. "

Le cahier clo, Agape sourit.
Elle sourit parce que c'est beau de vivre.
Elle sourit parce que son amour est mort.

Le téléphone sonna.

-Agape? Cela fait presque trois semaines que j'essaie en vain de te contacter. Fou le camp. Ils t'ont menti. Agape je devais te dire...
Agape je...

La ligne fut coupé.
Pol?
C'était toi?

Allez Agape on mange.
Cracha sèchement son oncle.

je veux retourner à Lans.
lança Agape.

Tu ne peux pas. Ton ami est un fou. Repose toi.

Et la porte claqua.

Oh, Agape.

Août,2018.

le Diable devient vulgaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant