Chapitre 11

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David courrait presque dans les rues de New-York pour arriver le plus rapidement possible au dojo. Bien qu'il sache que les kidnappeurs ne feraient rien à Shinji, car ils en avaient besoin, il redoutait les réactions de la fille de Jigoro... une telle haine séparait les deux Chinois.

Max se trouvait encore dans l'ancien bâtiment mais il savait comment retrouver le lieu d'habitat des deux ravisseurs. En renseignant Horoku, il permettrait de retrouvait son ami. En espérant que, dans leur colère, leurs ennemis ne lui aient pas fait de mal.


Ho Sang ne parvenait pas à bouger. Elle avait l'impression d'avoir les membres liés, et que ses muscles ne lui obéissaient plus. Elle attendit quelques minutes derrière la porte, sentant son cœur tambouriner beaucoup trop fort. Des perles de sueurs ornaient son front, elle tremblait alors que la chaleur de son corps l'oppressait de plus en plus, ses cheveux devenaient moites au toucher.

Elle n'entendit pas même son père l'approcher et sursauta lorsqu'il posa une main sur son épaule. Elle eut un mouvement de recul qu'elle parvint à contrôler, et entra dans la pièce. Au milieu de celle-ci se trouvait Takeshi, assis sur un fauteuil, mais dont les pieds étaient attachés. Ho Sang s'approcha de lui et resta debout, ses deux yeux plantés dans ceux de son père.

- Ils vont venir, dit-elle. Ils sont prêts à tout pour récupérer le Maître. Libère-le, tu ne connais pas leur entêtement.

Sa voix, dans laquelle se lisait une certaine panique, tremblait, ce qui surpris Jigoro. Il n'eut pas le temps de répondre, car ils entendirent, au dehors, des éclats de voix mêlés, suivis de bruits de pas dans le couloir. Ho Sang, sur le qui-vive, s'était plaquée contre le mur, face à la porte, prête à bondir à la moindre alerte. Son comportement rassura son père et le Maître, qui reconnaissaient là son caractère. Takeshi semblait calme dans son kimono jaunâtre après quinze ans d'utilisation quotidienne, qu'il avait pu épousseter. La ceinture rouge qui maintenait sa veste en place avait des bouts effilochés. Malgré ses vêtements déplorables, son visage et ses yeux pétillaient d'intelligence et de vivacité.

Horoku franchit soudain la porte et parut surpris de voir Ho Sang devant lui. Il jeta un coup d'œil à Jigoro et fit passer David à côté de lui. Ce dernier, dès qu'il aperçut la jeune fille, passa très rapidement et se plaça derrière le père de Lóng, où il serait mieux protégé contre elle. Les yeux du jeune homme croisèrent ceux de la jeune fille et il les baissa aussitôt. Il savait qu'elle était loin d'être stupide et qu'elle avait déjà compris qu'il s'était échappé et que ses frères allaient brusquer la récupération de leur Maître.

Horoku avait réuni ses élèves pour venir défendre Jigoro, et ceux-ci s'installaient dans la vaste salle. Le Maître fut mis dans un coin de la pièce ; Ho Sang attendait, le dos contre le mur et les bras croisés sur sa poitrine. Jigoro et Horoku discutaient, au seuil de la porte. Le Japonais voulait se débarrasser des deux frères. Le Chinois se tâtait... d'après le Maître, les deux jeunes hommes semblaient des personnes rejetées, comme l'avait pu être Hinano mais, d'un autre côté, ils pouvaient être gênants. Il tourna la tête vers Ho Sang et demanda à Horoku d'aller la chercher, avant de sortir de la pièce.

Jigoro entendit le cognement régulier des chaussures que portait sa fille. Elle arriva devant lui et s'arrêta. Ils s'observèrent un moment, silencieux, comme s'ils ne s'étaient pas revus depuis plusieurs années. Puis, ils s'assirent côte à côte sur les marches, devant l'entrée du bâtiment. Lóng ouvrit la bouche pour parler, mais son père lui murmura :

- Ne parle pas, ma Gamine. Dans quelques minutes, tu les rejoindras, je le sais.

- Laisse tomber cet imbécile de Shinji, père. Rends-nous le Maître et nous disparaitrons.

- Je ne veux pas que tu repartes, c'est ça que tu ne comprends pas, lui répondit-il, en glissant une main dans les cheveux de la jeune fille.

- Mais...

- Tiens, les voilà, la coupa-t-il, en regardant au loin, où se trouvaient les deux frères et Damien, qui trainaient le malheureux Shinji, qui marchait en boitant.

Lóng suivit le regard de son père, sans bouger. Elle ne voulait pas avoir à choisir entre ses frères et Jigoro. Les premiers avançaient rapidement et s'arrêtèrent à quelques mètres du bâtiment. Face à eux, en plus de Ho Sang et son père, se trouvait Horoku et ses deux élèves, qui venaient de les rejoindre.

Vulcain se détacha de son groupe et fit quelques pas vers ses ennemis, pour leur crier :

- Le Maître contre votre élève !

Jigoro se leva, les regarda d'un air dédaigneux et vociféra :

- Je n'accepte pas de recevoir des ordres. Vous devriez pourtant vous en douter, ma Gamine est pareille !

Le dialogue continua, la tension commençait à monter entre les deux groupes. Soudain, ne tenant plus, Vulcain lança un couteau, dont la lame alla se briser contre le mur du bâtiment, à quelques millimètres de Jigoro. A ce moment-là, Horoku lança un ordre d'attaque.

Un dédale semblable à toutes les batailles apparut. On y combattait avec les muscles, à coups de poings et de pieds, ou avec des bâtons de bambou. Les prises de kung-fu s'enchainaient. Lóng seule ne paraissait pas participer au combat. Elle regardait, les yeux perdus dans ce groupe de personnes rendues folles par la haine l'une de l'autre. Un sentiment de culpabilité grandissait en elle. Tout était de sa faute, elle était de trop, elle était la cause de tous ces problèmes, et seule la mort pourrait la sauver de ce destin.

Elle observait, jusqu'au moment où elle vit Rê ramener Takeshi jusqu'à son groupe. Elle ramassa le couteau à la lame cassée, et le promena avec force sur son avant-bras, remontant la plaie vers elle. Le sang s'écoulait. Elle se leva et s'éloigna du bâtiment, presqu'au milieu de la bagarre. Les deux groupes semblaient, à présent, à égalité : les deux frères avaient le Maître, Jigoro protégeait Shinji. Son père l'appela :

- Viens, ma Gamine, reste avec moi !

- Lóng, tu ne peux pas passer ta vie avec un criminel ! Reviens avec nous, comme avant !, la suppliait presque Rê.

Ho Sang tourna la tête en direction des deux groupes, avant de dire :

- Je suis de trop ici.

Son père comprit trop tard ce qu'elle voulait dire et personne n'eut le temps de réagir. Elle s'entailla une nouvelle fois les deux poignets, vit flou, et finit par s'écrouler, ayant perdu beaucoup de sang.

Takeshi tira ses élèves vers lui et ils s'enfuirent. Le Maître savait que le père de Lóng s'occuperait d'elle aussi bien qu'il aurait pu le faire. De plus, il l'emmènerait au dojo pour la soigner dans de bonnes conditions et sans éveiller la curiosité de personne. 



Note de l'auteure : Chapitre avec un peu d'avance, je n'aurai pas d'ordinateur mercredi pour le poster ^^

LóngOù les histoires vivent. Découvrez maintenant