La couronne suivante et particulière se rattache à un souvenir un peu particulier... On était déjà proches, à ce moment, au bout de trois mois d'amitié, et plutôt tactiles, puisqu'à présent, se tenir la main était une habitude et qu'elle me demandait, de temps en temps, des câlins : elle était bien la seule à pouvoir le faire, et sans le savoir, avait une telle innocence, me faisant m'ouvrir à elle, si naturelle ! Elle m'avait fait lui parler, devenir tactile, moins secret, et un peu moins fragile, me changeant subtilement, seulement par son attitude entre adulte et enfant. Ce jour-là, j'avais choisi de lui présenter mes amis, ceux qui avaient toujours été là, pour, peut-être, l'intégrer au groupe, d'une certaine manière ? Elle n'avait rien dit, ma Lily, mais je savais bien qu'au début, elle ne voulait pas de cette rencontre, pas d'autres attaches. Elle avait peur, aussi, peur d'être rejetée parce qu'elle était muette. Ca faisait partie de son personnage. Pourtant, avec curiosité et aussi parce qu'elle ne voulait pas refuser pour ne pas me blesser, comprenant, sans doute, que j'aurais aimé passer du temps avec eux et avec elle en même temps, elle avait entrelacé nos doigts, souri, et approuvé d'un petit signe de tête qui avait fait danser les pétales des fleurs dans ses mèches. Cerisier et glycine... La bonne éducation qui lui interdisait de se montrer désobligeante, et la manière dont elle s'accrochait à moi. Elle avait peur, je le sentais, mais elle n'avait rien dit. Elle avait avancé, elle avait observé, souri, salué à sa manière, et finalement, mon meilleur ami, Viv, lui avait permis d'être elle-même : il avait parlé de musique, sachant qu'elle écoutait à défaut de parler, et aussitôt, les yeux de Lily s'étaient mis à briller, tous deux discutant une bonne heure de violon et d'orchestre, elle par des textes, lui à l'oral, en ce qui n'était que la première fois d'une année, et qui entrainerait plus tard, ce que je ne savais pas, une immense amitié. De jour en jour, les couronnes de fleurs s'étaient faites colorées, différentes, toujours tressées à la perfection, et portant toujours des significations heureuses... J'aimais la voir ainsi, avec sur ses mèches d'or un arc-en-ciel de teintes pastels ! Avec elle, j'apprenais aussi à reconnaître des fleurs que je ne connaissais pas, et elle m'entraînait dans des courses folles, le soir, après les cours, pour m'expliquer ce que chacune voulait dire. L'acacia pour l'amour platonique et l'élégance, la campanule pour la gratitude... Je faisais de mon mieux pour apprendre, chaque fois, et quand je devais bien avouer ne pas deviner la signification, elle haussait simplement les épaules, et riait, avant d'expliquer à nouveau, par signes, comme pour me dire : ce n'est pas grave, on a tout le temps. Et ce, quoiqu'il arrive. Elle écoutait.
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Une Couronne de Fleurs
Nouvelles« She's the flowers But she's also the rain. She's the beauty of day, But also the night full of pain. » Ils ont tous les deux seize ans. Il est un garçon, elle est une fille. Il a les cheveux bruns, elles les a blonds. Il a les yeux sombres, el...