Le lendemain, elle était venue au lycée avec, posée sur ses cheveux d'or, une autre couronne de fleurs tout juste tressée, le sourire aux lèvres, et s'est approchée de moi, tout à fait normalement, pour me dire bonjour, s'installant ensuite auprès de moi après un regard interrogatif, me demandant une autorisation que je lui donnai aussitôt d'un sourire. Le parfum des fleurs était doux, entre églantine et lys, poésie et pureté... C'était ce qu'elle était : une petite poétesse. En cours, on restait concentrés, à moins de s'ennuyer, et on commençait alors à "discuter" de n'importe quel sujet, de nos passions, de leçons, plaisantant et échangeant, en français ou en anglais à l'écrit, ou en langage des signes, peu importait. Je lui avais parlé de cinéma, elle m'avait partagé sa plume et sa musique. En réalité, elle écrivait davantage que je ne m'exprimais avec ma voix et mes textes réunis, mais ça ne me dérangeait pas : j'aimais sa plume, et son rire. J'aimais la lumière dans ses yeux, et son sourire. Plusieurs jours, ainsi, avaient passé, puis des semaines. Le midi et aux pauses, on restait ensemble, apprenant à connaître un peu mieux l'autre, et je découvrais ses qualités, derrière la petite fée glacée et silencieuse qui, chaque jour, parait sa chevelure de nouvelles couleurs, de mille et une fleurs. Petit à petit, elle m'avait aussi appris le langage des fleurs... Alors ce jour-là, en travaillant sur des projets personnalisés, quand on discutait par la plume et que j'avais réalisé que nos mains libres s'étaient nouées, face à face, quand on s'était regardés, après avoir contemplé silencieusement et en riant la photo qu'une autre camarade avait prise de cette pose, j'avais su ce que signifiait sa couronne. La princesse de fleurs, d'étoiles et de silence, mais aussi de littérature, qui était devenue une amie, portait alors orchidées blanches, fleurs de pommier et de poirier mêlées, en un message d'amour sincère et pur, d'affection, qui ne voulait dire qu'une chose. Je vis dans son regard rieur que mes déductions étaient les bonnes : elle m'avait choisi, en un amour qui n'était pas réellement romantique mais plutôt amical, et me préférait à tous les autres... Alors, j'avais serré délicatement sa main dans la mienne, on avait continué, en silence, nos projets scolaires, sans en parler. Notre relation passait par des textes, des fleurs, des gestes, parfois quelques mélodies, et des paroles de ma part, mais la plupart du temps, on se comprenait en silence.Adorable idiot !
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Une Couronne de Fleurs
Short Story« She's the flowers But she's also the rain. She's the beauty of day, But also the night full of pain. » Ils ont tous les deux seize ans. Il est un garçon, elle est une fille. Il a les cheveux bruns, elles les a blonds. Il a les yeux sombres, el...