Iris, Chrysanthème et Fraisier

42 17 9
                                    


Et nous avions continué cette amitié si particulière qui me tenait tant à cœur, fini l'année scolaire, passé les examens, eu d'autres rires, partagé d'autres jeux, d'autres séries et films, de la musique, des confidences. Elle me souriait souvent, nous faisait des couronnes de fleurs pareilles, et une nouvelle journée commençait... Ensemble. Souvent, Viv nous rejoignait, avec son violon, partageant avec elle passions et intérêts, nos autres amis, parfois, venant aussi. Quand elle tremblait, elle se réfugiait dans mes bras, se blottissait contre Viv quand elle avait froid, et quand elle avait mal, elle fermait les yeux et écoutait les mélodies qu'il jouait, les livres que je lisais. Silencieuse Lily, jouant du violon, écrivant et tressant, encore et encore, ses couronnes de fleurs. C'était son dernier été, mais elle ne se concentrait pas sur la mort qui approchait : elle vivait, et on l'accompagnait, tentant de la rendre heureuse. Les jours passaient, lumineux, colorés, jusqu'à la fin. Cette fois-là, c'était la nuit, sous les étoiles. Elle avait glissé sa petite main dans la mienne, dans sa chambre d'hôpital, après avoir fait par gestes quelques citations, et avait fixé son regard sur les étoiles avant de baisser les paupières. Tous savaient que c'était la dernière fois qu'on la voyait vivante, et elle avait pu parler à Viv avant, mais elle avait évité de lui dire une partie de la vérité, qu'il avait pourtant comprise et qu'elle ressentait. Lui signer qu'elle l'aimait aurait été trop douloureux... Alors elle avait ri, simplement, et avait glissé à son oreille la mélodie qu'elle lui avait souvent jouée, la première, celle qui avait permis à toute leur symphonie de commencer. Et elle était partie, muette. Quand on l'avait revue, à l'enterrement, tout était fini : elle portait une robe blanche, ses mèches blondes bien peignées, ses yeux bleus qui étincelaient toujours avec joie en se posant sur nous étaient clos, et sur sa tête, une couronne d'iris, de chrysanthèmes blancs, de fleurs de fraisier et de lys me donnait une dernière signification, soigneusement écrite sur un papier qu'elle m'avait glissé le jour de notre dernière conversation, de son écriture déliée, familière, au cas où j'oublierais. Je pouvais encore entendre le violon, en lisant les mots, voir son affection amusée et souriante dans le surnom.

Une Couronne de FleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant