Liberté

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PDV Levi:

Eren vient de tout me raconter. Il m'a avoué que cet homme, le photographe, avait abusé de lui. Qu'il l'avait utilisé comme un objet sexuel.
Je sens des larmes couler sur mes joues.
Comment, mon dieu comment pouvait-on se prendre à un homme aveugle? Comment avait-il pu poser ses mains sur un homme aussi innocent et incapable de se défendre ?
La colère m'envahit.
-"Quel était son nom ?"je demande.
-"Maximilien Kolb."
Je me relève, prends mon téléphone et compose le numéro du commissariat.
-"Non Levi, s'il te plaît faisons ça demain. Je n'aurais pas la force de tout raconter une deuxième fois."
Je soupire. Il a raison. Ni lui ni moi ne sommes en mesure d'agir de manière rationnelle.
Et j'oublie le principal; Eren.
Je me rassieds à côté de lui.
Il n'ose pas venir se coller à moi comme il le fait tout le temps. Il tremble et sa poitrine se soulève brusquement comme s'il suffoquait.
Je le prends par la taille, et le pose sur mes genoux. Il se retourne face à moi et pose ses mains sur mon visage. Il touche ma bouche, mon nez, mes yeux, mes sourcils.
-"Tu es fâché." déclare-t-il en touchant mes traits tendus.
-"Oui. Mais pas contre toi. Juste contre ce salaud qui a osé poser ses mains sur toi. Je vais tout faire pour qu'il soit puni, je te le promets."
Il se colle à moi, posant sa tête dans le creux de mon cou. Je sens ses larmes mouiller mon cou et couler sur mon torse.
-"Levi, dit-il la voix pleine de désespoir, qu'est ce que j'ai fait pour mériter tout ça?"
Rien, Eren. Tu ne mérites en rien ce qui t'arrives. Et putain, j'aurais échangé ta place mille fois avec la mienne si j'avais pu.
C'est juste la vie, Eren. Juste les hommes et leur cruauté.
La justice n'existe pas. Le karma non plus.
Dieu, ce fils de pute, tire les dés du hasard pour désigner qui sera sa prochaine victime.
Et sa malédiction est tombée sur la créature la plus pure et innocente qui existe sur terre.

Après cet incident, Eren a pris un certain temps à offrir à nouveau sa confiance au monde.
Il n'avait plus confiance en la vie, depuis que ses yeux lui avaient été retirés, et sa confiance dans les hommes avait été piétinée ce jour là. L'homme qui fût la cause de son mal finît en prison pour viol.
Malgré que son agresseur soit derrière les barreaux, Eren est retombé dans la dépression et l'angoisse.
Il n'arrivait pas à retirer de son esprit  le souvenir du mal que lui avait causé cet homme malsain.
Même sa confiance en moi s'était évaporée.
Il sursautait à chacun de mes gestes envers lui.
Petit à petit, il cessa de manger, malgré que je lui préparais des dizaines de plats différents.
Il maigrissait à vue d'oeil et avait besoin de soins que je ne pouvais lui procurer. Son corps déjà fin s'était amaigri, ses joues s'étaient creusées.
Je n'eu pas d'autres choix que de l'amener de force à l'hôpital pour le guérir de son anorexie.
Pendant deux semaines environ, il fût interdit de toute visite s'il ne mangeait pas.
J'avais l'impression de retourner il y a presque deux ans, quand il avait perdu la vue et m'avait chassé de sa vie.
Mais je ne pouvais craquer comme la dernière fois. Il avait besoin de moi, et je serais là pour le soutenir lors de sa sortie de l'hôpital.
Lorsqu'il put enfin recevoir de la visite, je trouva un Eren apaisé. Il était content de me savoir à ses côtés.
Je retrouvais enfin mon Eren d'avant son agression.
Il était moins hanté par le souvenir de cet homme sale bavant sur lui, et réussissait à nouveau de tourner ses pensées sur l'avenir.
Le traitement médical avait porté ses fruits.
Quand il sortit enfin, je pris une décision. Je céda ma place de directeur de société, et pris un métier qui me permettrait de mieux m'occuper d'Eren. Je l'ai rassuré en lui disant que ce n'était pas un sacrifice, mais plutôt une décision que j'aurais dû prendre depuis longtemps.
Je pus enfin vivre de ma passion, le dessin. Mon réseau de connaissance étant très élargi, je pus facilement me faire un petit nom parmi les artistes. Je peignais des fresques sur commande, des tableaux que je vendais ensuite, et même des décors de théâtre.
Tous les jours Eren ne me quittait quasiment pas. Il restait dans mon bureau à lire, écrire où écouter.
Certaines marques le recontactèrent, et après plus de deux ans à refuser chaque offres, il retourna dans le monde de la mode et devint l'égérie d'une marque d'habits plutôt renommée. Je l'accompagnais à chaque nouvelle rencontre, lui permettant de ne pas angoisser avant de faire un shooting.
Je ne lui laisserais plus jamais y aller seul, car le monde de la mode est impitoyable.
Notre vie est devenue paisible, mais malgré ça Eren porta pour toujours les traces de ce que ce Kolb lui avait fait.
Il continue à prendre ses médicaments pour aller bien. Son état moral est stable, mais parfois il retombe dans ses cauchemars et ses crises d'angoisse. Je suis toujours là pour le calmer lorsque ça arrive.
Il refusa de poser avec d'autres mannequins, gaspillant certaines bonnes opportunités, au grand malheur de Jean.
Jean, cet idiot qui n'a pas su s'occuper correctement d'Eren. Je lui en veux toujours autant, et ne peux pas le voir en peinture. Même s'il a été présent pour Eren lorsque celui-ci était au plus mal après son agression.
S'il avait agi correctement, mon Eren n'aurait pas eu à vivre ça et ne serait pas hanté par ce souvenir.
J'ai du, chaque jour, me battre avec Eren pour qu'il cesse de se comporter comme un homme valide.
Il était beaucoup trop fier et téméraire, et si il continuait, ça lui vaudrait de nouvelles expériences désagréables. Ce fut difficile pour lui, mais il finit par accepter l'aide d'un chien.
Il put ainsi vivre beaucoup plus libre de ses mouvements. Son chien lui permit de pouvoir créer un contact avec les passants qui le regardaient avec mépris et dégoût. La belle créature qu'était son chien attirait la sympathie des enfants et de leur parent.

Aujourd'hui, trois ans après qu'il lui soit arrivé cette chose traumatisante, je peux affirmer qu'Eren est heureux. Il a fini par s'habituer complètement à son handicap. Maintenant, il rit et sourit comme avant. Il reste extrêmement craintif à l'extérieur, mais tant que je suis là avec lui, tout se passe bien.
S'il est heureux, alors je le suis aussi.
Même si je dois passer tout mon temps avec lui, même si tout mon argent passe à la guérison probablement impossible et miraculeuse d'Eren.
Il l'ignore, mais une nouvelle technologie s'améliore au fil des ans; l'implantation d'une rétine artificielle qui permettrait de retrouver partiellement la vue.
Il ignore aussi que je finance depuis maintenant un an le projet de pouvoir lui en offrir.
Demain, j'ai rendez-vous avec le médecin qui s'occupe de ça. Il me dira si Eren a une chance ou non de pouvoir à nouveau détecter les objets dans l'espace.
Les chances de réussite sont à 50%. Celles d'incompatibilité aussi.
Je verrais demain si tous mes efforts sont voués à l'échec ou l'inverse.
Cruellement, égoïstement, voilà le fond de ma pensée;
Je verrais demain si je dois continuer à sacrifier ma vie pour Eren, ou si je suis condamné à vivre aux côtés d'un être aveugle qui a besoin de moi à chaque instant.
Je l'aime. Mais je le déteste, aussi.
Je déteste son handicap qui m'a privé de ma propre vie.
Son handicap, c'est la perte de la vue. Le mien, c'est Eren.
Un jour, s'il ne guérit pas, il le sentira. Il le saura.
Si je ne le surveille pas, ce jour là, il s'en ira.
Il s'en ira pour me libérer.
Parce que Eren, contrairement à moi, met toujours les besoins des autres avant les siens.
Il n'hésiterait pas à mourir pour me sauver.
Et c'est ce que je fais, moi aussi. C'est ce que je m'efforce de faire, mais mon coeur et mon esprit refusent de me sacrifier. Mon instinct égoïste de survie est trop ancré en moi.

Alors, simplement, c'est demain que je découvrirais si oui ou non, Dieu a vraiment abattu sa haine sur Eren. Sur mon Eren.

Fin.



J'espère que vous n'allez pas me détester après cette fin...  J'ai vraiment de la peine à écrire une fin heureuse, et puis ce couple ne méritait pas une fin tragique non plus.
Alors je vous laisse le choix. Vous pouvez vous imaginer la fin que vous voulez.
Par contre, ne haïssez pas Levi, s'il vous plaît. Est-ce que à sa place nous aurions réellement été capables de vivre pour la vie de quelqu'un d'autre ?Et de ne jamais éprouver les mêmes doutes que lui?
Enfin bref, merci beaucoup beaucoup à ceux qui ont tout suivi jusqu'au bout, et n'hésitez pas à me donner vos avis.
Prenez soin de vous !

Aveuglément amoureux      (ereri)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant