Deuxième Mois

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"On naît seul, on vit seul, on meurt seul. C'est seulement à travers l'amour et l'amitié que l'on peut créer l'illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls"

Orson Welles.

Ce mois-ci allait être la preuve à quel point j'étais seule. Car même si les gens vous disent que vous n'êtes jamais seul et qu'ils sont là pour vous, vous finissez par vous rendre compte qu'il n'y personne pour comprendre votre douleur. La douleur nous rend seul parce que même partagée, elle ne s'en va pas.

Je prenais un peu de retard sur mes règles, chose qui ne m'inquiétait pas plus que ça étant donné que j'avais l'habitude que mes ovaires me la fasse toujours à l'envers. Je souffrais de plus en plus d'insomnies mais cela ne m'inquiétait pas non plus puisque mon rythme de travail s'intensifiait. De même que certaines courbatures que j'avais me semblaient normales en vu du sport de combat qui incluait pompes, abdos et tout autres exercices physiques pouvant être difficiles.
Ce qui m'inquiétait en revanche, c'était ces vomissements à n'en plus finir.
En fin de journée, j'étais beaucoup plus fatiguée. Et cette fatigue ne faisait que s'accentuer au fil des jours. De ce fait, mon moment dans le bus m'était encore plus précieux et le soir, j'étais facilement irritable.

Aujourd'hui était loin d'être une journée comme les autres. En effet, après un peu plus d'un mois, Adam avait décidé de venir me parler. Chose qui m'avait autant surprise que ravie.

-Salut Anna.
-Salut Adam, répondis-je simplement.
-On pourrait se parler cinq minutes ?

Il jeta un coup d'oeil à mes amies pour me faire comprendre que c'était ''seul à seul''.

-Tu as aimé ? me demanda t-il directement.

J'étouffais un rire de stupeur face à sa franchise.

-J'ai adoré.
-Alors pourquoi es-tu partie si vite ?
-Pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt ? répondis-je avec malice.

Il sourit et mit sa main contre ma joue.

-Anna Earl, tu es incro...

Je sentis une montée de vomit arriver, me précipitai aux toilettes et arrivai juste à temps pour vomir dans le lavabo.

-Ça va ? s'affola Adam en déboulant après moi.
-Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, ça n'arrête pas, répondis-je la tête à moitié dans le lavabo.

Alors que je me rinçais la bouche, il semblait réfléchir. Une ombre traversa son visage puis il s'appuya contre le mur des toilettes.

-Ça va ? demandai-je à mon tour, tu es tout pâle.
-Il faut que je te dise... commença t-il. Non, se résigna t-il finalement.

Alors que je le regardais quitter les toilettes sans raison apparente, une nouvelle nausée arriva et me força à rester dans ce lieu.
Au bout d'une dizaine de minutes, je sortais des toilettes et apercevais Adam assis sur les marches, il semblait attendre quelque chose.

-Tu n'es pas en cours ? m'étonnai-je.
-Anna, eut-il dit sur un ton sérieux qui m'avait glacé le sang, ce soir là, je n'ai pas mis de préservatif.
-Qu...Quoi ? manquai-je de m'étouffer. Mais je t'ai vu le mettre ! Je... je...

Ma phrase s'était terminée là lorsque je m'étais rendue compte qu'il était dos à moi pour soidisant mettre le préservatif. J'avais lâché mon sac qui tombait en faisant un bruit sourd. Je m'agrippais à la rembarde et le regardais, médusée.

Adam, tu venais de commettre ta première faute.

-Tu ne jugeais pas utile de me dire ça plus tôt ? m'irritai-je.
-Je ne pensais pas que...
-Justement ! C'est ça le problème, tu NE PENSAIS PAS ! m'énervai-je.
-Tu vas où ? me demanda t-il.
-Acheter un test de grossesse, après tout je n'ai peut-être qu'une gastro, espérai-je.
-Je viens avec toi.

Ma petite Bombe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant