she lived too fast

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Elle aimait la vie.

Et elle t'aimait toi.

Elle vivait à en mourir.

Et elle t'aimait à en mourir.

Elle était si... si vivante.

Elle n'avait peur de rien.

Ou du moins, c'est ce qu'elle laissait croire.

Elle était si forte.

Mais encore une fois, ce n'était peut-être qu'une image.

Elle était toujours joyeuse aussi.

Non, joyeuse n'est pas le mot.

Elle était optimiste.

Elle voyait toujours le bon côté des choses.

Elle me disait souvent que la vie était faite pour être vécue, qu'il fallait en profiter un maximum.

Elle vivait au jour le jour.

A deux cent à l'heure.

On avait parfois du mal à la suivre.

Et elle nous emportait toujours dans des trucs complètement fous.

Je me souviendrais toujours de la fois où elle nous a fait rentrer par effraction dans un parc d'attraction en pleine nuit.

Ou encore quand elle nous avait entraînés dans une boîte de nuit alors que nous n'avions que quinze ans.

Et la fois où nous avions tous fait le mur pour se retrouver dans les bois aux alentours de minuit.

Et quand nous avions séché les cours et étions allé dans la maison abandonnée.

C'était notre refuge.

Son refuge.

Elle passait plus de temps là-bas que chez elle.

Sa vie n'était pas simple et pourtant, elle l'aimait.

Elle aimait la vie qu'était la sienne.

Et elle en profitait à fond.

Elle était si courageuse aussi.

Mais quand j'y repense, ce n'était pas vraiment du courage.

Parce que la plupart du temps, elle aurait pu y laisser la vie.

Cette vie qu'elle aimait tant.

Enfin, c'est ce qu'on croyait.

C'est ce qu'on croyait tous jusqu'à ce qu'elle disparaisse.

Qu'elle mette fin à ses jours, nous laissant seuls.

Nous aurions dû le voir venir.

Nous aurions dû comprendre qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle le prétendait.

Mais comment aurions nous pu le comprendre ?

Elle se cachait derrière un sourire.

Tout au long de la journée.

Sourire qui s'effaçait dès que nous avions le dos tourné.

Et personne n'a rien vu venir.

Pas même toi.

Toi qu'elle aimait à en mourir.

Mais ça ne suffisait pas.

Elle ne t'aimait pas assez pour que tu lui donnes envie de vivre.

Tu lui donnais simplement la force de survivre.

Et elle ne pouvait pas le supporter.

Elle ne pouvait pas se contenter de survivre.

Elle avait besoin de vivre.

Elle avait besoin de sentir l'adrénaline couler dans ses veines.

De sentir la peur dans tout son corps.

De sentir battre son cœur plus fort que jamais.

Elle avait besoin de tout ça pour se sentir vivante.

Mais le problème c'est qu'il lui en fallait toujours plus.

Toujours plus d'adrénaline.

Toujours plus de peur.

Toujours plus d'aventure et de danger.

Et elle a finit par aller trop loin.

Elle ne ressentait plus rien.

Elle avait l'impression qu'elle ne vivait plus qu'à moitié.

Et à quoi bon survivre quand on veut vivre ?

Elle vivait à en mourir.

Et elle est morte à trop vivre.

Et personne n'aurait pu y changer quelque chose.

Pas même toi.

Toi qu'elle aimait comme elle aimait la vie.

Toi qu'elle aimait à en mourir.


Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant