Le froid m'enveloppe et me mord les joues. J'aurais dû mettre un manteau. Mais malgré tout, je reste là, la pluie dégoulinant dans mes cheveux. Le peu de gens qui passent ne prête même pas attention à moi, la tête sous leur parapluie, les yeux rivés vers le sol. Je resserre mon gilet. La pluie s'engouffre dans mes vêtements et me glace le sang. Je sors mon téléphone portable de ma poche, 18h15. Il est en retard. Peut-être ne viendra-t-il pas... Après tout, il ne m'a jamais confirmé qu'il viendrait.
Je commence à vraiment m'impatienter quand je le vois arriver. Il marche d'un pas rapide, la tête baissée. Il est à l'autre bout de la place et pourtant, je l'ai tout de suite remarqué. Il enfonce la capuche de son sweat sur sa tête, se protégeant de la pluie. Quand il arrive face à moi, il s'arrête. J'inspire un grand coup et m'approche de lui.
- Tu es venu...
Il ne répond rien, la tête toujours baissée. Alors je continue :
- Je voulais te dire à quel point je suis désolée et t'expliquer ce qu'il s'est passé.
A peine ai-je fini ma phrase qu'il relève la tête. Et je croise enfin son regard. Froid. Glacial même. Ca me cloue sur place.
- Il n'y a rien à expliquer Anna. Je sais ce que j'ai vu.
- Ce n'est pas ce que tu crois, je murmure.
La colère déforme son visage et son regard s'assombrit. Il serre les poings comme pour se retenir mais finit quand même par exploser :
- Ah oui ? Et qu'est-ce que c'était Anna, tu m'expliques ?!
- Je... Je pensais que tu étais avec elle ! m'écrié-je.
Je sens les regards des passants se tourner vers nous mais je m'en fiche. Ca n'a pas d'importance. Plus rien n'a d'importance maintenant. A part lui. Ce garçon qui me dévisage avec colère, comme si j'étais une étrangère à ses yeux. Ses yeux émeraude dans lesquels j'avais l'habitude de me perdre autrefois. Comment avons-nous fait pour en arriver là ?
- Je pensais que tu étais avec elle alors j'étais en colère. Contre elle. Contre toi. Je suis allée chez Margot. Et Paul était là. J'ai expliqué à Margot ce qu'il s'était passé, notre dispute, que tu étais parti chez elle. Du moins, je le pensais. Et j'ai éclaté en sanglots. Puis le téléphone s'est mis à sonner alors Margot a décroché et est partie dans la pièce d'à côté. Comme je pleurais toujours il... Paul s'est approché et m'a consolée. Je me suis laissée aller contre lui. J'étais tellement triste Martin. Et puis... Paul m'a... Il m'a embrassée. Et tu es arrivé au même moment, sortant de nulle part. J'ai repoussé Paul et j'ai vu ton regard. Ce regard m'a presque tué sur place Martin. La déception que j'ai vue dans tes yeux ce jour là m'a fait tellement mal. Je... Si tu étais arrivé à peine une seconde plus tard tu n'aurais jamais su qu'il m'avait embrassée. Parce que je l'ai repoussé tout de suite Martin. Je te le jure. D'ailleurs dans ma tête ce n'était pas Paul qui m'embrassait, c'était toi Martin. Et je...
Je ne peux pas continuer parce que les larmes coulent sur mes joues. Je ne m'étais même pas rendue compte que je pleurais. Martin ne réagit pas. Puis au bout d'un instant qui paraît durer une éternité, il dit :
- J'étais chez elle.
Je ne comprends pas. Qu'est... Qu'est-ce qu'il veut dire ?
- J'étais chez elle ce jour là, continu-t-il. Tu avais raison.
- Tu... Pourquoi ? Pourquoi Martin ?
- Parce qu'après notre dispute à propos d'elle il fallait que j'aille la voir.
- Pour lui dire que tu voulais être avec elle. Pour lui dire que tu l'aimais et que tu voulais me quitter c'est ça ?! C'est ça ?! je hurle, hystérique.
Les larmes se mélangent aux gouttes de pluies. Il n'avait pas le droit de me faire ça.
- Non Anna, tu n'y es pas du tout. Je suis allé la voir pour lui dire que je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle.
- Tu... Tu te fous de moi ?
Il ne répond rien. Au lieu de ça, il s'approche de moi et prend mon visage en coupe entre ses mains. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
- Je ne me fous jamais de toi Anna. Jamais.
- Mais pourquoi ? Pourquoi tu es allé la voir ? Pourquoi tu ne m'as plus parlé pendant des semaines ?
Martin prend une grande inspiration.
- Parce que je t'aime Anna. Je t'aime et j'ai eu peur. J'ai eu peur que tu ne m'aimes pas comme je t'aimais. Je t'aime comme un fou Anna.
Alors je pose mes lèvres sur les siennes et l'embrasse. Et c'est comme si le temps s'arrêtait.Comme s'il n'y avait plus que lui et moi. Et personne d'autre. Je n'ai jamais ressenti ça avant. Comme si nous étions les deux seules personnes sur Terre. J'ai l'impression que des papillons s'envolent dans mon estomac. Et c'est tellement agréable. Quand nous nous séparons enfin, je plonge mon regard dans celui de Martin. Ce regard émeraude qui m'a tant manqué. Et je murmure, pour que personne d'autre que lui n'entende ce que j'ai à dire. Je murmure trois mots. Trois petits mots qui changent tout. Trois petits mots peuvent faire tellement de chose parfois. Je murmure sept lettres. Je les savoure. Les laissant glisser sur le bout de ma langue. Sept petites lettres qui représentent tellement de choses. Je les murmure comme un secret.
- Je t'aime.
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Recueil de textes
AcakUn recueil de tous les textes que j'écris, quand je m'ennuie, quand j'ai besoin de m'évader, de faire une pause avec le monde qui m'entoure, ou simplement d'exprimer les sentiments qui m'étouffent. J'espère qu'ils vous permettront, à vous aussi, de...