Perce-Neige, Myosotis, Rose de Noël et Camélia

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Tu es sûr que ça va ?

Parfois, elle comprenait, discernant à merveille mes états d'âme, et s'asseyait simplement contre moi, me prenant la main en silence ou en écoutant sa musique tout en continuant de former un nouveau diadème fleuri qu'elle posait sur sa tête ou sur la mienne, avec tant de naturel, démêlant un peu ma tignasse chocolat au passage ou me serrant doucement contre elle. Elle était délicate, et compréhensive, mais malgré cet immense dévouement, cette gentillesse, elle doutait d'elle-même. Pourtant, elle était le genre de fille qui aurait donné n'importe quoi pour arranger les choses pour ceux qu'elle aimait, et j'avais la chance d'en faire partie, le lui rendant bien. Je l'aimais de plus en plus, au fil des "discussions", des mélodies, des confidences et des couronnes de fleurs, même si jamais je n'étais tombé amoureux d'elle : elle était ma petite sœur, simplement, même si je ne savais pas l'exprimer. Je ne pouvais pas, comme elle, l'appeler ainsi, ou me montrer démonstratif, mais elle semblait comprendre et quand elle n'allait pas bien, je l'attirais dans mes bras pour essuyer ses larmes, et elle resserrait encore cette étreinte, reconnaissante. Si elle savait, si elle savait, qu'elle n'était pas celle qui avait à remercier, et qu'elle n'avait pas à se poser de questions pour « être à la hauteur ». Elle était bien plus que ça. Peu à peu, ma meilleure amie, ma confidente, Lily avait appris ma vie, mes secrets, et chaque fois, elle prenait sa plume, son violon ou cueillait quelques essences florales pour les fixer, muette mais éloquente, partageant avec une justesse sans pareille mes pensées et mes sentiments. Elle était comme ça, simplement : quand je lui avais raconté ma dépression, confié mes essais de me couper, ma tentative non achevée à cause de ce qui, à mes yeux, s'exprimait comme de la lâcheté, mes pensées d'en finir, elle avait uni les trois, et très sérieuse, m'avait fait lire en musique un de ces textes dont elle seule possédait les clés, comme une flèche, avec pour cible mon cœur. Et croyez-moi, elle était très bonne archère. Ce jour-là, elle portait un diadème de roses blanches, roses, de perce-neiges et de roses de Noël, par un miracle de petite fée des étoiles et de la nature, message d'espoir, d'angoisse et d'amour sincère... Mais la couronne la plus émotionnellement difficile avait été tressée après que je lui aie confié avoir perdu quelqu'un. Elle n'avait rien écrit au début, en entendant l'histoire, mais avait serré mes doigts entre les siens, me permettant de m'accrocher à elle, pour m'offrir, quelques temps après, une tiare de camélia blanc et de myosotis, détournant la tête avec timidité face à ce qu'elle savait être un geste audacieux, puisque cette confidence, plus que les autres, était personnelle. Pourtant, devant cet hommage, entre perfection et souvenirs, je n'avais pu qu'accepter, le cœur serré d'émotion et de gratitude, ce qu'elle me tendait, comme un dernier cadeau pour celle dont elle disait qu'elle aurait aimé lui parler. C'était la plus belle chose qu'elle aurait pu faire, accompagnée de lignes d'encre qui, comme des larmes, fixaient pourtant, plus que tout, le sourire de celle que Lily avait surnommé « son Inconnue ».

Tu ne l'oublieras pas, et moi non plus... Ne t'inquiètes pas pour ça.

Une Couronne de FleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant